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Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé

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palliatifs. Certaines infirmières paraissent très seules dans ces moments et peu soutenues par<br />

les autres professionnels, et en particulier les médecins :<br />

« Personne ne lui dit et moi j’ai beaucoup de mal à dire, “est-ce que vous avez besoin d’un<br />

psychologue ? Est ce que vous avez besoin d’un médecin ? Parce qu’on passe en soins<br />

palliatifs” ».<br />

Élisabeth<br />

<strong>Le</strong>s professionnelles souffrent aussi de l'impossibilité de pouvoir échanger par la<br />

parole avec les malades en fin de vie. La communication est rompue et l'on ne parvient pas<br />

toujours à saisir le sens des gestes et des balbutiements du mourant (« c’est terrible parce<br />

qu’on ne peut pas comprendre »). Cette absence de parole fait que le malade peut ressentir les<br />

soins sur le mode de l'agression. La souffrance des infirmières libérales tient également à<br />

l'accompagnement de la famille, lequel peut s'avérer parfois aussi pénible que<br />

l'accompagnement du malade lui-même. <strong>Le</strong>s tensions, les reproches, les incompréhensions<br />

peuvent alors surgir et accroître l’angoisse des soignantes. Beaucoup d’entre elles observent<br />

que ces rapports sont facilités lorsque le proche ne souffre pas (d’où l’importance de « gérer »<br />

la douleur en fin de vie afin de pouvoir soutenir sereinement la famille).<br />

Dans la pratique, l’accompagnement des patients en fin de vie mobilise beaucoup<br />

d’énergie et de temps : passages pluriquotidiens chez la personne soignée (y compris la nuit<br />

parfois), soins techniques et délicats, sans compter bien entendu toute la part de soutien moral<br />

et psychique 44 :<br />

« Ce n’est pas parce que je viens brancher une pompe que ça va, je vais venir matin et soir et<br />

dire bonjour bonsoir ».<br />

Élisabeth<br />

Or, pour bon nombre d’infirmières, la reconnaissance financière n’est pas à la hauteur<br />

du travail déployé (du « bénévolat ») :<br />

« J’ai trois dossiers de patients décédés, je les ai laissés de côté parce que je ne sais même pas<br />

quoi coter. (...) Il faut aller voir votre interlocuteur et bien détailler ce que l’on a fait, bien<br />

expliquer, parce qu’il y a plein de choses qui ne sont pas marquées ».<br />

Élisabeth<br />

En outre, plusieurs infirmières nous ont fait part de l’incertitude économique<br />

consécutive aux décès au sein de leur clientèle, d’autant que selon leurs dires, ceux-ci<br />

surviennent très souvent en « séries », en « vagues » sur une courte période :<br />

« Avant un décès les gens vont très mal en général, donc il y a beaucoup de boulot, tout d’un<br />

coup une personne s’en va, soit ça libère du temps, mais ne facture plus, donc moins d’argent<br />

qui rentre. »<br />

Luc<br />

44 Celui-ci peut-être envisagé comme un véritable « travail sur les sentiments » résultant des compétences<br />

professionnelles des infirmières. Voir Éléonore Lépinard, « Un travail à-côté : le rôle des soignants dans la<br />

division du travail sentimental » in Geneviève Cresson, François-Xavier Schweyer (dir.), Professions et<br />

institutions de santé face à l’organisation du travail. Aspects sociologiques, Rennes, Éditions de l’ENSP, 2000,<br />

pp. 37-46.<br />

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