au shack

temps, il se mit à fredonner l’absurde petit air qu’il réservait à
Kate : « K-K-K-Katie… ma petite Katie… toi ma poupée
adorée… » Il hocha la tête en songeant à sa fille, si courageuse et
à la fois si fragile. Il se demanda s’il parviendrait jamais à
l’atteindre. La facilité avec laquelle ses yeux se remplissaient de
larmes ne l’étonnait plus.
À un moment donné, il tourna la tête pour observer les
tourbillons et les remous que creusaient la pelle de l’aviron et la
poupe du canot, et quand il regarda à nouveau devant lui, il
sursauta. Sarayu était à la proue, les yeux sur lui.
— Bon sang ! Tu m’as fait peur !
— Excuse-moi. Mais le souper est presque prêt ; je suis venue
te demander de revenir au shack.
— Étais-tu avec moi tout ce temps ? demanda Mack, qu’une
soudaine montée d’adrénaline exaltait.
— Bien sûr. Je suis toujours avec toi.
— Dans ce cas, pourquoi ne l’ai-je pas senti ? Ces derniers
temps, je m’en rends compte quand tu es dans les parages.
— Que tu l’aies senti ou non n’a rien à voir avec le fait que je
suis ou ne suis pas là. Je suis toujours près de toi ; seulement, il y
a des moments où je veux que tu en aies conscience d’une façon
toute spéciale, plus délibérée.
Mack acquiesça et fit pivoter le canot vers le rivage et le
shack. Il sentit alors la présence de Sarayu très distinctement
par un picotement de sa colonne vertébrale. Ils sourirent de
concert.
— Est-ce que je pourrai toujours te voir ou t’entendre comme
maintenant, même quand je serai rentré chez moi ?
— Mackenzie, dit Sarayu en souriant, tu pourras toujours me
parler et je serai toujours près de toi, que tu ressentes ou non ma
présence.
— Je le sais maintenant, mais comment vais-je pouvoir
t’entendre ?
— Tu apprendras à accueillir mes pensées dans les tiennes,
Mackenzie, fit-elle, rassurante.
— Est-ce que ce sera clair ? Qu’arrivera-t-il si je confonds ta
voix avec celle de quelqu’un d’autre ? Si je me trompe ?
Sarayu rit, et son rire ressemblait à la musique de l’eau qui
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