Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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42. L’image sociale de la profession<br />
Journée d’action des infirmières libérales (L’Humanité du 20 novembre 1998)<br />
« <strong>Le</strong>s infirmières libérales se sentent méprisées. Elles perçoivent des revenus faibles, pour une<br />
activité quotidienne lourde. Une de leurs organisations syndicales, la Fédération nationale<br />
des infirmières, appelait hier à une journée d’action ».<br />
La question de la reconnaissance sociale des infirmières est fréquente et récurrente<br />
tout au long de l’histoire de la profession. De nombreux discours et écrits, qu’ils proviennent<br />
de l’intérieur même de la profession ou de l’extérieur (sociologues, historiens…), témoignent<br />
de cette « crise de la profession », de ce « malaise infirmier ». Ces réflexions laissent à penser<br />
qu’une telle approche est consensuelle. Or, sur ce point, Walter Hesbeen souligne que ces<br />
expressions « témoignent d’une forme de confusion entre un corps professionnel et les<br />
individus qui le composent. Elles relèvent d’une généralisation qui occulte tant et tant de<br />
particularités » 199 . Dans la continuité de ces propos, nous chercherons à rendre compte ici des<br />
différentes images sociales de l’infirmière libérale. Ces représentations sociales sont en effet<br />
loin d’être homogènes et au final l’image de l’infirmière libérale demeure très composite.<br />
Nous nous attacherons à restituer les manières dont les infirmières libérales pensent être<br />
perçues par l’opinion publique, par leurs patients et leurs familles ainsi que par les autres<br />
membres de la profession (cet aspect de l’analyse renvoyant alors à la notion d’identité<br />
attribuée). En outre, nous insisterons sur le rapport qu’elles entretiennent à ces conceptions.<br />
Certaines de ces images sont acceptées et assimilées en tant que telles, tandis que d’autres<br />
sont massivement rejetées et que d’autres encore font l’objet de remaniement. Un tel<br />
processus participe plus largement à la construction de l’identité professionnelle des<br />
infirmières et plus précisément à la construction de l’image que celles-ci souhaitent mettre en<br />
avant (identité pour autrui). Nous nous risquerons, au fil des pages qui suivent, à présenter<br />
une typologie – non exhaustive – qui recense quatre grandes figures de l’infirmière libérale.<br />
421. L’infirmière libérale entre nonne et bonne à tout faire<br />
La première image évoquée par les professionnelles renvoie à la représentation<br />
historique de l’infirmière, qu’elle soit libérale ou salariée : celle de la bonne sœur. Il faut<br />
rappeler que nombre d’enquêtées, parmi les plus anciennes, ont pu côtoyer des religieuses au<br />
cours de leur formation ou lors de leurs premières expériences professionnelles. Quelquesunes<br />
ont même pris la suite de religieuses au moment de leur installation. Certains patients<br />
continueraient à véhiculer une telle image :<br />
Chercheur : « Vos patients habitués, comment ils vous perçoivent ? ».<br />
Fabrice : « Comme des sauveurs ! ! Non j’exagère ! ! Mais comme un lien, c’est vraiment ce<br />
lien. (…) Oui, comme un lien comme des gens bons, on est foncièrement bons… ce qui est faux<br />
on est comme tout le monde ! ».<br />
Fabrice<br />
Cette première conception est massivement rejetée par les enquêtées : « On n’est pas<br />
des nonnes ». <strong>Le</strong>s valeurs associées à cette conception sont également écartées : « charité »,<br />
« sacrifice », « bénévolat », « sacerdoce », « vocation »…<br />
199 Walter Hesbeen, « Identité professionnelle et pratique soignante », Soins, n°645, 2000, p. 74.<br />
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