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L'INCENDIE MILLENARISTE - Basse Intensité

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ses coloniales. Les cultes du Cargo avaient ainsi constitué le nerf<br />

de cette résistance à la privatisation de la terre : la terre où reposait<br />

la mémoire commune et qui était la base de la vie communautaire<br />

— et dont les récoltes constituaient l'offrande privilégiée<br />

aux dieux, l'élément central dans le rapport avec l'esprit fondateur.<br />

Par la suite, les indigènes continuèrent à s'opposer à ce<br />

qu'on fasse commerce de la terre. En faisant obstacle à toute<br />

forme d'appropriation privée à l'intérieur même de la société<br />

indigène, ils interdirent la constitution d'une quelconque<br />

forme de capital foncier parmi eux, laquelle aurait été le préalable<br />

à la mise en place d'un système d'exploitation indigène du<br />

travail d'autrui, selon le principe occidental... En 1969 est ainsi<br />

apparu le mouvement «Komge Oro», chez les Binandere, à l'est<br />

de la Nouvelle-Guinée. Dans cette région qui fut le foyer central<br />

du culte du Taro, le mouvement Komge Oro reprit, cinquante<br />

ans après, la même démarche consistant à réaffirmer la<br />

communauté indigène, autour de l'unité du village, face à<br />

l'intrusion des rapports marchands. Le mouvement se répandit<br />

dans les années 70, lorsque la population se dressa contre les<br />

propositions faites par une importante compagnie étrangère de<br />

louer une partie des terres et des forêts de la région en vue de<br />

l'exploitation à grande échelle des ressources en bois. Une telle<br />

cession des droits aurait inévitablement entraîné la dislocation<br />

du système coutumier. Les Binandere se rallièrent à Komge Oro<br />

pour rejeter les offres de la compagnie multinationale, et dont<br />

le projet se serait traduit par la dilapidation des ressources locales<br />

et la dépendance financière au commerce d'importation. En<br />

même temps le mouvement insista tout particulièrement sur le<br />

renforcement des liens communautaires, et exalta les activités<br />

cérémonielles et l'organisation de fêtes au cours desquelles des<br />

porcs et de la nourriture en abondance devaient être offerts (ceci<br />

entraînant évidemment la réciproque). A cette intention, des<br />

élevages de bétail furent créés, dont la production devait être<br />

réservée aux occasions festives et à la consommation villageoise,<br />

et qui devait être assurés collectivement.<br />

En 1968 était né aux îles Trobriand le mouvement «Kabisawali»,<br />

aux objectifs analogues. Il était issu de l'initiative des<br />

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