Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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« Ben “démerdez-vous”, je ne me bousillerai pas le dos, je veux un lit médicalisé sinon, je ne<br />
m’en occupe pas ».<br />
Josiane<br />
L’épuisement professionnel peut également être prévenu par une mise à distance et un<br />
désengagement partiel de l’activité : arrêt du travail en solo, réduction du volume horaire<br />
(éventuellement associé à de nouvelles activités développées en dehors du cabinet : par<br />
exemple « faire un peu de formation »), changement de statut (devenir collaboratrice pour<br />
échapper aux contraintes du statut d’associé), etc. Ces stratégies défensives visent à se mettre<br />
à l'abri de l'impact physique émotionnel de l’activité. Léa a travaillé seule durant quinze<br />
années et regrette de ne pas s’être associée plus tôt. Aujourd’hui avec un certain recul, elle<br />
déconseillerait aux jeunes infirmières de s’installer seules. Dans ces conditions de travail<br />
favorables, elle envisage avec sérénité sa fin de sa carrière :<br />
« J’ai toujours dit, dès que j’ai suffisamment de travail, je prends quelqu’un (…). Au bout de<br />
quinze ans, la ferme marchait bien (de son époux), mais j’avais quand même un bon petit<br />
chiffre, et puis j’ai dis à mon mari : “bon moi j’ai envie de travailler à mi-temps, je vais<br />
prendre une autre.” (…) Vu comment on travaille maintenant, qu’on peut prendre du repos,<br />
oui je me sens en forme pour continuer ».<br />
Enfin, il est intéressant de signaler une dernière stratégie individuelle d’ordre cognitif.<br />
C’est celle qui consiste à se détourner de la source du stress par la distraction mentale. La<br />
contrainte associée aux déplacements en voiture peut être retournée pour être transformée en<br />
moyen de répit :<br />
« On se ressource, on sort, on est chez les gens, on peut prendre l’air entre deux, et ici on a la<br />
mer et ce côté-là ça me ressource et à l’hôpital, on est quand même enfermé on est au travail<br />
du début jusqu’à la fin. Là on peut être chez quelqu’un qui est lourd et on va chez quelqu’un<br />
d’autre, c’est moins lourd on souffle ».<br />
Françoise<br />
Cependant, les adaptations s’avèrent quelquefois impossibles à mettre en œuvre<br />
(surtout lorsqu’on travaille en solitaire) ou inefficaces. <strong>Le</strong> retrait de la profession, le retour à<br />
l’hôpital (« pour les horaires ») sont alors les moyens ultimes (et le plus souvent non choisis)<br />
d’échapper aux contraintes de l’activité libérale.<br />
Pour conclure, il faut retenir que, par rapport à leurs paires hospitalières, les<br />
infirmières libérales cumulent épuisement psychique et épuisement physique. Dans les<br />
établissements hospitaliers, l’usure physique est typique des aides soignantes, alors que<br />
l’usure psychique touche prioritairement les infirmières. En outre, si certaines causes de ces<br />
difficultés sont communes aux deux catégories (confrontation à la souffrance et à la mort),<br />
d’autres diffèrent. Par exemple, le poids de la hiérarchie constitue une source de pénibilité<br />
chez les soignantes hospitalières qui n’existe pas chez les libérales. En revanche, ces dernières<br />
connaissent d’autres contraintes (incertitude quant à leur niveau d’activité, rapports tendus<br />
avec les caisses d’assurance maladie). Enfin, les infirmières libérales disposent peut-être d’un<br />
peu plus de marges de manœuvre pour ajuster leurs conditions de travail comparées à leurs<br />
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