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Programme scientifique paris 2010 - AFVAC

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CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />

reliée à l’hypervigilance d’un chien anxieux dans le cadre d’un trouble de la relation<br />

(exemple Clomipramine de 1 à 2 mg/kg BID).<br />

En tout cas, une communication croisée des progrès dans chaque domaine est indispensable<br />

pour éviter les erreurs grossières de diagnostic et pour soigner au mieux<br />

chaque animal.<br />

>< Confl its d’intérêts<br />

Néant.<br />

Education thérapeutique : les troubles du<br />

comportement C. BEATA<br />

Docteur Vétérinaire Comportementaliste DENVF – Dip. ECVBM-CA –<br />

Président du GECAF 353 A, bd Grignan – F-83000 TOULON<br />

Les vétérinaires comportementalistes travaillent depuis très longtemps sur la mise<br />

en place, le suivi et la vérifi cation de la thérapie comportementale. Il est possible de<br />

dater assez précisément l’origine de ces travaux au premier congrès spécialisé en<br />

1993 qui a vu l’intervention de psychiatres au côté des vétérinaires comportementalistes<br />

pour les initier aux particularités de la relation thérapeutique en cas de troubles<br />

du comportement ou d’affections psychiatriques. Mais accompagnement et prise en<br />

compte de la dimension humaine dans la pathologie comportementale canine ou<br />

féline ne sont pas synonymes d’éducation thérapeutique qui a, en médecine humaine,<br />

une signifi cation précise, actée dans la loi de 2009 de modernisation de l’hôpital (Loi<br />

HPST). L’éducation thérapeutique vise à rendre le patient responsable de sa santé, de<br />

son bien-être et de son adaptation à la maladie chronique. Dans notre cas vient se<br />

rajouter le fait que le patient ne peut être consentant et acteur de sa propre guérison<br />

et que la prise en charge est forcément médiatisée par le client, ou propriétaire ou<br />

maître. La diffi culté à trouver un nom qui renvoie plus à la relation affective et de<br />

soins qu’au lien matériel ou juridique souligne déjà une de nos diffi cultés supplémentaires.<br />

DÉFINITIONS ET CHAMP D’ACTION EN MÉDECINE HUMAINE –<br />

COMPARAISON ET LIMITES<br />

L’organisation mondiale de la santé (OMS) en a donné la défi nition suivante en 1998<br />

: « l’éducation thérapeutique du patient (ETP) est un processus continu, intégré dans<br />

les soins et centré sur le patient. Il comprend des activités organisées de sensibilisation,<br />

d’information, d’apprentissage et d’accompagnement psychosocial concernant<br />

la maladie, le traitement prescrit, les soins, l’hospitalisation et les autres institutions<br />

de soins concernées, et les comportements de santé et de maladie du patient. Il vise<br />

à aider le patient et ses proches à comprendre la maladie et le traitement, coopérer<br />

avec les soignants, vivre le plus sainement possible et maintenir ou améliorer la<br />

qualité de vie. L’éducation devrait rendre le patient capable d’acquérir et maintenir<br />

les ressources nécessaires pour gérer de manière optimale sa vie avec la maladie ».<br />

Soulignons un point essentiel : l’éducation thérapeutique concerne la maladie chronique<br />

reconnue comme telle. C’est un élément majeur qui place donc le système de<br />

santé, hôpital et médecin en tête, au cœur de la mise en place de ce système. Les psychiatres<br />

hospitaliers humains, s’occupant de maladies graves et chroniques comme<br />

la schizophrénie mettent en place nombre de ces programmes qui permettent au<br />

malade de s’approprier son traitement et de vivre le mieux possible avec sa maladie.<br />

