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Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé

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« Il est sympa avec les gens, mais il n’aime pas qu’on lui donne des conseils, qu’on dit c’est<br />

pas bien ceci cela, il n’aime pas ça du tout, donc il ne nous écoute pas, mais on fait avec, on<br />

sait comment il est. Maintenant les autres, si on leur dit quelque chose, il n’y a pas de<br />

problème, ils nous écoutent ; au contraire ils demandent à ce qu’on aille les voir. (…) Il y en<br />

a qui sont plus distants, mais bon, ça c’est une question de caractère du médecin ».<br />

68<br />

Françoise<br />

Glisser, suggérer, la pratique est délicate, elle requiert de l’expérience, du doigté, un<br />

temps de mise en phase, d’approche… et la partie n’est que rarement gagnée d’avance. À cet<br />

égard, les infirmières développent des tactiques : demander les choses avec déférence et<br />

modestie, aller rapidement à l’essentiel, contacter le médecin au moment le plus propice, ne<br />

pas remettre son expertise en question et faire en sorte qu’il pense que les prises de décisions<br />

finales lui reviennent :<br />

« Il faut avoir une relation d’égal à égal avec les médecins, en restant... moi je m’entends très<br />

bien avec les médecins, mais je n’hésite pas à les appeler pour leur demander une explication,<br />

pour leur dire mon point de vue mais correctement, je n’y vais pas d’une façon hargneuse ! »<br />

Élisabeth<br />

Irène : « Alors un médecin qui répond bien, il ne faut pas qu’il soit surpris, il ne faut pas le<br />

prendre à une heure où il est surchargé. Il y a des stratégies, il y a des heures où on peut les<br />

avoir facilement, souvent les heures de midi, mais il faut faire attention à ce qu’on fait pour<br />

pouvoir être écouté et échanger ».<br />

Chercheur : « <strong>Le</strong>s ménager ? ».<br />

Irène : « Oui ! Et il ne faut pas les ennuyer sur les mêmes petites choses, les ordonnances,<br />

valoriser en fait l’échange. (…) Alors là c’est de la stratégie, il faut de la stratégie quand on<br />

voit que c’est franchement inadapté, il faut pas dire que ce n’est pas adapté, mais il faut dire<br />

ce qu’on voit (…) “Est-ce que vous pensez que ça a un rapport ?” (avec le traitement), même<br />

si vous savez que oui ».<br />

Néanmoins, ces négociations peuvent également être interprétées comme autant de<br />

formes de soumission à la double domination masculine et médicale 117 . Ce rapport infirmièremédecin<br />

peut être comparé au modèle type du rapport de couple conjugal 118 . Dans cette<br />

configuration relationnelle, les soignantes doivent s’adapter au médecin, à sa pratique de<br />

travail, à ses habitudes et surtout à sa disponibilité.<br />

Une communication parfois difficile et presque toujours à sens unique<br />

Certes, nous avons entendu parler à plusieurs reprises de « confiance mutuelle ». Mais<br />

à côté de ces propos, nous avons aussi relevé les signes d’une coopération sous tension. Ainsi,<br />

il apparaît clairement que les échanges entre infirmières libérales et médecins généralistes<br />

constituent pour le moins une communication compliquée et à sens unique. Ainsi, les<br />

117<br />

Geneviève Picot, <strong>Le</strong> Rapport social entre médecins et infirmières à l’hôpital public, op. cit.<br />

118<br />

Sur le couple médecin/époux et infirmière/épouse, voir Yvonne Kniebielher, Cornettes et blouses blanches…,<br />

op. cit.

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