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catalogue 2007 en .pdf - Festival international du documentaire de ...

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ÉCRANS PARALLÈLESRÉTROSPECTIVE PEDRO COSTAEPplus exact, Vanda et sa sœur Zita paraiss<strong>en</strong>t ne ri<strong>en</strong> faire, et pourtant leurs gestes à tousont la même nécessité. Les facéties <strong>de</strong> Jean-Marie donn<strong>en</strong>t une liberté d’élan à la décision<strong>de</strong> couper ; <strong>de</strong> même, c’est bi<strong>en</strong> l’épaisseur d’un mon<strong>de</strong> que Vanda feuillette <strong>en</strong> grattant lespages <strong>de</strong> son annuaire, à la recherche d’un gramme <strong>de</strong> drogue collé <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux adresses.A la sortie, certains avai<strong>en</strong>t reproché à Vanda “d’esthétiser la misère”. Où gît a apporté unan plus tard un dém<strong>en</strong>ti in<strong>du</strong>bitable. La preuve que le premier est exempt <strong>de</strong> toute distancevoyeuriste ou esthétisante, c’est que le second montre combi<strong>en</strong> sont étroitem<strong>en</strong>t liésles gestes <strong>du</strong> désœuvrem<strong>en</strong>t et ceux <strong>du</strong> travail : l’on ne cesse, dans les <strong>de</strong>ux chambres, <strong>de</strong>faire passer les uns dans les autres. Le rapport <strong>de</strong> l’œuvre à son abs<strong>en</strong>ce fonctionne à pleinrégime. On peut imaginer que cela fut pour Costa une libération : l’<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t àprolonger la leçon avec un film tourné avec les mêmes “acteurs” que Vanda, mais osantcette fois la fiction, afin d’affirmer avec une fermeté accrue la dignité d’art <strong>de</strong>s pauvres <strong>de</strong>Fontainhas.D’un autre côté, cep<strong>en</strong>dant, la proximité <strong>de</strong> Vanda et d’Où gît semblait tout résoudre d’uncoup, trop facilem<strong>en</strong>t. Quel cinéma inv<strong>en</strong>ter pour <strong>de</strong>main une fois établie l’égalité <strong>de</strong> lamonteuse et <strong>de</strong> la <strong>de</strong>aleuse, <strong>de</strong> la pati<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’art et <strong>de</strong> l’exist<strong>en</strong>ce affairée à se détruire ?Vanda et Où gît sont <strong>de</strong>ux grands films, mais il fallait que Costa casse la trop belle harmonie<strong>de</strong>s contraires. Il fallait qu’il aille ailleurs : En avant, jeunesse. Il y a d’évid<strong>en</strong>ce été aidé parl’obligation <strong>de</strong> trouver une nouvelle <strong>de</strong>meure, consécutive à l’exil <strong>de</strong>s anci<strong>en</strong>s habitants <strong>de</strong>Fontainhas. Mais il a fait davantage : il a ajouté une touche personnelle, <strong>en</strong> r<strong>en</strong>ouant aveccertains élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ses trois premiers longs métrages, Le Sang (1989), Casa <strong>de</strong> Lava(1994), Ossos (1997).C’est une surprise : on n’a pas oublié que le cinéaste a souv<strong>en</strong>t déclaré avoir tiré un traitsur cette pério<strong>de</strong>, racontant notamm<strong>en</strong>t combi<strong>en</strong> le tournage d’Ossos avait con<strong>du</strong>it à unesaturation. Lassitu<strong>de</strong> à l’égard <strong>de</strong> la lour<strong>de</strong>ur <strong>du</strong> travail <strong>en</strong> équipe, dégoût <strong>du</strong> temps per<strong>du</strong>à discuter <strong>de</strong> tout et <strong>de</strong> ri<strong>en</strong> avec les technici<strong>en</strong>s, sauf <strong>du</strong> film ; décision, <strong>en</strong>suite, <strong>de</strong> travaillerseul ou à quelques uns <strong>en</strong> mini-DV, et <strong>de</strong> tirer parti <strong>de</strong>s possibilités offertes par le numérique: tourner quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t, accumuler les rushes à bas prix (chiffres <strong>de</strong> Jeunesse : troisc<strong>en</strong>t cinquante heures pour un an et <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> tournage à raison <strong>de</strong> six jours par semaine),<strong>de</strong>v<strong>en</strong>ir un être d’habitu<strong>de</strong>s, un ouvrier <strong>de</strong> l’art. Costa est sévère à l’égard <strong>de</strong> ses premiersfilms : “Le cinéma m’a trompé”, a-t-il dit, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dant sans doute qu’avec Le Sang, puis Casa<strong>de</strong> Lava, il s’est cont<strong>en</strong>té d’exercices cinéphiles, sans laisser passer le moindre air.Or Jeunesse retrouve bel et bi<strong>en</strong> quelque chose <strong>de</strong> ce cinéma-là : un <strong>en</strong>thousiasme plastique,une volonté <strong>de</strong> répéter le Hollywood <strong>de</strong> l’âge classique (Tourneur, Ford), et la proximité <strong>en</strong>trefiction et filiation, sur laquelle les films “d’avant” jouai<strong>en</strong>t volontiers. De même que la progéniture<strong>de</strong> V<strong>en</strong>tura défie le rec<strong>en</strong>sem<strong>en</strong>t, l’île cap-verdi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> Casa <strong>de</strong> Lava abrite un vieilhomme rev<strong>en</strong>diquant une tr<strong>en</strong>taine <strong>de</strong> fils dont Leao, l’ouvrier tombé dans un coma profondaprès une mauvaise chute (autres rimes : quelques passages <strong>de</strong> la lettre inspirée <strong>de</strong> RobertDesnos que V<strong>en</strong>tura fera répéter à L<strong>en</strong>to, et le cri, au milieu d’une danse : “Juv<strong>en</strong>tu<strong>de</strong> emmarcha !”, “Jeunesse <strong>en</strong> avant !”). L’histoire avait comm<strong>en</strong>cé avec Le Sang, dans lequel Nino,125

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