08.09.2013 Views

L'INCENDIE MILLENARISTE - Basse Intensité

L'INCENDIE MILLENARISTE - Basse Intensité

L'INCENDIE MILLENARISTE - Basse Intensité

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

vivres dans de nombreux villages, due à l'absence de la plupart<br />

des hommes devenus travailleurs salariés. La base même du<br />

système indigène fondé sur l'échange réciproque était du coup<br />

profondément entamée puisqu'en Mélanésie les manifestations<br />

rituelles les plus importantes se concentraient sur l'exhibition et<br />

la consommation collective d'une grande quantité d'aliments :<br />

ignames, porcs, taros etc. Le culte du Taro fut une réaction à ce<br />

processus de désagrégation sociale. Plus simplement, les activités<br />

rituelles et festives étaient à l'abandon faute de gens pour les<br />

préparer et y participer : leur temps était pris parle travail salarié.<br />

Le contrôle administratif essayait de limiter le recrutement de<br />

main d'œuvre à un tiers des hommes adultes du même village,<br />

afin de ne pas se retrouver avec des problèmes de famine à<br />

résoudre. Mais l'impôt individuel en obligeait de fait un nombre<br />

toujours croissant à travailler chez les Blancs, ce qui, étant<br />

donné l'échec des tentatives de l'Administration pour développer<br />

une production indigène autonome, restait le seul moyeji de<br />

gagner l'argent nécessaire (l'Administration avait encouragé les<br />

indigènes à produire du coprah par eux-mêmes, certaine qu'ils y<br />

mettraient plus de cœur qu'au service des colons : mais les prix<br />

d'achats dérisoires qu'offraient les marchands européens à ces<br />

petits producteurs indépendants firent presque toujours tourner<br />

court la tentative - ceux qui réussirent malgré ça devenant de<br />

fidèles larbins des Blancs). Les expropriations de terres, çà et là,<br />

contre des dédommagements dérisoires, n'arrangèrent rien.<br />

Bien que peu de terres aient été expropriées par les entreprises<br />

européennes, l'effet en était catastrophique pour les indigènes<br />

puisqu'il s'agissait toujours des sols les plus fertiles et les plus<br />

aisés à travailler.<br />

L'impôt avait été décisif pour constituer la force de travail<br />

indigène. Mais un autre élément incita les gens, surtout les jeunes,<br />

à chercher un emploi européen : l'appât que constituaient<br />

les biens de l'homme blanc. Pour se les procurer, il fallait inévitablement<br />

gagner de l'argent. Une fois créée la main d'œuvre,<br />

les désirs allumés par la vue des marchandises attirèrent les jeunes<br />

de façon autrement plus efficace que la contrainte pure. Ils<br />

364

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!