Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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« On a une dame justement, le service de soins à domicile intervient pour la toilette et nous,<br />
on vient pour changer la sonde urinaire régulièrement, parce que bon, elle est complètement<br />
paralysée cette dame et on fait un toucher rectal tous les deux jours pour l’évacuation des<br />
selles et en plus elle a un pansement d’escarre du talon. Mais il y a plusieurs personnes<br />
comme ça chez qui elles interviennent et nous aussi ».<br />
Anne-Marie<br />
« Ça arrive qu’on arrive chez un patient chez qui elles font la toilette et nous on fait les soins<br />
en plus, soins d’escarre, soins de sonde urinaire ».<br />
Françoise<br />
Ces formes de coopération ne sont pas sans rappeler le travail en binôme IDE/AS très<br />
répandu à l’hôpital 139 . Plus rarement, des situations d’entraide intercatégorielle ont pu être<br />
rapportées. Mais ces coopérations sont peu fréquentes puisque, d’une manière générale, les<br />
infirmières et les aides-soignantes interviennent chacune à leur tour auprès des patients :<br />
« Si elles sont toutes seules à travailler, on leur donne un coup de main, et au contraire, si on<br />
a besoin de quelque chose, elles nous aident aussi, avec toutes ça se passe bien (…) Je me<br />
rappelle donner un coup de main à des aides-soignantes qui étaient toutes seules à laver un<br />
vieillard, les soulever, parce qu’elles sont souvent à deux, pour les gros cas, donc c’est vrai<br />
que quand j’arrive, qu’elle se trouve toute seule, et bien je l’aide aussi, mais c’est assez rare<br />
qu’on aille chez les mêmes personnes. On en a 4-5 qui sont suivies à la fois par le centre de<br />
soin et par nous ».<br />
Françoise<br />
Enfin, quelques infirmières libérales sont favorables à la délégation de certains actes<br />
aux aides-soignantes (en l’occurrence les toilettes et la distribution des médicaments), mais<br />
sous couvert de la responsabilité de l’infirmière :<br />
« Je ne dis pas que les aides soignantes ne doivent pas faire infirmières au contraire, mais<br />
mettez les au niveau mais c’est vrai qu’il y a besoin d’aides-soignantes, il y a beaucoup<br />
d’interventions qui n’ont pas besoin d’une infirmière mais plutôt d’une aide soignante, mais<br />
avec au-dessus quelqu’un qui soit là pour surveiller et contrôler ».<br />
Françoise<br />
<strong>Le</strong> sociologue Everett Hughes a montré que l’ensemble des travaux de la vie sociale<br />
est soumis à une « division morale » qui conduit à opérer une distinction entre le « sale<br />
boulot » (dirty woks) et le « boulot respectable » 140 . Socialement dévalorisé, le sale boulot a<br />
pour objet, soit certains aspects de la vie domestique (vider les poubelles), soit les soins du<br />
corps dans leurs aspects déplaisants (vider les bassins des malades par exemple). L’hôpital est<br />
un lieu où l’on observe une telle division du travail : les tâches les moins nobles y sont<br />
déléguées aux catégories professionnelles subalternes. La délégation s’effectuant du médecin<br />
vers l’infirmière, de l’infirmière vers l’aide-soignante, puis de l’aide-soignante vers l’Agent<br />
de service hospitalier (ASH). Au sujet des aides-soignantes hospitalières, Anne-Marie<br />
Arborio souligne qu’« il semble donc nécessaire de prendre en compte l’existence de tâches<br />
139<br />
A l’hôpital, le travail en binôme repose sur la collaboration concomitante des AS et des IDE. Ce qui n’est pas<br />
le cas à domicile, où les deux catégories d’intervenantes se succèdent auprès du même malade.<br />
140<br />
Everett C. Hughes, « Social Role and the Division of Labor », The sociological Eye. Selected Papers,<br />
Transaction Books, 1984 (1971), pp. 304-310.<br />
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