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Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé

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Dans ce schéma d’interactions très emprunt de valeurs vocationnelles et humanistes, la<br />

difficulté majeure tient à l’appréciation de la « bonne distance » et à l’instauration de limites<br />

dans la relation au malade :<br />

« Il y a des gens qui iraient vite s’accaparer. Il faut savoir jusqu’où on va ».<br />

« On a eu parfois tendance à les écouter, et c’est une erreur ».<br />

58<br />

Françoise<br />

Irène<br />

<strong>Le</strong> second registre de représentations 90 conduit à présenter le malade sous un jour<br />

nettement moins favorable et à faire état d’une dégradation de la relation soignant-soigné. <strong>Le</strong>s<br />

infirmières que nous avons rencontrées sont des professionnelles expérimentées 91 qui font le<br />

constat de l’évolution du statut du malade depuis quelques années. Comparant les malades<br />

soignés au début de leur carrière avec les malades soignés aujourd’hui, elles décrivent toute<br />

une série de changements. Tout d’abord, dans la société contemporaine, la santé est devenue<br />

« un bien comme un autre » et « un droit ». La santé tend à faire figure de valeur absolue dans<br />

les mentalités et dans les pratiques 92 . Cela se traduit par un accroissement du recours à la<br />

médecine : les malades sont de plus en plus « consommateurs de soins et de consultations<br />

médicales » et se rendent chez le médecin « pour un oui ou pour un non » :<br />

« Tout leur est dû, ce sont des assistés ! (…) Maintenant tout est un dû. <strong>Le</strong>s gens, on leur doit,<br />

c’est un service qu’on leur doit ! ».<br />

Josiane<br />

Dans ce contexte, les malades pris en charge par les infirmières libérales sont perçus<br />

comme étant de « plus en plus exigeants ». À cet égard, elles observent l’inflation du nombre<br />

de toilettes « injustifiées » à leurs yeux (« c’est la sécurité sociale qui paye ») ou encore des<br />

demandes de services jugées abusives. L’autre exemple, souvent entendu dans les entretiens,<br />

concerne les malades qui « exigent » d’être soignés à telle heure et exclusivement par telle<br />

infirmière du cabinet :<br />

« On s’est fait une politique de dire “ce sont les deux infirmières ou personne. (...) Il n y a pas<br />

d’exclusivité, on est un cabinet” ».<br />

Ankita<br />

« Certains essayent de semer la zizanie dans le cabinet ».<br />

« Vous ne voulez pas que je vous repeigne votre cuisine non plus ? ».<br />

Élisabeth<br />

Claire<br />

Finalement, le malade est envisagé comme une contrainte supplémentaire pesant sur<br />

l’activité. À l'instar des médecins ou des caisses d'assurance maladie, cet acteur restreint<br />

90 <strong>Le</strong>s deux registres ne sont pas incompatibles. <strong>Le</strong>s discours des infirmières puisent indifféremment dans l’une<br />

ou l’autre de ces deux catégories. <strong>Le</strong> paradoxe est intrinsèque aux pratiques discursives.<br />

91 Pour mémoire, la tranche d’âge la plus fortement représentée est celle des quadragénaires.<br />

92 Sur ce point, voir François-Xavier Schweyer, Simone Pennec, Geneviève Cresson, Françoise Bouchayer,<br />

Normes et valeurs dans le champ de la santé, op. cit.

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