Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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l’on va mobiliser diversement en fonction de l’intérêt affectif, technique, financier et social<br />
des situations rencontrées.<br />
Si l’on examine maintenant les soins non cotés, trois types d’attitudes émergent à leur<br />
égard. Pour mémoire, ces actes ne sont pas cotés dans la nomenclature (NGAP) et ne donnent<br />
pas lieu à rétribution (la pose de bas de contention et les instillations oculaires 35 en sont les<br />
exemples les plus typiques) Certaines infirmières refusent de réaliser de telles tâches<br />
« bénévolement » et en renvoient l’attribution aux proches du patient, en l’occurrence aux<br />
aidants familiaux ou bien aux autres aidants professionnels (aides à domicile). D’autres<br />
soignantes acceptent de les réaliser sans être rétribuées mais uniquement pour des malades à<br />
forte valeur : ceux que l’on connaît, que l’on soigne depuis longtemps, qui résident à<br />
proximité, etc. Enfin, d’autres mettent en place des tactiques qui vont leur permettre d’obtenir<br />
une rétribution – tout au moins partielle – de ces activités. Ainsi comme le stipule clairement<br />
Dorothée « Il faut carotter (…) pour être payée ».. En voici trois exemples :<br />
1. Si l’on se déplace au domicile du malade uniquement pour réaliser un tel soin, on le<br />
cote a minima (en « surveillance médicamenteuse » ou en « soin d’hygiène » par<br />
exemple).<br />
2. On fait en sorte de réaliser cet acte en même temps qu’un autre acte coté. Souvent, on<br />
réalise ce soin sur le temps de la toilette, qui elle est payée au forfait (une demi-heure ou<br />
une heure selon les cas). L’acte non coté ne sera pas payé en tant que tel mais il sera<br />
rentabilisé en étant mené sur le temps rémunéré de la toilette.<br />
3. On s’arrange avec les médecins afin d’obtenir une prescription d’acte coté et donnant<br />
lieu à rémunération : sous couvert de la prescription d’un pansement oculaire, on est<br />
rétribué pour l’administration de gouttes oculaires.<br />
<strong>Le</strong>s propos de Fabrice sont sans doute ceux qui illustrent à eux seuls le mieux ces<br />
tactiques :<br />
Chercheur : « Est-ce qu’il y a des astuces pour être payé sur des actes qui en principe ne sont<br />
pas, est-ce qu’il y a des façons de les valoriser ? ».<br />
Fabrice : « Non, non, la seule chose qu’on fait, qu’on biaise par rapport à la sécu et on en<br />
risque notre place, mais je pense que tout le monde le fait, pour des personnes âgées qui ont<br />
90 ans, qui ont des bas de contention, des bas à varices, c’est pas remboursé par la sécu, donc<br />
elle va les mettre toute seule et c’est impossible, elle n’y arrivera pas ».<br />
Chercheur : « C’est un acte qui est quand même repéré dans la nomenclature ? ».<br />
Fabrice : « Non, donc ce qui se passe, ces personnes ont des bas de contention parce qu’elles<br />
ont des varices et elles ont des ulcères variqueux. Pour soigner des ulcères variqueux ça coûte<br />
extrêmement cher parce que ça dure un an, un an et demi, deux ans. À partir où il y a des bas<br />
de contention il y a la prévention, donc il y a moins d’ulcères, donc de coût de soins après.<br />
Donc en accord avec les médecins, et les médecins aussi prennent des risques, ils font des<br />
ordonnances de pansements quand on pose des bandes, ça c’est des choses qui se pratiquent,<br />
une personne qui se fait opérer de la cataracte, qui doit avoir des collyres, qui a 80 ans, qui a<br />
une goutte à mettre dans chaque œil et 4 fois par jour et de 4 collyres différents, il y a la<br />
tremblote et quand on regarde la notice, c’est pas deux gouttes, il ne faut surtout pas en<br />
mettre deux, et ça c’est pas remboursé par la sécu. Quand on vient pour ça, donc ils doivent<br />
payer de leur poche, donc ils ne peuvent pas. Donc on se fait prescrire des pansements<br />
35 Il y a aussi la toilette mortuaire sur laquelle nous reviendrons plus en détail à la fin de cette partie.<br />
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