Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
diverses catégories d’intervenants à domicile 72 ). Dans le premier cas de figure, les infirmières<br />
acceptent de réaliser ces activités pour assurer la continuité de la prise en charge du malade<br />
(auprès duquel, les intervenants se succèdent et n’assurent pas une présence continue). Tout<br />
ce travail n’est pas placé au premier plan de l’activité infirmière et reste qualifié de<br />
« dépannage », d’« exception », etc. Il concerne, il est vrai, des activités jugées peu<br />
prestigieuses dans le champ de la santé. Par exemple, très ponctuellement, en raison des<br />
congés de l’aide ménagère, on accepte de passer chez le boulanger pour acheter du pain à la<br />
personne que l’on soigne. Ou encore :<br />
« On ferme les volets parce que c’est l’heure, l’aide ménagère ne l’a pas fait avant parce qu’il<br />
fait jour (…) On vide un Montauban parce qu’il n y aura personne à passer après, on ne va<br />
pas laisser une odeur de catastrophe toute la nuit ».<br />
Irène<br />
« C’est hors du rôle professionnel, sauf exception, je ne vais pas dire "ah non vous allez<br />
attendre" ; "vous pouvez me mettre à faire pipi " ; "non vous allez attendre la personne qui<br />
doit venir… " Non ! non ! mais je crois que c’est humain ».<br />
Élisabeth<br />
Dans le second cas de figure, sur lequel nous serons également amenés à revenir plus<br />
loin, les infirmières acceptent, ou plutôt se retrouvent dans l’obligation encore de se<br />
« substituer » aux autres intervenants à domicile, et notamment aux aides ménagères. <strong>Le</strong><br />
manque de « sérieux » et de « conscience professionnelle » de ces travailleuses est invoqué<br />
pour dénoncer là encore une forme d’abandon de la personne soignée :<br />
« C’est toujours pareil, ils acceptent le travail. Par exemple, hier je suis allée chez une dame à<br />
10 heures 30, elle devait être levée depuis 9 h et elle était toujours dans son lit. L’aide<br />
ménagère n’était pas venue pour lui servir son petit déjeuner, pour ouvrir… Elle n’est pas<br />
venue de la journée. Alors l’infirmière arrive et l’infirmière fait… le petit déjeuner, et je lui ai<br />
préparé son repas de midi et puis j’ai essayé d’appeler l’aide ménagère, mais pas de réponse<br />
portable éteint ».<br />
50<br />
Jacqueline<br />
La mobilisation des professionnelles est par ailleurs fortement déterminée par la nature<br />
même des actes hors soins. En ce sens, on peut dire que certaines activités sont plus<br />
mobilisatrices que d’autres au regard de leur contenu. Nous avons pu remarquer que les<br />
diverses aides pouvant être apportées en dehors du soin proprement infirmier sont l’objet<br />
d’une catégorisation symbolique. Certaines de ces activités sont considérées comme ayant<br />
malgré tout un rapport direct avec le travail infirmier. Aussi, même si celles-ci ne font pas<br />
partie des actes répertoriés dans la nomenclature des soins infirmiers, elles restent considérées<br />
comme légitimes par la plupart des professionnelles du fait justement de ce caractère limite 73 .<br />
À ce sujet, les soignants ont essentiellement évoqué les courses à la pharmacie et au<br />
laboratoire d’analyse :<br />
72 À ce sujet, nous pouvons déjà citer quelques titres d’articles parus dans la presse professionnelle :<br />
« Collaboration infirmiers libéraux/aides à domicile : gageure ou nécessité ? » ; « Nouveaux métiers du domicile,<br />
ennemis ou partenaires ? »…<br />
73 Bien entendu, quelques-unes refusent systématiquement de réaliser ces tâches.