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Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé

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conditions, les infirmières libérales sont plus souvent assignées au care 67 comparées à leurs<br />

homologues masculins.<br />

De toutes les variables examinées, le sexe apparaît sans nul doute la plus déterminante.<br />

L’âge, l’ancienneté dans le libéral ou encore le volume de l’activité globale ne semblent pas<br />

peser outre mesure sur ce type de travail. Par contre, le lieu d’exercice de l’infirmière libérale<br />

peut avoir son importance, mais pas forcément là où l’attend. L’opposition – quelque peu<br />

emprunte d’un brin de nostalgie – entre un monde rural où persisteraient des pratiques<br />

d’entraide héritées du passé et un monde urbain dominé par l’anonymat et le désintérêt pour<br />

autrui n’est pas de mise ici 68 . Ainsi, ce n’est pas dans les bourgs ruraux, mais bien dans les<br />

petites villes que, d’une manière générale, les infirmières sont le plus enclines à épauler leurs<br />

patients. Par contre, quelques différences apparaissent au regard du contenu des activités. La<br />

pratique des achats pour les malades est ainsi plus répandue dans les petites villes et les<br />

bourgs ruraux, sans doute du fait de l’éloignement des commerces dans ces secteurs (voire de<br />

leur disparition dans certains petits bourgs ruraux). <strong>Le</strong>s infirmières exerçant dans les villes de<br />

plus grande importance postent plus volontiers qu’ailleurs le courrier de leurs patients.<br />

Si l’on poursuit l’examen de la force mobilisatrice des patients, il apparaît qu’un<br />

malade isolé, peu entouré est fortement mobilisateur. En effet, les infirmières ont tendance à<br />

préjuger quasi systématiquement de l’ampleur et de la qualité des réseaux formels et<br />

informels dans lesquels sont inscrits leurs patients. Si celles-ci jugent ces réseaux déficitaires<br />

ou inexistants (absence d’entourage familial et d’autres intervenants à domicile), elles<br />

accepteront d’apporter un soutien autre que strictement infirmier. Il s’agit ici de pallier des<br />

solidarités qui font défaut. De fait, ces formes d’aides sont considérées comme légitimes.<br />

Dans leur ensemble les enquêté(e)s ont tendance à naturaliser les solidarités familiales.<br />

Celles-ci sont considérées comme étant de l’ordre de l’évidence 69 , de la normalité, voire de<br />

l’obligation. Aussi, lorsque le malade bénéficie de la présence d’un entourage familial à<br />

proximité, les infirmières vont – en dehors de tout prise en compte de la qualité de ce réseau<br />

et de sa capacité à s’organiser pour le soutien du proche – se refuser à « se substituer » à ces<br />

formes de solidarités considérées comme naturelles :<br />

« Il peut y avoir une demande particulière en dehors du travail, par exemple "est-ce que vous<br />

pouvez me faire réchauffer ma soupe, me fermer les volets". Je ne le fais pas tout le temps, je<br />

le fais que chez certaines personnes, quand je vois qu’il n’y aura personne, que la personne va<br />

rester toute seule et le matin, je vais ouvrir car je sais que si je n’ouvre pas, ce sera fermé<br />

67 Geneviève Cresson, « La division sexuelle du travail de prise en charge des enfants et des personnes<br />

dépendantes », <strong>Le</strong>s solidarités familiales et leurs régulations publiques : regards croisés entre sociologie et<br />

droit , Colloque ARS-CRDP/UBO, Brest, 17-18 novembre 2005.<br />

68 Il s’agit là de représentations communes, lesquelles sont également véhiculées par les enquêtés. De récentes<br />

études ont mis en évidence les solidarités non professionnelles s’exerçant envers les vieilles personnes vivant en<br />

ville, et notamment le rôle joué par les solidarités de quartier et de voisinage. Voir Florence Douguet, Solitude et<br />

isolement chez les personnes âgées de 75 ans et plus, Brest, SUFCEP-UBO-coordination gérontologique de<br />

Quimper, 2002 ; Dominique Argoud (dir.) et Françoise <strong>Le</strong> Borgne-Uguen, Jean Mantovani, Simone Pennec,<br />

Philippe Pitaud (coll.) et al., Prévenir l’isolement des personnes âgées. Voisiner au grand âge, Paris, Dunod,<br />

2004.<br />

69 <strong>Le</strong>s relations d’aide entre enfants et parents peuvent aussi s’organiser à partir de ces conceptions.<br />

L’accompagnement du parent âgé peut ainsi être de l’ordre de l’évidence, renvoyer à une forte inscription<br />

familiale et se faire sans recours à une aide professionnelle. Simone Pennec, « <strong>Le</strong>s "aidants" », Gérontologie et<br />

société, n° 89, pp. 49-61.<br />

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