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L'INCENDIE MILLENARISTE - Basse Intensité

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donc créer chez elles le besoin de l'argent afin de les contraindre.<br />

L'introduction de l'impôt, la taxe de capitation, chez<br />

les indigènes devait les stimuler au travail salarié : les Britanniques,<br />

imités en cela par les autres puissances coloniales, avaient<br />

déjà eu recours à ce procédé en Afrique. En 1924, un responsable<br />

australien déclarait que «l'objectif essentiel de la taxe de<br />

capitation n'est pas d'encaisser un revenu fiscal, mais de créer<br />

chez les indigènes le besoin de l'argent, qui les pousserait à travailler<br />

pour les Européens et les forcerait à accepter<br />

l'embauche.» Pire, ceux qui travaillaient payaient moins<br />

d'impôt que les réfractaires. Dans le district de Madang (N-E<br />

Nlle-Guinée), à partir de 1907, les hommes durent payer un<br />

impôt individuel de 5 marks par an : en étaient exemptés ceux<br />

qui travaillaient sous contrat ou ceux qui avaient effectué au<br />

moins 6 mois de travail dans l'année. L'impôt, dont 1/10 était<br />

retenu par les chefs locaux mis en place à l'initiative de l'Administration,<br />

mettait les gens dans la nécessité d'accepter un<br />

emploi chez les Européens. Les travailleurs sous contrat encouraient<br />

des sanctions pénales s'ils en enfreignaient les clauses :<br />

amendes, prison, fouet. La main d'œuvre, malgré cela, restait<br />

peu en place. Les salaires étaient très bas, même pour la zone du<br />

Pacifique.<br />

L'expérience subie par ces indigènes embauchés était bouleversante<br />

et elle eut tôt fait de saper toute confiance envers les<br />

Blancs. L'hostilité devait d'abord se traduire par de nombreux<br />

meurtres d'Européens, qui entraînèrent à chaque fois de terribles<br />

représailles militaires. Les indigènes rassemblés sur les chantiers<br />

et dans les plantations se forgèrent spontanément un langage<br />

commun face à l'ennemi, à base de vocabulaire anglais et<br />

de dialectes locaux, qu'on appella le «pidgin english». Les Mélanésiens<br />

disposèrent dès lors d'une langue parlée et comprise<br />

dans toutes les îles, par-delà les parlers propres à chaque tribu.<br />

L'extension du système colonial et la mise au travail d'une<br />

partie croissante de la population adulte mâle brisa l'organisation<br />

indigène villageoise, qui avait assuré jusque là à tous une<br />

abondance régulière et ignorait les questions de subsistance.<br />

Dans les années 20, on commença à signaler une pénurie de<br />

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