Personne ne vient mettre en cause que la schizophrénie est une maladie.<br />

1/ Nous ne sommes pas dans cet état de fait quand nous devons encore au quotidien<br />

expliquer à l’intérieur même de notre profession que les troubles du comportement,<br />

la zoopsychiatrie font partie intégrante de la médecine vétérinaire. Si la perception<br />

de notre discipline a bien changé en 15 ans, il est regrettable de voir de nouveau<br />

apparaître des courants centrifuges qui cherchent à faire ressortir ce domaine de la<br />

compétence du vétérinaire pour la renvoyer vers des éducateurs ou des éthologues<br />

dont la vocation n’a jamais été de soigner.<br />

2/ L’éducation thérapeutique est une stratégie transversale faisant intervenir plusieurs<br />

acteurs autour du malade : médecin comme coordonnateur mais aussi personnel<br />

infi rmier, psychologues, assistants sociaux, etc. Cela demande l’existence de ces<br />

professions, leur formation dans ce domaine et la volonté de coopérer. Si la formation<br />

des ASV est maintenant cohérente sur le plan “troubles du comportement” avec ce<br />

qui est enseigné fondamentalement, il n’y a pas de formation spécialisée d’ASV en<br />

troubles du comportement. Nous avons développé depuis deux ans maintenant des<br />

programmes de cohérence avec les formateurs de la Société Centrale Canine, ce qui<br />

est un énorme progrès mais n’a pas encore abouti à la constitution d’équipes d’ETP.<br />

3/ La défi nition de l’OMS centre la réfl exion sur l’hôpital public dont l’équivalent<br />

en médecine vétérinaire pourrait être constitué par les Ecoles Vétérinaires. Or, à ma<br />

connaissance, aucun programme d’ETP n’a été mis en place dans les ENV dans lesquelles<br />

l’enseignement même de la pathologie du comportement a toujours eu du<br />

mal à trouver sa place.<br />

4/ Dans toute nouvelle approche, l’évaluation de l’effi cacité d’un programme doit<br />

être prévue dès la conception. Cela demande des procédures validées par des experts<br />

et notamment la possibilité de comparer l’évolution de malades en dehors ou avec le<br />

• 36 •<br />

soutien du programme. Les recommandations vont même dans le sens d’utiliser trois<br />

lots : un lot témoin, un lot utilisant la procédure standard et un troisième sur lequel il<br />

est possible de faire des adaptations en cours de route pour optimiser le programme.<br />

Il est alors aisé d’imaginer le nombre de patients devant être enrôlé pour que ces<br />

études aient une quelconque valeur statistique.<br />

5/ En médecine humaine, les recommandations proviennent de la Haute Autorité de<br />

Santé. La mise en place de programmes d’ETP constitue en effet un enjeu fi nancier<br />

majeur. La responsabilisation du patient, l’élaboration de synergie entre les différents<br />

acteurs du système de santé a, au-delà de l’amélioration de la santé, comme objectif<br />

principal la maîtrise et la réduction des coûts. Ceci n’est pas vrai dans notre médecine,<br />

strictement privée et où les limites fi nancières de nos clients nous empêchent souvent<br />

de construire des stratégies thérapeutiques globales faisant intervenir plusieurs<br />

acteurs.<br />

Toutes ces limites ne doivent pas empêcher d’envisager l’avenir.<br />

CE QUI POURRAIT EXISTER DEMAIN EN MÉDECINE DU<br />

COMPORTEMENT<br />

En médecine humaine, les programmes d’ETP peuvent être le fait de l’hôpital mais<br />

aussi d’associations de praticiens ou même de malades. Rien n’empêche donc les<br />

associations comme le GECAF (<strong>AFVAC</strong>) ou Zoopsy de se pencher sur la question et de<br />

décider de mettre en place un ou des programmes.<br />

Nous ne traitons presque que des maladies chroniques ou du moins nécessitant une<br />

prise en charge au long cours. Dans un premier temps, il faut identifi er dans notre<br />

discipline l’affection chronique la plus fréquente, la plus invalidante et dont la gestion<br />

au cours du temps demande une compréhension de la part du propriétaire. Dans<br />

notre discipline, ce sont aux deux extrémités de la vie de l’animal que se situent sans<br />

doute les meilleures opportunités pour mettre en place ce type d’actions. Les troubles<br />

