au shack

Dans le silence qui suivit, Mack réfléchit.
— Alors, ça nous mène où, tout ça ? demanda-t-il, comme s’il
parlait au nom de l’humanité tout entière.
— Exactement là où tu es censé être depuis toujours. Au cœur
même de notre amour et de notre dessein.
Encore une fois, silence. Puis :
— Je suppose que ça peut aller.
Jésus s’amusait ferme.
— Ravi de l’entendre.
Tous les deux rirent un bon coup, après quoi ils se turent
quelques minutes. Le calme était redescendu sur eux comme
une couverture et Mack n’entendit plus que le clapotis de l’eau
contre les piliers du quai. Ce fut lui qui parla le premier.
— Jésus ?
— Oui, Mackenzie.
— Il y a une chose qui m’étonne à ton sujet.
— Ah oui ? Quoi donc ?
— Eh bien, je m’attendais à ce que tu sois plus - (pèse tes
mots, Mack) - plus… remarquable… sur le plan humain.
Jésus gloussa.
— Remarquable ? Tu veux dire « beau » ?
Cette fois, il rit pour vrai.
— Bon, bien, j’essayais d’éviter de le dire comme ça, mais oui.
Je t’imaginais en homme idéal, tu sais ? Athlétique et
extraordinairement beau.
— C’est mon nez, n’est-ce pas ? Je sais que c’est mon nez.
Mack ne sut que répondre.
Jésus rit.
— Je suis juif, tu sais. Mon grand-père maternel avait un gros
nez ; en fait, la plupart des hommes du côté de ma mère avaient
un gros nez.
— Je m’attendais seulement à ce que tu sois plus beau.
— En vertu de quels critères ? De toute façon, quand tu me
connaîtras mieux, ça ne t’importera plus du tout.
Cette remarque, quoique dite avec amabilité, piqua Mack au
vif. Étendu sur le quai, il se rendit compte qu’il ne connaissait
sans doute pas Jésus aussi bien qu’il l’avait cru. Jésus était pour
lui une icône, un idéal, une image devant l’aider à développer sa
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