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Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé

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vue, tour à tour, comme une “sainte laïque”, puis comme une auxiliaire technicienne du<br />

médecin : “la piqueuse”. Cet extrait du témoignage d’une infirmière est éloquent : “J’ai<br />

souvent entendu dire : ça ne doit pas être drôle de faire des piqûres toute la journée !<br />

Premièrement, l’infirmière n’est pas seulement une piqueuse comme on nous appelle souvent,<br />

mais est appelée à faire tous les soins” (Knibielher, p. 196) ». <strong>Le</strong>s infirmières libérales qui ont<br />

précédé les enquêtées, c’est-à-dire les « anciennes », sont perçues de la sorte :<br />

« Je me souviens, il y avait une infirmière, elle laissait tourner son moteur, les gens<br />

l’attendaient avec la fesse découverte ! Alors on faisait de l’abattage, mais on pouvait parce<br />

qu’il y avait énormément d’injections, et puis on y allait matin et soir pendant 15 jours<br />

d’antibiotiques… »<br />

Francine<br />

« Elles ne faisaient que ça, piquer, toute la journée ».<br />

19<br />

Anne-Marie<br />

<strong>Le</strong>s infirmières observent que les médecins généralistes et plus encore les médecins<br />

hospitaliers (et notamment les chirurgiens semble-t-il) incitent de plus en plus les patients et<br />

leurs proches à participer à la production de leurs soins. Ces constats témoignent des effets de<br />

la transformation de la relation soignant-soigné : « La relation malade-médecin était jusque-là<br />

dominée par la figure vocationnelle du soignant, ses qualités d’écoute et d’empathie,<br />

opposées au statut inférieur du soigné “aveugle, douloureux et essentiellement passif”,<br />

suivant une formule du premier Président de l’Ordre des médecins, Louis Portes (Portes,<br />

1954). La prise d’autonomie devient appréciable à l’aune de la qualité du consentement du<br />

sujet de soins, défini comme un “citoyen libre, adulte et responsable” (Rapport Evin) 22 ».<br />

Ainsi, les actes réalisés par les patients eux-mêmes ne se limitent pas à certaines injections,<br />

mais concernent d’autres soins encore, comme par exemple les pansements :<br />

« Oui, moins de perf à domicile, mais je fais quand même des perfusions de compléments de<br />

chimiothérapie, des trucs comme ça, quelquefois en fin de vie pour une hydratation suffisante,<br />

mais tout est relatif par rapport à ça, parce que maintenant on perfuse plus systématiquement.<br />

Un temps, on avait nettement plus de pansements ou de choses comme ça, parce que ici<br />

certains intervenants faisaient revenir les gens à la consultation de l’hôpital, alors que bon.<br />

Mais bon là, et on sent aussi qu’il y a des encouragements envers les familles à faire les soins<br />

eux-mêmes, ça c’est manifeste ! Vous pouvez faire, même les piqûres de Fragmine et tout ça,<br />

ils leur disent carrément, soit au mari ou la personne elle-même, ou à la femme de faire les<br />

piqûres elle-même. On le sait, parce qu’il y a des personnes qui refusent et qui finalement<br />

obtiennent une ordonnance pour que l’infirmière le fasse, mais je pense qu’il y en a plein<br />

qu’on ne sait pas ! Oui, l’hôpital, dans différents services, que ce soit en clinique aussi bien,<br />

oui. Et les pansements c'est pareil, j’ai eu des appels de personnes qui avaient des pansements<br />

où vraiment c’était impossible d’atteindre en plus la plaie, ou quoi que ce soit parce qu’elle<br />

était située dans le dos, et débrouillez-vous, faites appel à un voisin, même j’ai entendu ! J’ai<br />

été appelée par deux personnes, elles ont réussi à décider le médecin traitant alors qu’il y<br />

avait une ordonnance, mais c’était même avec des pansements avec méchage dans le dos et il<br />

fallait que la personne se débrouille toute seule ! Ou qu’elle appelle, et évidemment elle a<br />

appelé son médecin parce qu’elle n’y arrivait pas et qu’en plus ça se compliquait, mais elle a<br />

quand même essayé. Mais ça se compliquait, et effectivement il a fallu rouvrir un peu, enfin ça<br />

22 Anne-Marie Moulin, « Ordre et désordre dans le champ de la santé » in François-Xavier Schweyer, Simone<br />

Pennec, Geneviève Cresson, Françoise Bouchayer, Normes et valeurs dans le champ de la santé, Rennes,<br />

Éditions de l’ENSP, 2004, p. 26.

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