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L'INCENDIE MILLENARISTE - Basse Intensité

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— Que c'est une imperfection que de s'exercer à des actes de<br />

vertus et qu'une âme parfaite licencie les vertus.<br />

— Que le baiser d'une femme est un pêche mortel, si l'inclination<br />

n'y porte pas, mais que l'acte charnel, quand la nature y<br />

porte, n'est pas un péché surtout si celui qui exerce cet acte est<br />

tenté... »<br />

La répression fut organisée à grande échelle à partir des premières<br />

années du XIV e contre la propagation du mouvement,<br />

qui bénéficiait d'appuis très solides dans certaines villes «entre<br />

Somme et Rhin», aussi bien dans la masse des pauvres que dans<br />

les rangs même de la noblesse (telle Bloermardinne, une<br />

béguine de Bruxelles issue d'une haute famille de la ville et<br />

dont les inquisiteurs ne purent jamais obtenir la tête, malgré<br />

tout le tort qu'elle sut leur causer). Les Frères et Sœurs adoptèrent<br />

bien souvent une attitude tout à fait lucide par rapport aux<br />

tribunaux de l'Inquisition, n'hésitant pas à abjurer pour sauver<br />

leur peau : ils considéraient que le reniement fait devant les<br />

sinistres juges n'avait aucune espèce de vérité intérieure ni de<br />

conséquence. N'étant pas liés par un serment avec Dieu,<br />

comme tous les autres hérétiques — et pour cause, puisque Dieu<br />

c'était eux et rien d'autre en dehors — ils pouvaient essayer de<br />

s'en tirer en suivant l'attitude la plus rationnelle qui consiste à<br />

mentir à tout flic et à tout juge ; la chose était non seulement<br />

admise mais encouragée dans beaucoup de Fraternités.<br />

Le mouvement du Libre Esprit annonçait le contenu des inssurections<br />

paysannes et citadines qui allaient s'en prendre au<br />

pouvoir conjugué du clergé, de la noblesse et de la bourgeoisie à<br />

la fin du XIV e et ensuite. Par leur façon de vivre, les adeptes réalisaient<br />

l'idée d'égalité qui avait toujours hanté la conscience<br />

des pauvres du Moyen-Age, et que la religion avait repoussé<br />

dans une communauté purement céleste. Pour la première fois<br />

l'égalité des hommes et des femmes était accomplie dans une<br />

pratique commune. En témoignaient non seulement le grand<br />

nombre de femmes parmi les animatrices du mouvement, mais<br />

l'absence totale de différenciation hiérarchique, par exemple<br />

entre Béguines et Bégards, et la liberté entière qui était faite à<br />

chacun comme à chacune de prendre son plaisir avec n'importe<br />

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