au shack

vertige, il s’agrippa comme il put à la réalité.
C’était ahurissant : rien ne ressemblait plus à rien. Le shack
décrépi avait fait place à une jolie et solide maisonnette en bois
rond. Elle était à mi-chemin entre le lac et lui, si bien qu’il voyait
l’eau par-dessus sa toiture. Des billes pleine longueur, écorcées à
la main et entaillées avec soin pour un agencement parfait,
avaient servi à la construire.
Au lieu des broussailles, des bruyères et des ronces sombres
et inhospitalières, Mack avait sous les yeux un paysage de carte
postale. Une petite fumée montait paresseusement de la
cheminée dans le ciel de fin d’après-midi – signe que la
maisonnette était habitée. Une allée étroite qui menait jusqu’à la
galerie et contournait celle-ci était bordée d’une clôture blanche
en lattis. Il entendit des rires qui peut-être venaient de
l’intérieur ; il n’en était pas certain.
C’était ça, une dépression psychotique ?
— Je perds la boule, murmura-t-il. C’est impossible. Rien de
cela n’est vrai.
Un tel endroit n’était possible qu’en rêve, ce qui le rendait
encore plus suspect. Tout ce que Mack voyait était magnifique. Il
s’enivrait de parfums, et ses pieds, qui le portaient semble-t-il
d’eux-mêmes, le ramenèrent jusqu’à la galerie. Il y avait des
fleurs partout et leur parfum, mélangé à celui, piquant, des
herbes réveilla en Mack des souvenirs depuis longtemps
assoupis. Paraîtrait-il que l’odorat nous relie mieux que toute
autre chose au passé et que l’ouïe facilite les retours en arrière.
Des souvenirs lointains de son enfance, enfouis depuis
longtemps dans son cerveau, refirent surface.
Sur la galerie, il s’arrêta à nouveau. Il entendit distinctement
des voix à l’intérieur. Il eut soudain envie de fuir comme un petit
garçon qui a lancé sa balle dans le jardin du voisin, mais il
résista. « Si Dieu est là, ça me donnerait quoi de fuir ? »
songea-t-il. Il ferma les yeux et secoua la tête pour chasser cette
hallucination et réintégrer la réalité. Mais quand il les rouvrit,
rien n’avait changé. Il toucha doucement la rampe de l’escalier.
Elle lui parut vraie.
Voilà qu’il affrontait un nouveau dilemme. Que faire
maintenant, devant la porte de cette maisonnette, de ce shack où
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