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L'INCENDIE MILLENARISTE - Basse Intensité

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jadis interdites : la boisson de kava, la polygamie, les danses,<br />

etc. Les seules coutumes que John Frum appelait à rétablir étant<br />

précisément celles qui avaient été combattues par les Missions.<br />

Les richesses des Blancs reviendraient aux indigènes. Ceux-ci se<br />

livrèrent à une véritable orgie de consommation dans les boutiques<br />

européennes, afin de se débarrasser de leur argent. Certains<br />

allèrent jusqu'à jeter leurs économies à la mer, en vertu du<br />

principe que «lorsqu'il n'y aurait plus d'argent dans l'île, les<br />

commerçants blancs seraient obligés de partir puisqu'il n'y<br />

aurait plus de débouchés pour leurs activités». On donna des<br />

fêtes somptueuses où l'on consomma toute la nourriture disponible.<br />

Ces fêtes étaient particulièrement licencieuses, en regard<br />

des conventions régnant jusque-là.<br />

La première manifestation du mouvement John Frum eut lieu<br />

en avril 1940, mais n'alarma pas outre mesure les autorités. En<br />

mai 1941, le désordre reprit avec plus d'ampleur. Il y eut à nouveau<br />

des ruées sur les magasins, où les indigènes claquaient tout<br />

leur fric. Certains indigènes arrivaient avec plus de 100 £ dans<br />

les poches, aussitôt dépensées en achats extravagants. On abattit<br />

vaches et porcs, afin de nourrir ceux qui se livraient à d'interminables<br />

danses nocturnes, tout le monde étant saoul de kava.<br />

Inutile de préciser que les Missions et les offices chrétiens étaient<br />

désertés, ainsi que les écoles. Les missionnaires étaient trompés<br />

par leurs hommes de confiance indigènes, tous passés au culte<br />

de John Frum. Les grands villages où les autorités avaient forcés<br />

les gens à se rassembler, des années auparavant, furent entièrement<br />

abandonnés : ils disparurent, et cela définitivement. On<br />

se divisa en petites unités familiales vivant en hameau, ce qui<br />

constituait aussi bien une rupture d'avec l'habitat imposé par<br />

les Blancs que d'avec l'ancien mode de vie par groupes. Guiart<br />

note que les indigènes «auront au moins conquis la liberté de<br />

résidence à l'intérieur de leur île».* En effet, l'Ad. ne put jamais<br />

plus revenir là-dessus, même par la contrainte : quand aux Missions,<br />

leur pouvoir fut définitivement ruiné par le mouvement.<br />

* «Un siècle et demi de contacts culturels à Tanna, Nouvelles-Hébrides».<br />

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