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Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé

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« <strong>Le</strong>s actes infirmiers sont payés par la sécurité sociale et le reste est payé par elle, alors c’est<br />

évident, c’est rationnel ».<br />

Irène<br />

« Il y a des limites quand même, elles ne vont pas me demander d’aller faire toutes les courses<br />

au bourg ».<br />

Léa<br />

Pour clore ce point, il faut préciser que pour les besoins de l’analyse nous avons été<br />

amenés à traiter séparément ces différents critères de mobilisation. Or, il est bien évident<br />

qu’en réalité ceux-ci s’ajoutent, se déduisent, s’annulent, etc. Par exemple, une personne âgée<br />

très lourdement dépendante et vivant seule est plus mobilisatrice que celle qui présente le<br />

même état de dépendance mais qui cohabite avec l’un des ses enfants.<br />

<strong>Le</strong>s enjeux et les conséquences du travail « à-côté » 75<br />

Nous venons de le voir, le degré de mobilisation dans cette catégorie de tâches diffère<br />

d’une professionnelle à l’autre. Or, cette variation peut induire des difficultés dans le<br />

fonctionnement des collectifs de travail. Effectivement, au sein d’un même cabinet de groupe,<br />

on peut relever des niveaux d’implication très contrastés d’une collaboratrice ou associée à<br />

l’autre. Bien entendu, lorsque tous et toutes les collègues partagent les mêmes principes, il n’y<br />

a en général pas de problème puisque tout le monde est « sur la même longueur d’onde ». Par<br />

contre, l’absence de consensus à ce sujet peut parfois être source de quelques tensions entre<br />

collègues. Par exemple, Ankita reproche à sa collègue d’accepter toutes les demandes hors<br />

soins des patients sans presque aucune limite. Cette dernière prépare systématiquement le<br />

petit déjeuner pour une patiente qu’Ankita qualifie quant à elle de « valide ». À ses yeux, ce<br />

travail finit par prendre le dessus sur le travail proprement infirmier :<br />

« Il ne faut pas que l’on passe trois quarts d’heures à faire le lit, ouvrir la fenêtre, préparer le<br />

petit déjeuner et 5 minutes à faire la toilette et on est parti, non ! »<br />

Ankita<br />

Cependant et d’une manière générale, de tels décalages au niveau des façons de faire<br />

ne semblent pas être à l’origine de réels conflits entre paires. Au contraire, les<br />

professionnelles peuvent accorder à ce décalage un caractère bénéfique, celui de la<br />

« complémentarité ».<br />

Ceci étant dit, bon nombre de professionnelles écartent cet aspect de leur pratique pour<br />

définir leur identité professionnelle. Refusant d’être appréciées en fonction de qualités<br />

attendues comme le dévouement ou encore la gentillesse qui renvoient trop à l’aspect<br />

vocationnel du métier, elles se revendiquent par une professionnalité centrée sur la technique :<br />

« La non reconnaissance de la profession, quand je vois une interview sur le Télégramme d’un<br />

infirmier ou infirmière, où elle peut dire que justement qu’on est là pour apporter le bol de<br />

75 L’expression fait référence aux recherches de Florence Weber portant sur le travail réalisé par les ouvriers du<br />

secteur industriel en dehors de l’usine. Florence Weber, <strong>Le</strong> Travail à-côté. Étude d’ethnographie ouvrière, Paris,<br />

INRA-Éditions de l’EHESS, 1989.<br />

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