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Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé

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sont toutes puisque c’est ainsi qu’elles peuvent dispenser des soins remboursés par la sécurité<br />

sociale). En 12 titres et, présentement, 6 annexes, sont ni plus ni moins réglées l’ensemble des<br />

relations entre les organismes payeurs et les infirmières libérales. Principes généraux,<br />

utilisation des feuilles de soins, modalités d’exercice, organes de concertation, tarifs<br />

conventionnels, il s’agit véritablement du texte de référence.<br />

Cela paraît évident sans doute, mais il vaut mieux le rappeler : cette convention<br />

participe bien à constituer, à reconnaître une profession particulière, à en déterminer les<br />

spécificités et les contours. La constitution de toute profession passe régulièrement, on le sait,<br />

par une entreprise de définition, de délimitation, à la fois sur un versant éthique – affaire de<br />

valeurs à nul autre pareil, contact avec des choses du secret et du sacré qui n’ont pas à être<br />

divulguées ou publicisées à tout va – etc. et sur un versant technique – avec l’appel à des<br />

savoir-faire, à des compétences particulières –. Il revient ainsi à des porte-parole accrédités<br />

d’entreprendre tout un travail pour faire reconnaître la légitimité de leurs spécificités, et ici<br />

cette convention participe à plein à déterminer quelles sont les attributions particulières des<br />

infirmières libérales, ce qu’elles sont seules habilitées à faire, et donc ce qui les qualifie.<br />

Aussi entendue que cette remarque puisse paraître, elle est d’importance. Il ne va pas<br />

nécessairement de soi que telle ou telle pratique soit de la compétence unique des infirmières.<br />

On y reviendra dans quelques instants en évoquant les AIS. De ce point de vue, la convention<br />

est un moyen de borner un territoire d’exercice, de se le réserver et de se protéger des<br />

incursions, du moins tant que l’accord tient. <strong>Le</strong>s partenaires, de fait, délimitent un espace, un<br />

marché d’intervention. Ils bornent des frontières et instituent ni plus ni moins un pré-carré<br />

dont ils font leur affaire. En somme c’est cette convention qui fait exister le métier.<br />

À première vue, elle contractualise un accord entre deux parties. On n’oubliera pas<br />

non plus qu’en fait, il y a toujours, parmi les signataires, la troisième main, invisible, de<br />

l’État. De la loi de financement de la sécurité sociale au contrôle annuel de la Cour des<br />

Comptes, même si parfois ils demeurent en quelque sorte dans les coulisses, les représentants<br />

de l’État ne sont jamais loin. À l’heure où l’État-social tend à se replier, il en impose très<br />

largement aux caisses d’assurance maladie pour mieux contrôler les dépenses de santé, quitte<br />

non seulement à arbitrer les relations entre ces caisses et les professions médicales et paramédicales,<br />

mais, le cas échéant, à désavouer les propositions de la CNAMTS. La gestion<br />

paritaire a donc ses limites, parfois vite atteintes, et le gouvernement Juppé comme le<br />

gouvernement Jospin et ceux qui les ont suivis ont toujours rappelé les uns et les autres à<br />

l’ordre s’il le fallait. « Cette capacité d’imposer des décisions gouvernementales sans tenir<br />

compte de l’avis des caisses, rappelle Bruno Palier, n’est pas seulement liée aux effets du style<br />

autoritaire du ministre des Affaires sociales, c’est aussi une transformation du mode de<br />

fonctionnement du système. Cette transformation a été permise par des modifications<br />

institutionnelles introduites en 1995. L’État s’est donné davantage de marge de manœuvre<br />

pour intervenir directement dans le système de Sécurité sociale. Une nouvelle configuration<br />

en découle, où l’État a les coudées plus franches pour imposer (ou non) les mesures qu’il<br />

juge nécessaires ». 1 <strong>Le</strong>s protagonistes qui figurent en en-tête de la Convention nationale en<br />

question interagissent toujours sous contrôle. Mieux vaut ne pas l’oublier.<br />

Dans son introduction à un article intitulé « L’État créateur et gardien du droit des<br />

relations du travail », Philippe Auvergnon écrit : « En ces temps d’incitation à l’initiative<br />

1 Bruno Palier, Gouverner la sécurité sociale, Paris, PUF, 2002, p. 377.<br />

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