au shack

Sarayu répliqua du tac au tac : « Il ne faut pas confondre
adaptation et intention, séduction et réalité. »
— Ainsi donc… – dites, vous voulez bien me passer un peu de
ces légumes verts ? – Ainsi donc, nous aurions été leurrés,
entraînés à nous soucier de l’autorité ?
— D’une certaine façon, oui, répondit Papa. Et ne lui
abandonnant pas sans résistance le plat de légumes, elle ajouta :
« Je veille sur toi, mon fils.
— Quand les humains ont opté pour leur autonomie au
détriment de l’état relationnel, poursuivit Sarayu, ils sont
devenus dangereux les uns pour les autres. Ils ont vu leur
prochain comme un objet à manipuler ou à gérer pour leur
satisfaction personnelle. Telle que vous l’envisagez
habituellement, l’autorité n’est que le prétexte dont se servent
les forts pour obliger les autres à se conformer à leurs exigences.
— Est-ce qu’elle ne sert pas aussi à empêcher les gens de se
battre et de s’entre-tuer ?
— Parfois. Mais dans un monde égoïste, elle sert aussi à faire
beaucoup de tort.
— Mais est-ce que vous ne vous en servez pas pour mettre un
frein à ce mal ?
— Nous respectons beaucoup vos choix, dit Papa, si bien que
nous intervenons dans le cadre de vos systèmes alors même que
nous nous efforçons de vous en affranchir. L’humanité s’est
engagée dans une voie bien différente de celle que nous aurions
souhaitée pour elle. Dans notre univers, nous mesurons
constamment la valeur de l’individu à la survie du système, que
celui-ci soit politique, économique, social ou religieux. En fait,
n’importe quel système. Une personne, puis quelques-unes et
enfin un grand nombre sont sacrifiées pour le bien de ce système
et sa perpétuation. Ce phénomène se retrouve d’une façon ou
d’une autre dans toute lutte de pouvoir, tout préjugé, toute
guerre et même toute forme de violence relationnelle. La
« volonté de puissance et d’indépendance » est aujourd’hui si
omniprésente qu’elle en est jugée normale.
— Ne l’est-elle pas ?
— Elle est le paradigme de l’espèce humaine. Elle est aussi
prévalente que l’eau pour le poisson : on en vient à l’oublier et à
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