Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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S’octroyer une marge de manœuvre<br />
À les entendre, mais constats faits en les accompagnant dans leurs tournées, il apparaît<br />
que les infirmières libérales ne s’en tiennent pas, la plupart du temps, à la seule réalisation des<br />
consignes données. Elles interprètent, elles adaptent, elles corrigent quelquefois les<br />
traitements. Assurément elles disposent d’une certaine marge d’autonomie en la matière,<br />
qu’au besoin elles s’octroient d'elles-mêmes.<br />
« Oh oui, au niveau des pansements on fait comme le médecin dit, mais après, si on trouve<br />
que ça ne va pas, on va lui dire. Donc, soit on le fait nous même, on teste si ça marche mieux<br />
sans lui en parler, soit on lui dit, on a fait ceci en plus et ça ne marche pas non plus. On<br />
essaye d’aller dans le même sens. Je n’ai jamais senti, sauf un justement qui n’aime pas qu’on<br />
change ce qu’il fait, mais j’ai trouvé toujours que quand il y avait un problème on en parle et<br />
ça se passe bien ».<br />
Françoise<br />
Chercheur : « Est-ce que les médecins vous laissent une part d’initiative dans les<br />
soins, est-ce qu’ils vous délèguent certaines choses, est-ce qu’ils vous laissent prendre<br />
des décisions ? ».<br />
Jacqueline : « Bah, on est obligé, parce que les diabétiques, là si on se mettait toutes les<br />
5 minutes à les appeler pour modifier les doses d’insuline ».<br />
Chercheur : « Et ça a priori, normalement… ? ».<br />
Jacqueline : « Normalement il devrait nous mettre noir sur blanc à quelle dose ou à telle unité,<br />
mais bon voilà, quand vous avez un patient dont le CH est à un niveau pas possible, bon on<br />
mange des gâteaux, du jus de fruit, et donc il faut compenser par quelque chose, et c’est ça le<br />
problème avec certains diabétiques. Autrement les autres, oui on les appelle, les gens qui ont<br />
des sondes urinaires, c’est nous qui gérons ça, on fait le nécessaire pour changer les soins ».<br />
Jacqueline<br />
Se poser en défenseur de la Sécurité sociale<br />
On pressent vite les frictions, dès lors qu’il s’agit de définir les responsabilités de<br />
l’inflation des dépenses en matière de santé. <strong>Le</strong> sujet est sensible puisque régulièrement les<br />
infirmières sont interpellées sur le coût de leurs interventions, notamment pour ce qui est des<br />
AIS. Nombre de propos recueillis ont eu trait à « leur ligne de défense » en quelque sorte.<br />
Ainsi, celles-ci peuvent reprocher aux médecins de prescrire des passages infirmiers trop<br />
nombreux, des médicaments ou des matériels dont disposent déjà les malades (nous y<br />
reviendrons plus loin : les infirmières recyclent et gèrent ces stocks en vue justement de<br />
limiter le gaspillage). Mais surtout, elles peuvent leur reprocher de prescrire des toilettes<br />
qu’elles n’hésitent pas à qualifier d’« injustifiées » et de répondre favorablement aux<br />
demandes des patients, lesquels, on l’a vu, sont perçus comme étant de plus en plus<br />
consuméristes :<br />
« On essaye de prendre des soins d’hygiène chez des personnes qui en ont réellement besoin,<br />
chez qui il y a des choses lourdes à faire et pas des personnes qui n’en ont pas besoin. Mais ça<br />
les gens ne comprennent pas, le médecin a dit que c’était une infirmière qui devait le faire,<br />
bah, oui mais bon ! Mais les patients demandent au médecin et le médecin fait l’ordonnance,<br />
ils sont gentils, mais bon on ne peut pas suivre en tout cas pas pour tout le monde, sinon on se<br />
retrouve comme l’hôpital (…) Il y a des malades qui sont bien portants et pour qui je trouve<br />
que ce qu’on fait nous n’est pas du tout indispensable, que ce soit une infirmière qui fasse ce<br />
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