Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
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CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />
PATHOGÉNIE<br />
l’urothélium d’un individu sain est recouvert d’une couche de glycosaminoglycanes<br />
(GAG). Ce composé inhibe l’adhérence des bactéries et limite le contact entre la<br />
substance irritante urinaire et l’urothélium. Les individus atteints de cystite interstitielle<br />
ont un taux de GAG urinaires diminué, les constituants urinaires entrent en<br />
contact avec l’urothélium et entraînent une infl ammation. Les neurones sensitifs de<br />
la sous-muqueuse sont stimulés (transmission de la douleur), des neurotransmetteurs<br />
locaux (substance P) sont libérés. La substance P aggrave l’infl ammation, augmente<br />
la perméabilité vasculaire et favorise la contraction des cellules musculaires lisses<br />
(pollakiurie).<br />
De nombreux auteurs soulignent l’infl uence du stress dans le déclenchement ou la<br />
pérennisation des crises. Le système psycho-neuro-endocrine serait donc impliqué<br />
selon des mécanismes encore imparfaitement élucidés, mais qui pourraient intervenir<br />
sur l’utothélium, par le biais d’une dérégulation centrale des neurones autonomes.<br />
Le centre de la miction, chez le chat (noyau de Barrington) est très proche du locus<br />
coeruleus (système LC/Noradrénaline). Il est par ailleurs très riche en récepteurs aux<br />
Glucocorticoïdes. Une activation de ces systèmes par le stress peut agir sur la miction.<br />
DIAGNOSTIC<br />
C’est avant tout un diagnostic d’exclusion des autres causes d’ABAU par la réalisation<br />
d’examens complémentaires (analyse urinaire, radiographie sans et avec produit<br />
de contraste, échographie). Si ces examens sont négatifs, le diagnostic de cystite idiopathique<br />
est parfait. Une précision lésionnelle peut être apportée par la réalisation<br />
d’une cystoscopie. Les termes de cystite idiopathique et de cystite interstitielle sont<br />
souvent confondus. Il est préférable d’utiliser ce dernier lorsqu’une cystoscopie a été<br />
réalisée et a mis en évidence des lésions caractéristiques (pétéchies de la sous-muqueuse<br />
dénommées glomérulations). Aucun symptôme particulier ne permet de différencier<br />
une cystite idiopathique des autres causes d’ABAU félines. L’âge de l’animal<br />
est une aide à l’établissement du diagnostic différentiel des ABAU. Il est rare (< 5 %)<br />
qu’une cystite idiopathique se manifeste pour la première fois chez un animal âgé de<br />
plus de 10 ans. La résolution spontanée des troubles urinaires et une manifestation<br />
cyclique des symptômes sont des éléments évocateurs de cystite idiopathique. Aucun<br />
symptôme particulier ne permet d’identifi er une cystite idiopathique. En revanche,<br />
cette affection se déclare majoritairement chez des animaux de moins de 10 ans et<br />
se manifeste par épisodes de 5 à 7 jours. La résolution spontanée des signes cliniques<br />
est fréquente.<br />
Une fois éliminées les causes de MABU, il est important de réaliser une évaluation<br />
comportementale de l’animal ; celle-ci doit comprendre une anamnèse soigneuse,<br />
une évaluation des conditions environnementales et relationnelles, la recherche de<br />
tout autre signe anxieux concomitant. Ces éléments pourront être autant d’éléments<br />
thérapeutiques.<br />
TRAITEMENT<br />
De nombreuses études font état d’essais cliniques concernant le traitement de la<br />
cystite idiopathique. L’évaluation de l’effi cacité d’un traitement est compliquée par la<br />
résolution spontanée fréquente des symptômes dans cette affection. Le traitement de<br />
la cystite idiopathique inclut des mesures diététiques, des mesures pharmacologiques<br />
