Le Métier d'Infirmière Libérale (Tome 2) - A ... - SIDERAL-Santé
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Aussi, comme le souligne à juste titre Fabienne Midy 40 « <strong>Le</strong>s relations de l'infirmière<br />
avec le patient sont également mises en avant, car dans le système de santé soins, c'est<br />
indéniablement l'infirmière qui est la plus proche des patients. <strong>Le</strong> fantasme de la blouse<br />
blanche provient de ce corps à corps, inhérent au métier, entre le soignant et le soigné »<br />
<strong>Le</strong> degré d’interconnaissance intervient aussi dans la relation soignante-soigné. Ankita<br />
exprime ainsi sa difficulté à devoir soigner des hommes qu’elle côtoie en dehors du cadre de<br />
la relation thérapeutique. À ses yeux, il est plus facile de soigner des hommes que l’on connaît<br />
très bien ou que l’on ne connaît pas du tout :<br />
Ankita : « Ce que je trouve gênant, c’est de soigner quelqu’un qu’on a connu en dehors par<br />
exemple au sein d’un club, et il se dit “puisque je connais l’infirmière je vais y aller”, si c’est<br />
un pansement sur le bras ça va, mais si c’est un pansement au niveau du scrotum… Pour moi<br />
c’est gênant, pour eux je ne pense pas car ils ont fait la demande, j’ai eu deux personnes qui<br />
sont venues comme ça, je faisais de l’informatique, je m’étais inscrite au club informatique et<br />
tout le monde savait que j’étais infirmière et ils sont venus tous avec un problème particulier,<br />
pas en même temps, deux hommes. Je m’attendais à tout mais pas à ça, là oui je trouve ça<br />
gênant, j’avais dit à ma collègue oui parce qu’on se dit des choses quand même ! ! Mais ça<br />
moi non, faire des soins sur des inconnus ça ne me dérange pas du tout, mais c’est pas des<br />
personnes que je connaissais intimement ni rien, je pense qu’avec quelqu’un que je connais<br />
plus intimement, il n’y aurait pas de problème non plus, mais pour des gens qu’on côtoie<br />
comme ça ! »<br />
Chercheur : « Et du coup vous avez accepté ? ».<br />
Ankita : « Oui j’ai accepté ».<br />
Chercheur : « Parce que vous auriez pu le réorienter vers vos collègues ? ».<br />
Ankita : « Oui, on aurait pu faire ça, mais en fait ces deux personnes quand elles ont<br />
téléphoné c’était ma collègue qui travaillait donc elle les a pris. Bon, il m’avait dit qu’il avait<br />
des fils à enlever mais sans préciser où, et des pansements à faire, j’ai dit oui, bon une fois<br />
qu’on arrive sur le fait accompli on ne va pas dire “excusez moi je m’en vais”. Ils n’ont pas<br />
vu, ni senti ma gêne. J’ai fait ça professionnellement, mais c’est vrai que c’est des choses qui<br />
me dérangent ».<br />
Enfin, les infirmières qui ont eu l’occasion de travailler avec un collègue masculin<br />
retracent plutôt négativement cette expérience. Si les hommes malades peuvent effectivement<br />
préférer être soignés par des infirmiers (notamment pour tout ce qui a trait à l’hygiène), les<br />
patientes préfèrent quant à elles être soignées par des femmes 41 . Françoise a collaboré avec un<br />
homme durant un temps et elle pense qu’une part non négligeable de patientes s’est adressée<br />
prioritairement au cabinet concurrent implanté sur la même commune. Élisabeth qui a été<br />
remplacée par un infirmier durant un mois exprime la même réserve :<br />
« Donc difficile d’admettre un homme sur ma clientèle, mais ça vient peut-être de moi, je ne<br />
sais pas, difficile, j’ai une petite réticence, et les gens… J’ai eu une fois un homme qui est<br />
venu pour un mois. Je ne dis pas qu’il n’était pas bien, il débutait, et par rapport à la clientèle<br />
c’était un peu plus difficile, et il y a moins ce rapport-là quand ils sont en milieu hospitalier,<br />
j’ai l’impression… Ils sont tellement en état d’infériorité, et la personne qui vient est là pour<br />
les soigner ».<br />
Élisabeth<br />
40 Fabienne Midy, <strong>Le</strong>s infirmières : l’image d’une profession, op. cit., p. 13.<br />
41 En raison de l’écart entre l’espérance de vie féminine et masculine, les femmes sont en général sureprésentées<br />
dans la clientèle des infirmières libérales, surtout aux âges les plus élevés.<br />
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