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L'INCENDIE MILLENARISTE - Basse Intensité

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La religion contenait tout l'espoir des hommes en une vie<br />

autre, elle se présentait parée de beautés inconnues et mystérieuses,<br />

son attrait était celui de l'Esprit, sa fascination, irrésistible<br />

; les hommes y côtoyaient l'idée d'un monde. Si<br />

l'identification à la religion impliquait l'acceptation du sort terrestre<br />

et le refoulement du désir d'en sortir, la critique de la religion,<br />

elle, devait impliquer la négation de ce sort commun qui<br />

allait alors exister comme quelque chose à ne plus subir. Notons<br />

que notre rapport au monde du spectacle se construit dans les<br />

mêmes termes et que l'identification au spectacle implique<br />

l'acceptation de la vie quotidienne et l'ignorance de sa misère ;<br />

avec cependant une différence importante, ce rapport n'est plus<br />

d'essence religieuse mais de nature religieuse.<br />

Avec la religion l'esprit du monde était nommé, il était connaissable,<br />

du moins pouvait-on encore en parler, et l'on ne s'en<br />

privait pas. Avec la marchandise, l'esprit du monde n'est plus<br />

nommé, il est devenu l'extériorité absolue ; Marx a, à la fois,<br />

tort et raison de parler du «fétichisme de la marchandise» : la<br />

marchandise contient bien tout l'esprit mais comme extériorité,<br />

l'esprit est désormais ce qui ne peut être nommé. Le spectacle<br />

est la représentation religieuse qui s'est objectivée. Le monde du<br />

spectacle, comme le monde de la religion, est le lieu de la conscience<br />

séparée et l'unification que le spectacle accomplit reste<br />

du domaine de l'imaginaire mais cette identification se fait<br />

désormais dans le silence le plus complet*.<br />

Le rêve de la religion était quelque chose de vécu collectivement<br />

alors que le rêve de la marchandise, sa promesse de bonheur,<br />

est vécu solitairement. La marchandise se présente, parée<br />

de tous les attraits du désirable, devant les foules solitaires. Avec<br />

la religion, l'aliénation était subjective, à la portée de la pensée<br />

de chacun, l'idée de Dieu, ou celle du paradis, restait une idée<br />

qui se communiquait. La marchandise est à la portée du regard<br />

de chacun mais définitivement hors de portée de la pensée, son<br />

idée est parfaitement inaccessible.<br />

Le rapport maître-esclave est directement vécu, c'est justement<br />

ce qui n'est pas vécu, la résolution dialectique de ce rapport,<br />

qui se trouve éloignée dans une représentation spectaculaire<br />

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