Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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arrive ». D’autre part, quand cela est possible, on peut refuser les prises en charge jugées les<br />
plus lourdes et les plus risquées sur le plan de la santé physique. L’abandon de ces soins ne<br />
peut donc pas être interprété uniquement comme un moyen de structurer de manière plus<br />
intéressante – sur les plans technique et économique – le contenu de son activité. Il s’agit<br />
aussi d’une régulation individuelle qui participe au maintien de la santé au travail :<br />
« On me demande de le prendre en charge, donc je fais l’évaluation parce que, physiquement,<br />
si je prends quelqu’un que je ne peux pas manipuler ou qu’au bout de trois jours, j’ai des<br />
problèmes de dos, là c’est une abomination. Et la route après, vous vous prenez toute la<br />
route… qui n’est bien sûr pas lisse et vous faites tous les machins. C’est le cauchemar, j’en ai<br />
pleuré ! Trois mois ! Et là vous avez vraiment la sensation que… Donc cette expérience-là, a<br />
fait que je fais attention qui je prends, pourquoi je le prends. Si j’estime que je ne peux pas<br />
assurer j’arrête, je mets au courant ».<br />
Claudine<br />
<strong>Le</strong> recours à certains matériels contribue aussi à réduire les risques d’usure physique<br />
(lève-malades, lits médicalisés, etc.). À cet égard, certaines infirmières exigent (le mot n’est<br />
pas trop fort) de disposer d’un tel matériel pour réaliser leurs soins, allant jusqu’à refuser ces<br />
derniers si ce n’est pas le cas. Or, l’introduction de ces dispositifs dans l’univers profane des<br />
patients n’est pas chose facile. <strong>Le</strong>s malades ne sont pas de simples occupants de leur<br />
logement, surtout lorsqu’il s’agit de personnes très âgées. En effet, le logement est « un<br />
repaire où elles se sentent protégées des agressions extérieures. Il est aussi, à plusieurs titres,<br />
un repère : repère identitaire, tout d’abord le domicile symbolisant la personne dans sa<br />
continuité, le lien entre ce qu’elle est et ce qu’elle a été ; un repère spatial, ensuite puisqu’il<br />
est un espace familier, intimement approprié, dont l’usage se trouve fortement ancré dans les<br />
habitudes corporelles ; un repère temporel, enfin, tant il est chargé de souvenirs » 223 . <strong>Le</strong>s<br />
malades et leur entourage peuvent donc être hostiles à l’idée de s’équiper d’un lit médicalisé<br />
dont l’image est associée à l’hôpital, à la maladie et à la grande dépendance (le frein n’étant<br />
pas vraiment d’ordre financier, le lit n’étant pas à la charge du patient) :<br />
« Quand il y a des soins lourds, je demande systématiquement qu’il y ait des lits<br />
médicalisés ».<br />
Malika<br />
« D’abord, je vais vous dire, on refuse de faire un nursing à partir du moment où il n’y a pas<br />
de lit médicalisé, on leur dit : “oui, on vous prend en nursing, mais il nous faut un lit<br />
médicalisé.” Parce que quand même on travaille dans de meilleures conditions ».<br />
Anne-Marie<br />
223 Vincent Caradec, Sociologie de la vieillesse et du vieillissement, op. cit., p. 79. Ces remarques concernent<br />
aussi les personnes les plus jeunes atteintes de maladies chroniques. Sur la médicalisation du domicile des<br />
insuffisants rénaux dialysés, voir Florence Douguet, « Pathologies chroniques et diversité des usages du<br />
logement « in Simone Pennec et Françoise <strong>Le</strong> Borgne-Uguen (dir.), Technologies urbaines, vieillissements et<br />
handicaps, Rennes, ENSP, 2005, pp. 69-78.<br />
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