du développement sont des cibles de choix. L’animal est malade, le maître/client a<br />

souvent une représentation erronée de la maladie qui mélange responsabilité de sa<br />

part et/ou volonté de nuire de l’animal. L’investissement est néanmoins fort, l’attachement<br />

rapide des deux côtés du lien à la fois de la part de l’animal et du maître, ce<br />

qui donne des ressources utilisables. Prenons par exemple le syndrome de privation<br />

sensorielle chez le chien : il pourrait être un excellent objectif pour un premier programme<br />

d’éducation thérapeutique ainsi composé.<br />

Le vétérinaire, comportementaliste ou formé en trouble du comportement, établirait<br />

le diagnostic, repèrerait le stade de la maladie, choisirait la thérapeutique la plus<br />

adaptée en fonction des symptômes et dessinerait les grandes lignes du programme<br />

de thérapie avec les objectifs qu’il souhaite fi xer pour l’animal. L’utilisation du médicament<br />

et les objectifs de la thérapie doivent être discutés avec les patients qui<br />

doivent annoncer leurs contraintes et leurs limites.<br />

L’Assistante Spécialisée Vétérinaire (ASV), formée à cette pratique, pourrait alors<br />

intervenir pour répondre aux questions des propriétaires et expliquer, en d’autres<br />

termes parfois plus accessibles, les déterminants de la maladie, l’importance de la<br />

prise des médicaments et de la thérapie. Suivant l’équipement de la clinique et la<br />

volonté de chacun, la thérapie pourrait être supervisée par l’ASV spécialement qualifi<br />

ée. Dans les autres cas, la thérapie peut être mise en place avec le concours d’un<br />

éducateur ou d’un club de la SCC. Les objectifs souhaités par le praticien doivent<br />

alors être discutés avec celui qui va suivre sur un rythme plus fréquent (hebdomadaire<br />

ou bi hebdomadaire) le couple maître-chien pour que le travail soit effi cace.<br />

Le but est de transmettre in fi ne la compréhension et la maîtrise du traitement au<br />

propriétaire qui ne doit plus avoir besoin que de contrôles réguliers et espacés pour<br />

vérifi er la poursuite des progrès. Des supports d’information et de validation, comme<br />

des sites personnalisés, peuvent aussi faciliter pour le maître l’assimilation de certaines<br />

connaissances sans être obligé de s’exposer à devoir demander plusieurs fois<br />

les mêmes explications avec la crainte d’être mal jugé.<br />

CE QUI EXISTE AUJOURD’HUI EN MÉDECINE DU<br />

COMPORTEMENT<br />

Il ne faut pas non plus méconnaître ce qui est déjà réalisé, le travail fondamental déjà<br />

évoqué et entrepris depuis le premier congrès de Porquerolles en 1993. Depuis donc<br />

bientôt 20 ans, nous avons travaillé sur les aspects les plus importants de la relation<br />

praticien/client et sur tous les éléments qui peuvent entraver la réussite d’un traitement<br />

par ailleurs techniquement irréprochable.<br />

L’alliance est au cœur même de la réussite d’un traitement au long cours. Comme<br />

l’ETP n’est pas juste un accompagnement, l’alliance ne se résume pas à une bonne<br />

ambiance au cours de la consultation mais à la réalisation d’un triple accord : sur la<br />

relation thérapeutique, sur les buts à atteindre, sur les tâches attribuées. Rappelons<br />

que l’alliance ressentie par le propriétaire est le facteur prédicteur le plus sûr de<br />

l’issue d’une prise en charge thérapeutique.<br />

Savoir agir sur les résistances fait aussi partie intégrante de notre travail d’approfondissement.<br />

Nous avons appris à utiliser des techniques de communication non<br />

verbale. Certains ont même ajouté la programmation neuro-linguistique (PNL) à leur<br />

arsenal thérapeutique. Nous avons appris à découvrir les loyautés cachées, à faire<br />

parler les absents ou à utiliser le questionnement circulaire pour faire évoluer les<br />

blocages d’un client.

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