Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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Malika : « J’ai mon compagnon, on en parle parce que lui dans sa clientèle il a à faire, il<br />
travaille dans un salon de coiffure, donc il a à faire avec une clientèle, c’est pareil, les gens<br />
vont se confier également à lui, donc je lui en parle, mais c’est tout parce que après c’est<br />
intérieur, alors il faut que ça se passe ».<br />
Nous y reviendrons dans un point spécifique, la formation continue dans le domaine<br />
des soins palliatifs est aussi une ressource essentielle, tout comme la participation aux réseaux<br />
locaux de soins palliatifs (que certaines infirmières ont pu contribuer à mettre en œuvre<br />
d’ailleurs). Par exemple, Ankita explique en quoi la formation diplômante en soins palliatifs<br />
lui permet désormais de préparer sereinement la personne et son entourage à la perspective de<br />
la mort :<br />
« Oui et anticiper les situations, justement quand on faisait la formation on avait ce patient en<br />
soins palliatifs et donc j’ai pu anticiper beaucoup de choses pour pouvoir justement parler à<br />
son fils et prévoir les choses que lui ne voulait pas entendre et ne voulait ni faire ni voir, et on<br />
a tout fait juste à temps et il a pu dire au revoir à son père et son père est mort juste après.<br />
Alors que je pense que si je n’avais pas eu la formation j’aurais peut-être moins vu, ou moins<br />
senti les choses et chacun serait resté de son coté et on l’aurait appelé pour lui dire que son<br />
père était décédé, donc là on a pu amener les choses, préparer, réclamer des passages, parce<br />
que sa femme était décédée trois mois auparavant, brutalement, alors que le fils pensait que<br />
sa mère durerait éternellement, en fait c’est elle qui est partie en premier, et son père qui était<br />
alité depuis, il s’éteignait doucement, on a pu mettre en place beaucoup de choses pour son<br />
père et je pense que oui sans la formation je n’aurais pas fait autant ».<br />
Ankita<br />
On peut penser que le refus de certaines demandes de soins pour des malades en fin de<br />
vie ou pouvant l’être à un moment donné de leur trajectoire de maladie (cf. plus haut)<br />
constitue aussi un moyen de défense efficace. Il s’agit alors de fuir les situations sources<br />
potentielles de souffrance. Par contre, la présence et la disponibilité de l’entourage du<br />
mourant peuvent favoriser l’acceptation de ces demandes dans la mesure où ces éléments<br />
participent à la constitution d’un cadre de travail sécurisant pour les soignants. <strong>Le</strong><br />
renouvellement de la clientèle, voire le turn-over des patients constituent probablement<br />
d’autres modes de protection :<br />
« C’est comme ça, il y a d’autres patients qui prennent la suite ».<br />
38<br />
Ankita<br />
Là encore, les manières de faire des unes et des autres sont plurielles et difficiles à<br />
recenser dans leur intégralité (citons au passage les pratiques religieuses, les prières, etc.).<br />
Pour clore ce chapitre consacré à l’activité de soins des infirmières libérales, il nous<br />
faut évoquer un soin pas tout à fait comme les autres : la toilette mortuaire. L’anthropologue<br />
Louis-Vincent Thomas 48 expliquait que la toilette mortuaire traditionnelle a pour double<br />
objectif de conférer au défunt les apparences de la dignité et de le purifier pour le préparer à<br />
sa renaissance.<br />
Il importe de distinguer ici trois cas de figure autour de cette pratique. Une première<br />
catégorie d’infirmières refusent d’assurer les toilettes mortuaires, estimant que cette tâche ne<br />
48 Louis-Vincent Thomas, Rites de mort pour la paix des vivants, Paris, Fayard, 1985.