au shack

dévale un rocher.
— Tu te tromperas, évidemment ; tout le monde se trompe.
Mais à mesure que se renforcera notre relation, tu reconnaîtras
ma voix plus facilement.
— Je ne tiens pas à me tromper, marmonna Mack.
— Oh, Mackenzie… se tromper fait partie de la vie, et Papa
accomplit aussi ses desseins dans les erreurs des hommes.
Elle s’amusait manifestement ; Mack ne put s’empêcher de
lui rendre son sourire. Il comprenait ce qu’elle voulait dire.
— C’est si différent de ce que j’ai toujours connu, Sarayu. Ne
te méprends pas – j’aime ce que tu m’as donné ce week-end.
Mais j’ignore comment je vais pouvoir réintégrer mon existence
de tous les jours. C’était plus facile de vivre avec Dieu quand je
l’imaginais en maître intraitable, et même plus facile de
composer avec la solitude du Grand Chagrin.
— Tu crois ça ? Vraiment ?
— En tout cas, j’avais l’impression de dominer la situation.
— Tu en avais l’impression… Et ça t’a donné quoi ? Le Grand
Chagrin et une souffrance insupportable, une souffrance qui
s’est même transmise à tes êtres les plus chers.
— Papa dit que c’est parce que j’ai peur de mes émotions,
révéla Mack.
Sarayu éclata de rire.
— J’ai trouvé votre petit échange absolument hilarant.
— Mais c’est vrai que j’ai peur de mes émotions, avoua Mack,
un peu déçu qu’elle ne semble pas prendre la chose au sérieux.
Je n’aime pas ce qu’elles me font ressentir. J’ai blessé des gens à
cause d’elles, et je ne peux pas leur faire confiance. As-tu créé
toutes les émotions ou seulement les émotions positives ?
— Mackenzie…
Sarayu parut léviter. Il avait toujours un peu de mal à la
regarder en face, mais dans le soleil du tard après-midi que le lac
reflétait, c’était encore plus compliqué.
— Les émotions sont les couleurs de l’âme ; elles sont
spectaculaires, incroyables. Quand tu ne ressens rien, le monde
est triste et gris. Songe un peu à quel point le Grand Chagrin a
réduit les couleurs de ta vie à des gris et des noirs monotones.
— Alors, aide-moi à les comprendre, supplia Mack.
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