Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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consœurs hospitalières qui demeurent, quant à elles, plus soumises à l’organisation prescrite<br />
du travail 224 .<br />
52. <strong>Le</strong>s effets de l’activité sur la vie privée<br />
« Je pense avoir beaucoup lésé mon entourage et moi-même avec ce boulot-là. Ça a occupé<br />
une partie vraiment trop importante de notre vie. (…) C’est un boulot qui est hyper-prenant.<br />
Quand on a fini, on n’a jamais fini. Moi, je ramène mes histoires à la maison, je ramène les<br />
malades à la maison. C’est un problème ».<br />
Sophie<br />
Une image préside souvent aux représentations de ce que peut être la vie des<br />
infirmières libérales : l’accaparement à la tâche, un rythme assez effréné, une vie privée qui se<br />
loge, plutôt mal que bien, dans les interstices d’une vie professionnelle trépidante. Sans nul<br />
doute les unes et les autres jonglent-elles avec le temps et sont-elles amenées, de fait, à<br />
s’organiser, à planifier l’ensemble de leurs obligations, et tout cela avec une dextérité qui peut<br />
parfois laisser pantois. Là encore se rappellent assurément bien des formes d’un héritage<br />
diffus de ce qu’elles ont souvent vécu, on l’a vu, au fil de leur enfance et de leur adolescence.<br />
Pour autant, une fois encore, à observer comment ces infirmières vivent le brouillage des<br />
temps professionnel et privé, comment elles concilient tout ce que requiert leur rôle de mère<br />
de famille par exemple, et les nécessités d’un travail à forte amplitude horaire, on s’aperçoit<br />
vite que les situations peuvent être très contrastées. Pour certaines, il n’est pas possible de<br />
faire autrement que d’être littéralement aspirées par un métier « qui veut ça » ; or d’autres, y<br />
compris quand elles travaillent seules, semblent parvenir à maîtriser bien mieux la situation.<br />
Même si cela se fait au prix de quelques acrobaties, elles s’avèrent en tous les cas capables de<br />
se préserver a minima un espace privé et donc de réguler leurs horaires de façon à être<br />
relativement disponibles pour leur famille, pour leurs amis, pour des loisirs, etc. Dans tous les<br />
cas, prendre la juste mesure des effets de l’activité professionnelle sur la vie privée appelle<br />
une attention à quitter les généralités, au risque sinon de redoubler toutes ces représentations<br />
du « vivre vite » qui assurément ne sont pas pure invention, loin de là, mais qui, cependant, ne<br />
doivent pas recouvrir une réalité finalement assez plurielle.<br />
Afin de restituer cette diversité, ou plutôt d’en livrer un aperçu, puisqu’on n’en aurait<br />
jamais fini de déplier les multiples dimensions de la vie privée, nous allons simplement<br />
exposer quelques éléments portant d’abord sur cette question du rythme de travail. Nous<br />
avons déjà évoqué les horaires entrecoupés des tournées des infirmières libérales. À partir des<br />
informations puisées dans l’enquête par questionnaire, il est possible de se faire une première<br />
idée générale de ce temps que les unes et les autres consacrent à leur métier et, en creux, de<br />
celui dont elles disposent par ailleurs. Ensuite nous reviendrons sur leur (éventuelle) vie de<br />
couple. Nous avons déjà relevé la part conséquente de celles qui ont un conjoint et la<br />
prudence à avoir vis-à-vis de quelques clichés sur la vocation sans voile, etc. Il nous faudra<br />
aussi bien entendu reparler des infirmiers, mais ce qui nous intéressera le plus ici, ce sera la<br />
manière dont elles évoquent ce conjoint, ce compagnon, voire, pour les hommes, cette<br />
compagne à qui ils vont beaucoup demander… Nous relèverons également tout ce qui a trait à<br />
la vie de famille, aux enfants, qui ont bien dû s’adapter à la situation, enfants dont pour<br />
autant, bien souvent, les infirmières ont le sentiment de « ne pas avoir assez profité ». Enfin<br />
224 François Daniellou, « Quand le travail rend malade », Sciences Humaines, n°48, 1995, pp. 16-19.<br />
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