Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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D’un autre côté, certains facteurs peuvent au contraire inciter à l’acceptation des<br />
toilettes (y compris lorsque le niveau d’activité atteint déjà un niveau convenable). Tout<br />
d’abord, les toilettes peuvent avoir de l’intérêt à partir du moment où elles sont associées à<br />
d’autres soins, notamment des AMI. Ce sont donc principalement les « toilettes seules » qui<br />
sont jugées peu attractives. Ensuite, il existe toute une série d’exceptions. L’absence<br />
d’entourage familial peut inciter les infirmières à accepter des soins d’hygiène. De la même<br />
façon, la connaissance antérieure du patient (ou de sa famille) peut infléchir la décision de la<br />
professionnelle. Ainsi, les patients qui « nous sont fidèles », qui « nous font confiance » que<br />
« l’on connaît depuis 25 ans » ont-ils plus de chances que les autres de voir leurs demandes<br />
de soins aboutir. Il y a aussi parfois une sorte d’engagement moral des soignantes vis-à-vis<br />
des patients « anciens » qui se manifeste par le souhait de les accompagner « jusqu’au bout ».<br />
« On ne peut pas dire à un ancien, on ne prend pas parce qu’on est complet ».<br />
26<br />
Françoise<br />
« Quelqu’un qui est totalement inconnu et qui a une pathologie moyenne, on ne fera pas le<br />
forcing pour le prendre ».<br />
Irène<br />
La réalisation de la toilette peut être consentie pour assurer la continuité des soins :<br />
« Quelqu’un est hospitalisé et a besoin de nursing en rentrant de l’hôpital, et bien je le prends<br />
en charge ».<br />
Anne-Marie<br />
Une autre exception concerne les demandes de soins provenant de nouveaux patients<br />
(non connus) mais pour lesquels on pressent une prise en charge de courte durée, à l’instar<br />
de malades en fin de vie dont on pense que la mort interviendra assez rapidement. Par<br />
ailleurs, malgré des schémas de trajectoires très incertains, les patients les plus jeunes –<br />
enfants, adolescents ou jeunes adultes atteints d’affections létales ou chroniques – ont<br />
semble-t-il plus de valeur que les autres (cet aspect sera développé plus longuement dans la<br />
partie suivante). Cette valeur est d’autant plus forte en libéral, que de tels malades sont<br />
« rares » puisque les clientèles sont en grande majorité composées de personnes très âgées.<br />
Pour de tels patients, les infirmières font très volontiers appel à la rhétorique professionnelle<br />
de la prise en charge « globale » du malade. C’est alors au nom de cette globalité des soins<br />
que l’on réalise des actes de nursing.<br />
Pour terminer sur la question des toilettes, il importe de souligner qu’à tous les<br />
moments de la carrière libérale, il est possible de (re)faire des toilettes dans la mesure où la<br />
demande les concernant est très forte et en général non satisfaite. Ainsi, si le volume global<br />
de l’activité tend à diminuer en même temps que le chiffre d’affaire, il est toujours<br />
envisageable de reprendre des toilettes. Par exemple, Lucie qui s’est installée en 1979<br />
« prenait tout » au moment de son installation, puis a refusé de réaliser des toilettes durant<br />
près de dix années. Cependant, une baisse momentanée de son activité (qu’elle attribue à la<br />
diminution des prescriptions d’injections d’antibiotiques), l’a contrainte à reprendre des<br />
toilettes « pour compenser ». Depuis quelques années, elle refuse à nouveau les toilettes. En<br />
ce sens, les AIS constituent bien une « variable d’ajustement de l’activité infirmière 34 » que<br />
34 CNAMTS, L’activité des infirmières libérales, op. cit., pp. 7-9.