Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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Entre complémentarité et menace de concurrence<br />
Au domicile du patient, les infirmières libérales et les aides à domicile se côtoient<br />
assez peu. En général, elles s’organisent de manière à ne pas intervenir simultanément afin de<br />
ne pas se gêner dans l’exécution de leurs tâches respectives. De fait, les échanges entre ces<br />
deux professionnelles demeurent le plus souvent limités et indirects. <strong>Le</strong> cahier de liaison est le<br />
principal support des échanges écrits. <strong>Le</strong>s infirmières libérales y notent leurs « consignes »,<br />
les aides à domicile y font, quant à elles, figurer des données relatives à l’état du patient : « un<br />
changement d’humeur », « une chute », « la dégradation de l’état de santé de la personne »,<br />
etc. Néanmoins, un certain nombre d’infirmières regrettent que les aides à domicile ne<br />
recourent pas davantage à cet outil de communication. <strong>Le</strong>s kinésithérapeutes et les aides<br />
soignantes ont semble-t-il plus investi l’usage de ce document de liaison. Situées en bas de la<br />
hiérarchie des intervenants à domicile, les auxiliaires de vie ne possèdent pas cette culture de<br />
l’écrit professionnel qui prend modèle sur les pratiques hospitalières (rituels des transmissions<br />
entre équipes). Dans la continuité de ces propos, quelques infirmières libérales dénoncent<br />
l’absence d’échanges écrits ou oraux entre les différentes aides ménagères intervenant auprès<br />
d’une même personne :<br />
« C’est grave, car on peut avoir quelqu’un de très bien et on peut avoir le week-end quelqu’un<br />
qui ne connaît rien à la personne ».<br />
Irène<br />
En dépit de la faiblesse des contacts entre ces deux catégories professionnelles, les<br />
infirmières libérales caractérisent très diversement leurs relations aux aides à domicile. De tels<br />
rapports s’inscrivent dans trois logiques quasi opposées les unes aux autres : une logique de<br />
complémentarité ; une logique de concurrence et une logique de décloisonnement. Là encore,<br />
il importe de souligner que certains discours peuvent relever de deux ou trois logiques à la<br />
fois.<br />
Dans la logique de complémentarité, l’ensemble des intervenants à domicile est perçu<br />
comme constituant un « réseau », une « équipe » dont font partie intégrante les aides à<br />
domicile. Chaque fonction est indispensable au maintien à domicile des personnes malades<br />
et/ou handicapées. Dans cette configuration relationnelle, il n’y a aucune concurrence entre<br />
infirmières libérales et auxiliaires de vie, dans la mesure où ces dernières s’en tiennent<br />
strictement aux actes qui leur sont dévolus (ménage, courses, repas) : « Il y a du travail pour<br />
tout le monde » ; « Il s’agit de deux métiers complémentaires ». Dans ces conditions, les<br />
rapports des infirmières libérales aux aides à domicile sont qualifiés de « bons » et les<br />
soignantes reconnaissent la qualité du travail mené par celles-ci :<br />
« On avait une personne en soins palliatifs et il y avait trois aides à domicile qui se relayaient,<br />
et c’était très bien ».<br />
Ankita<br />
Dans certains contextes, on peut relever des formes de coopération entre les deux<br />
catégories d’intervenantes. <strong>Le</strong> cas le plus fréquemment cité est celui où l’auxiliaire de vie<br />
assiste l’infirmière dans la réalisation de la toilette d’un patient lourdement dépendant (aide à<br />
la manipulation notamment). <strong>Le</strong>s situations où les infirmières épaulent les aides à domicile<br />
paraissent moins habituelles. Cependant, seule une observation in situ nous permettrait de le<br />
vérifier.<br />
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