Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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« Il y en a qui veulent trop bien faire et celles qui n’en font pas assez, donc leur montrer où sont<br />
les points importants ».<br />
3. <strong>Le</strong>s « aides ménagères qui outrepassent leurs fonctions ».<br />
Cette troisième figure illustre à elle seule la logique de concurrence exposée plus haut.<br />
<strong>Le</strong>s aides à domicile qui empiètent sur la fonction infirmière se retrouvent chez les plus<br />
expérimentées comme chez les débutantes :<br />
« Elles font des choses qui ne sont pas à leur niveau ».<br />
4. <strong>Le</strong>s aides ménagères « qui ne sont pas à la hauteur »<br />
Dans cette dernière catégorie de représentations, les intervenantes à domicile ne sont<br />
qualifiées qu’à partir de leurs défauts : absence de formation, manque d’investissement dans<br />
le travail et « conscience professionnelle » inexistante :<br />
« Je vois des filles qui ne font que passer ».<br />
Précisant que « ce n’est pas une histoire d’âge », Jacqueline partage le point de vue<br />
d’Irène :<br />
« C’est toujours pareil, ils acceptent le travail. Par exemple hier, je suis allée chez une dame à<br />
10h30, elle devait être levée à 9 heures et elle était toujours dans son lit. L’aide ménagère<br />
n’était pas venue pour lui servir son petit déjeuner, pour ouvrir… Elle n’est pas venue de la<br />
journée, alors l’infirmière arrive et l’infirmière fait… <strong>Le</strong> petit déjeuner, et je lui ai préparé<br />
son repas de midi et puis j’ai essayé d’appeler l’aide ménagère, mais pas de réponse, portable<br />
éteint (…) <strong>Le</strong> samedi, elles disent à demain et le lendemain, il n y a pas personne ».<br />
Au besoin, les infirmières signalent de tels manquements aux services qui emploient<br />
ces professionnelles : « Il a fallu taper du poing sur la table ». De telles difficultés sont<br />
parfois imputées aux services dirigés par des bénévoles – c’est le cas pour les ADMR – qui<br />
sont, d’après elles, peu au fait des modes de gestion des personnels et des compétences. Ici et<br />
là, certaines infirmières libérales ont aussi fait part de critiques vis-à-vis de certains<br />
organismes qui, à leurs yeux, ne parviennent pas à encadrer leurs personnels et à enrayer leur<br />
absentéisme voire qui « embauchent n’importe qui »… À quoi renvoie ce « n’importe qui ? »<br />
Plus ou moins explicitement, quelques infirmières ont évoqué des « situations sociales », des<br />
« jeunes mères vivant seules avec leurs enfants, ayant des difficultés financières et acceptant<br />
le premier job venu… », etc. De tels constats rejoignent les réflexions de Brigitte Croff et<br />
Micheline Mauduit au sujet des modalités de recrutement de ces personnels : « <strong>Le</strong>s critères de<br />
sélection annoncés sont souvent très élevés et exigeants, ne prenant pas en compte la réalité<br />
des personnes qui postulent spontanément ou sont orientées vers ces métiers. Dans la réalité,<br />
les structures d'employeurs ne trouvent pas les personnes répondant aux critères et elles<br />
puisent de fait dans le vivier des personnes dites en difficultés, sans pour autant mettre en<br />
face les dispositifs d'accompagnement nécessaires qui permettent de retrouver l’estime de soi<br />
et une utilité sociale » 156 .<br />
156 Brigitte Croff et Micheline Mauduit, « Travailler auprès des personnes âgées : une chance pour repartir dans<br />
la bonne direction », Gérontologie et société, n° 104, p. 236.<br />
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