et des mesures hygiéniques et comportementales. Afi n de ne pas compromettre la<br />
motivation du propriétaire, il est nécessaire de bien préciser les objectifs du traitement.<br />
Face à une maladie chronique récidivante dont les mécanismes sont encore<br />
imparfaitement connus, l’objectif est de limiter la fréquence et la gravité des épisodes<br />
de cystite.<br />
• 132 •<br />
Mesures diététiques : il s’agit d’abaisser la densité urinaire afi n de diminuer la<br />
concentration en substance nociceptives urinaires en donnant une alimentation humide.<br />
Une transition de 15 jours doit être effectuée. Les études menées par Markwell,<br />
1999 sur un an ont montré que les chats recevant une alimentation humide présentaient<br />
11 % d’épisodes récurrents contre 39 % pour les chats recevant une alimentation<br />
sèche.<br />
TRAITEMENT MÉDICAL<br />
De l’épisode de cystite aiguë : les anti-infl ammatoires non stéroïdiens (acide tolfénamique,<br />
kétoprofène) et les dérivés morphiniques sont les molécules les plus effi caces<br />
pour améliorer le confort de l’animal au cours d’une crise aiguë de cystite. Les corticoïdes<br />
ne sont pas effi caces (étude versus placebo).<br />
Les glycosaminoglycanes (pentane polysulfure -100 mg/j en 2 prises) sont utilisés<br />
dans le but d’augmenter l’excrétion urinaire de GAG et de protéger l’urothélium.<br />
Aucune preuve à ce jour de l’effi cacité de cette molécule n’a été apportée tant sur la<br />
fréquence que sur la gravité des symptômes.<br />
Les antidépresseurs tricycliques sont souvent cités : l’amitriptylline (Elavil®, Laroxyl®)<br />
à la dose de 5 mg/chat et par jour, est préconisé pour ses propriétés anticholinergique,<br />
anti-alpha-adrénergique, analgésiques. Cette molécule connaît un<br />
engouement, non étayé au plan expérimental, dans cette indication aux États-Unis.<br />
La clomipramine, à la dose de 0,5 mg/kg (Clomicalm®, soit ½ Clomicalm® 5 mg<br />
pour un chat standard) possède des propriétés pharmacologiques tout à fait superposables.<br />
La durée de traitement doit être de plusieurs mois.<br />
PRISE EN CHARGE COMPORTEMENTALE<br />
De l’anxiété : elle est médicale et comportementale. L’utilisation des antipresseurs<br />
tricycliques est donc intéressante à double titre car ils ont une puissante action anxiolytique.<br />
Les nutracétiques tels que le zylkène peuvent être d’une aide effi cace.<br />
Enfi n, les phéromones de synthèse, ont montré des résultats intéressants, même s’ils<br />
n’étaient pas signifi catifs. La prise en charge comportementale de l’anxiété dépend<br />
des causes. Si elles ont pu être identifi ées, tout doit être mis en œuvre pour redonner<br />
au chat de bonnes conditions de vie, tant relationnelles qu’environnementales. Dans<br />
tous les cas, un nombre suffi sant de litières (N chats + 1), bien entretenues et accessibles<br />
doit être mis à disposition. Toutes les sanctions en cas de malpropreté doivent<br />
être proscrites.<br />
CONCLUSION<br />
La diffi culté de diagnostic et de traitement de la cystite idiopathique féline, permet de<br />
souligner l’importance de la prise en charge globale de l’animal, tant au plan médical<br />
que comportemental. C’est un défi à relever afi n de pouvoir garantir le bien-être de<br />
l’animal et de ses propriétaires.<br />
• Pour en savoir plus :<br />
Buffi ngton CA et coll (2002). J Urol 167 : 1876-80.<br />
Gunn-Moore DA, Shenoy CM (2004). J Feline Med Surg 6 : 219-25.<br />
Hostutier RA et coll (2005). Vet Clin Nth Amer-Small Anim Pract 147-70.<br />
Kruger JM et coll (2003). J Amer Vet Med Assn749-58.<br />
Markwell PJ et coll (1999). J Amer Vet Med Assn. 361-5.<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
Néant.