au shack

des gourdes d’eau fraîche que papa avait apportées.
Peu après, le sentier devint plus traître et ils durent ralentir
beaucoup le pas. Quand ils franchirent la ligne des arbres, Mack
calcula qu’ils marchaient depuis environ deux heures. Il voyait
au loin le sentier se dessiner sur le flanc de la montagne, mais
pour y parvenir il leur faudrait d’abord franchir une vaste plaine
de pierres et de rochers.
Papa s’arrêta à nouveau, posa son sac et en sortit de l’eau.
— Nous y sommes presque, mon enfant, fit-il en offrant la
gourde à Mack.
— Ah oui ?
Mack regarda à nouveau le champ pierreux, solitaire et
désert, qui s’étendait à perte de vue.
— Oui !
La réponse laconique de Papa ôta à Mack toute envie de lui
demander vers quel but ils se dirigeaient.
Papa s’assit sur un petit rocher à côté de la piste et déposa par
terre son sac et sa pelle. Il paraissait troublé.
— J’ai quelque chose à te montrer, quelque chose qui te fera
beaucoup de peine.
L’estomac de Mack se serra. Il laissa tomber sa pioche, s’assit
et posa le cadeau de Sarayu sur ses genoux. Les parfums qui
émanaient du sac, rendus encore plus capiteux par le soleil du
matin, comblèrent tous ses sens de beauté et le pacifièrent
quelque peu.
— Bon. De quoi s’agit-il ?
— Pour t’aider à voir, je désire te délester d’un autre poids qui
obscurcit ton cœur.
Mack sut immédiatement où Papa voulait en venir. Il regarda
par terre entre ses pieds. La voix de Papa était douce et
rassurante.
— Mon fils, il n’est pas question de t’humilier. L’humiliation,
la culpabilité, les accusations, c’est pas mon truc. Il n’en sort pas
un atome de plénitude ou de droiture morale, et c’est pourquoi
elles sont les clous qui ont été plantés dans le corps de Jésus sur
la croix.
Il attendit que Mack assimile cette pensée et domine un peu
son sentiment de honte avant de poursuivre.
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