au shack

— Il n’y a pas de quoi, mon chéri. Ça m’a rendue très
heureuse aussi ! J’avais tellement hâte de vous réunir tous les
deux ! Je ne tenais plus en place !
— J’aurais tant aimé que Nan soit là.
— Ç’aurait été parfait ! approuva Papa avec enthousiasme.
Mack se tut, ne sachant ce qu’elle voulait dire ni comment il
devait réagir.
— Elle est vraiment spéciale, ta Missy, n’est-ce pas ? dit Papa
en hochant la tête à répétition. Ah oui ah oui ah oui… Je lui suis
tout particulièrement attachée.
— Moi aussi !
Mack rayonna à la seule pensée de sa princesse derrière le
rideau de la chute… Princesse ? Chute ? Hé, attendez une
minute ! Les pièces du casse-tête tombaient en place. Papa
observait Mack.
— Je sais que tu sais que ma fille avait une passion pour les
chutes, et surtout pour la légende de la princesse multnomah…
Papa acquiesça.
— C’est donc de cela qu’il s’agit ? Est-ce que Missy a dû
mourir pour que tu puisses me sauver, moi ?
— Oooohhh, Mack, arrête, dit Papa en se penchant vers lui.
Je ne fais pas ce genre de choses.
— Mais elle adorait cette histoire !
— Bien sûr ! C’est grâce à cette histoire qu’elle a compris ce
que Jésus faisait pour les Multnomah et pour l’humanité tout
entière. Les légendes où une personne accepte de sacrifier sa vie
pour les autres sont les fils d’or qui illuminent la trame de votre
monde. Elles révèlent à la fois votre besoin et mon amour.
— Mais si elle n’était pas morte, je ne serais pas ici…
— Mack, le fait que je tire un bien incroyable d’insoutenables
tragédies ne signifie pas que j’orchestre ces drames. Ne va pas
croire que, si je me sers d’une tragédie, cela signifie que je l’ai
provoquée ou qu’elle est indispensable à mes desseins, car tu te
tromperais beaucoup sur mon compte. La grâce ne dépend pas
de la souffrance pour exister, mais là où il y a de la souffrance, tu
trouveras plusieurs facettes et plusieurs nuances de la grâce.
— En fait, tu me rassures. Je ne supporterais pas de penser
que ma souffrance ait pu raccourcir sa vie.
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