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Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé

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individuelle, d’appel à plus de flexibilité négociée, de dénonciation des pesanteurs et rigidités<br />

administratives, s’attarder sur un État créateur et gardien du droit des relations du travail<br />

peut paraître quelque peu réactionnaire ou provocateur. Il n’en est rien. Il ne s’agit ni de<br />

rappeler qu’il « faut aimer l’État », ni d’en appeler à le rénover. On souhaite simplement<br />

rappeler l’importance dans les relations du travail, en France, d’un droit d’origine étatique<br />

ou dépendant d’une source étatique, d’un système de relations du travail dans lequel l’État, à<br />

travers diverses figures, joue un rôle déterminant » 2 . Ici ce rôle est d’autant plus déterminant<br />

qu’il en va, dans la Convention, de la fixation par exemple, du tarif des différents actes et de<br />

ses effets sur un équilibre budgétaire que l’on sait pour le moins périlleux pour ce qui est du<br />

risque maladie. Quand désaccord il y a – et ils sont nombreux – entre CNAMTS et syndicats<br />

professionnels, les représentants de ces derniers campent sous les fenêtres des CPAM mais ne<br />

s’y trompent pas en manifestant aussi devant celles du ministère ou en intercédant auprès de<br />

députés. La rhétorique du « moins d’État » ne signifie pas du tout en la matière que sont<br />

renforcés ceux qui verraient bien le contrat et la négociation collective prendre le pas sur la<br />

loi.<br />

Autre rappel : il convient aussi de relever ce qu’est un accord et quels peuvent en être<br />

les enjeux implicites. La palissade que de dire qu’il suppose plusieurs partenaires représentant<br />

des intérêts différents voire divergents qui recherchent entre eux un armistice provisoire où<br />

peut bien sûr se lire l’état, à un moment donné, d’un rapport de force. Mais un accord, ce n’est<br />

pas que cela. L’accord entérine aussi la place, pour ne pas dire la représentativité de chacun<br />

des protagonistes. Être de l’accord est primordial et suppose tout un travail voire des luttes<br />

sans merci entre syndicats professionnels pour s’imposer comme le partenaire, comme le<br />

fondé de pouvoir qui peut seul s’autoriser pour revendiquer, pour négocier, pour signer. Quel<br />

qu’il soit – en l’occurrence depuis 2002 il s’agit de « Convergences Infirmiers » –<br />

l’organisation représentative des infirmières libérales se constitue en tant que signe à la place<br />

de la totalité du groupe en se prévalant fides implicida de par les mandats signifiants le<br />

groupe. Identifiant, s’identifiant au groupe, elle le fait exister, elle l’incarne, alors qu’à bien<br />

des égards il n’y pas vraiment unité de la profession, très loin s’en faut parfois. Entre<br />

négociateurs il y a régulièrement des frictions, des oppositions, et qui songeraient à les nier<br />

pour ce qui concerne les relations CNAMTS-syndicats d’infirmières mais, au-delà d’une<br />

certaine théâtralisation des différents, il peut y avoir des convergences, des connivences. De<br />

fait l’accord et les conventions spécifient un secteur, le colore, le singularise, voire fait en<br />

sorte que les rapprochements avec des domaines voisins, des professions voisines, les<br />

tentatives d’empiètement prévisibles ou d’avalement soient contrecarrées. Auxiliaires de vie,<br />

aides soignantes, etc. peuvent avoir des velléités de mordre sur un secteur, sur des pratiques<br />

réservées jusqu’à présent aux infirmières libérales. La Convention nationale, en creux, a aussi<br />

pour fonction de défendre les intérêts de la profession. Ainsi donc l’accord n’exclut pas<br />

l’opposition mais suppose bien souvent des limites à la lutte voire une entente entre lutteurs.<br />

L’accord construit donc un espace légitime des porte-parole autant qu’il produit des<br />

normes et codifie, fut-ce provisoirement, ce que seront les conditions d’installation, les<br />

relations aux caisses, etc. Dernière remarque donc sur ce point : les représentants des caisses<br />

de l’assurance maladie ont besoin d’avoir en face d’eux des interlocuteurs. Ils ne peuvent pas<br />

exercer leur souveraineté sans négocier avec des partenaires plus ou moins autonomes. Du<br />

coup, ils participent à les produire. Il y a donc bien une convention de référence, mais l’action<br />

2 Philippe Auvergnon. « L’État créateur et gardien du droit des relations du travail » dans L’État à l’épreuve du<br />

social (Coord. P. Auvergnon et al.), Paris, Syllepse, 1998, p. 262.<br />

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