Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
de l’école, moi j’avais déjà repris ma journée. Et comme je rentrais à 21 heures 30 ils étaient<br />
déjà couchés, ce qui fait que je passais des semaines sans les voir. Je tire mon chapeau à mon<br />
mari, parce que c’est lui qui a tout assumé à la maison pendant ce temps-là ».<br />
Anne-Marie<br />
« Dans un village au-dessus, mon mari l’amenait le matin, il la récupérait en sortant et depuis<br />
qu’on a le petit, on a pris une nourrice à la maison une semaine sur deux ».<br />
Anne<br />
« Mon mari il a accepté parfaitement. De ce côté-là, il n’y avait pas de problème. <strong>Le</strong>s<br />
horaires, tout ça, ça ne l’a jamais... Il est totalement autonome à la maison, donc quand les<br />
enfants étaient petits, quand je faisais 15 jours, je ne voyais pas mes enfants pratiquement<br />
pendant 15 jours. <strong>Le</strong> seul moment où j’étais là, c’était quand ils n’étaient pas là. Je ne pouvais<br />
pas aller chez la nourrice les récupérer quand j’avais un trou, les nourrices, elles ne sont pas<br />
d’accord, et puis d’autre part c’était stupide parce que j’étais susceptible se repartir à<br />
n’importe quel moment, donc je n’allais pas prendre mon mouflet sous le bras pour le recoller<br />
à la nourrice. Donc pendant 15 jours je ne les voyais pas et lui a totalement assuré ».<br />
Sophie<br />
Comme pour ce qui est des tâches ménagères, il y a des conjoints qui coopèrent et<br />
d’autres pas. Dans certains couples les tensions s’exacerbent, la mésentente s’installe et,<br />
parmi d’autres facteurs, visiblement tout ce qui a trait au fait de devoir assurer l’éducation des<br />
enfants au quotidien peut devenir source de conflits. Toutes n’entendent pas – ou ne<br />
parviennent tout simplement pas – à réduire leurs activités. Autonomes financièrement,<br />
capables, s’il le faut vraiment, de trouver des solutions de substitution aux défaillances des<br />
maris voire à des formes implicites de chantage… quelques ingrédients d’un fossé qui se<br />
creuse peuvent être ainsi réunis. « Une majorité de conflits, écrit Jean-Claude Kaufmann, se<br />
forme par révélation brusque de l’inacceptabilité des manières de faire du conjoint. On<br />
voudrait ne pas les voir mais elles sont tellement intolérables que ce sont justement elles qui<br />
provoquent soudainement la crise. L’extrême variabilité des effets de la confrontation de<br />
manières de faire (de l’oubli de la différence à l’explosion brutale) s’explique ici par le<br />
caractère contradictoire du travail identitaire. <strong>Le</strong> couple est un élargissement du soi, une<br />
immersion du je dans un concret vécu à deux en même temps qu’un refus amoureux de la<br />
critique du partenaire (d’où la capacité de négation de la différence). Mais l’individu ne peut<br />
pas ne pas resurgir par la réaffirmation de ses frontières propres » 234 . Pour peu que le<br />
désenchantement amoureux, pour d’autres raisons encore, apparaisse, et on en arrive à des<br />
couples au bord de la rupture. Parfois il y a renégociation, parfois pas. Dans tous les cas il y a<br />
épreuve, surtout au moment où le cycle conjugal voit l’intensité du climat émotionnel<br />
décliner.<br />
« <strong>Le</strong>s gamins, c’est elle qui s’en occupait. Bon, je les voyais sans les voir, je rentrais à<br />
n’importe quelle heure le soir, ils étaient couchés, le samedi dimanche je n’étais qu’au boulot<br />
(...) Donc ça s’est terminé par un divorce, parce que je ne faisais plus que bosser, et là les<br />
projets se sont disjoints, et quand on a constaté que ça ne collait plus, bien ça ne collait plus,<br />
c’était trop tard ».<br />
Pierre<br />
234 Jean-Claude Kaufmann, Sociologie du couple, Paris, PUF, 2004, p. 118.<br />
172