au shack

— Eh bien, chacun de mes enfants est unique, dit Mack en
s’adossant au fauteuil. Et cette unicité, cette personnalité
particulière suscite en moi une réaction tout aussi unique. Je me
souviens qu’après la naissance de Jon, mon premier, j’étais si
émerveillé par la vie qui animait cette petite personne que je me
suis demandé si j’aurais en moi assez d’amour pour aimer un
autre enfant. Puis Tyler est arrivé, et ce fut comme si ce
nouveau-né m’avait offert un présent très spécial : l’aptitude à
l’aimer, lui. À vrai dire, c’est un peu comme lorsque Papa dit
qu’elle est particulièrement attachée à quelqu’un. Quand je
songe à chacun de mes enfants individuellement, je sais que je
suis particulièrement attaché à chacun d’eux.
— Bien dit, Mackenzie !
Elle était manifestement d’accord, mais elle s’inclina un peu
vers lui. D’une voix toujours douce mais grave, elle ajouta :
— Mais que se passe-t-il lorsqu’ils ont des écarts de conduite,
lorsque leurs décisions te contrarient, lorsqu’ils sont impolis ou
lorsqu’ils se révoltent ? Comment réagis-tu s’ils te font honte en
public ? Est-ce que cela affecte ton amour pour eux ?
Mack répondit lentement et de façon très réfléchie.
— Non… pas vraiment.
Il savait que c’était la vérité, même si Kate n’était pas
forcément du même avis.
— J’avoue que cela m’affecte parfois, enchaîna-t-il, et qu’il
m’arrive d’avoir honte ou de me fâcher, mais même quand un
enfant a une mauvaise conduite, il est encore mon fils ou ma
fille, il est encore Josh ou Kate, et il le restera toujours. Son
comportement affecte sans doute mon orgueil, mais pas mon
amour pour lui.
Rayonnante, elle s’appuya au dossier du fauteuil.
— Tu possèdes la sagesse de l’amour vrai, Mackenzie. Tant de
gens croient que l’amour grandit, mais c’est la connaissance qui
grandit tandis que l’amour se dilate pour la contenir. L’amour
n’est que l’épiderme de la connaissance. Tu aimes tes enfants,
que tu connais fort bien, d’un amour vrai et merveilleux.
Peu habitué aux compliments, Mack baissa les yeux.
— Bien… merci… mais je ne suis pas comme ça avec tout le
monde. Mon amour est le plus souvent conditionnel.
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