Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
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CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />
Les cytotoxiques<br />
Dans les lymphocytes, le métabolisme des purines et des pyrimidines comporte une<br />
voie de synthèse prédominante. L’inhibition provoque une déplétion des synthèses<br />
d’ADN et d’ARN. De nombreuses molécules rentrent dans cette catégorie (azathioprine,<br />
méthotrexate léfl unomide, mycophenolate mofétil…) mais peu ont été appliquées<br />
à des affections du SNC.<br />
Le lefl unomide (Arava®) est un puissant inhibiteur du métabolisme des pyrimidines<br />
dans les lymphocytes. Les lymphocytes canins sont particulièrement sensibles à<br />
l’effet de ce médicament ce qui permet de l’utiliser dans cette espèce à une posologie<br />
bien inférieure à celle préconisée chez l’homme (pour laquelle sa toxicité gastro-intestinale<br />
est particulièrement marquée). La posologie initiale préconisée est de 4 mg/<br />
kg/jour per os pour obtenir une concentration sérique de 20 μg/mL.<br />
LES PRINCIPES GÉNÉRAUX DE MODULATION DU TRAITEMENT<br />
Plusieurs principes généraux permettent d’optimiser le traitement et éviter les rechutes<br />
prématurées :<br />
- Le traitement doit être mis en place le plus précocement possible<br />
avec des immunosuppresseurs à doses suffi santes et adaptées. Comme pour toute<br />
maladie immunitaire un traitement précoce potentialise l’effi cacité du traitement.<br />
- Un traitement initial avec des corticoïdes (prednisolone ou prednisone 2<br />
mg/kg/j) peut être proposé pour contrôler les signes cliniques rapidement. Mais, sur<br />
la durée,<br />
- Une polythérapie est recommandée. Il existe pour la plupart des médicaments<br />
immunodépresseurs une faible marge entre dose toxique et dose active.<br />
L’association de plusieurs molécules est souvent recommandée pour assurer une immunodépression<br />
effi cace tout en réduisant au maximum les risques toxiques individuels.<br />
Plusieurs études associant corticoïdes + ciclosporine, corticoïdes + lomustine,<br />
corticoïdes + cytosine arabinoside ainsi que des trithérapies ont été publiées. Elles<br />
permettent d’accroître l’effi cacité du traitement immunosuppresseur.<br />
- Les modifi cations de dose ne doivent pas intervenir trop rapidement<br />
; des paliers de 6 à 8 semaines sont recommandés par l’auteur.<br />
- Des contrôles de la composition du LCR doivent être réalisés régulièrement.<br />
Le diagnostic s’appuyant sur une analyse de LCR révélant une pléocytose<br />
mononucléée (majorité de lymphocytes) associée généralement à une protéinorachie<br />
élevée ; le moyen le plus fi able d’évaluer l’effi cacité d’un traitement est de suivre<br />
régulièrement la composition du LCR. Du fait de l’étanchéité de la barrière hématoméningée,<br />
aucune anomalie n’est détectée dans le sang. Il est donc recommandé, à<br />
chaque modifi cation de dose de pratiquer une analyse de LCR pour déterminer la «<br />
zone grise » où les signes cliniques nerveux centraux ne sont pas encore évidents,<br />
alors que l’infl ammation est en train de gagner le SNC. Une diminution de la dose<br />
d’immunosuppresseur est alors fortement déconseillée.<br />
- Tant que les analyses de LCR sont normales, une diminution des<br />
doses d’immunosuppresseurs est conseillée. Il peut arriver que l’animal ne<br />
requière plus de traitement après plusieurs mois de traitement (forme bénigne, diagnostic<br />
erroné ?)<br />
- Un contrôle clinique et biologique général est également recommandé<br />
régulièrement. Toute immunodepression prolongée comporte un risque<br />
de défi cit immunitaire iatrogène, exposant donc aux infections opportunistes, virales<br />
chroniques, aux cancers et aux leucémies. C’est pourquoi une surveillance clinique et<br />
biologique, régulière et rigoureuse est indispensable pour pouvoir moduler les doses<br />
à administrer et limiter les effets secondaires.<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
Néant.<br />
Quand et comment moduler le traitement d’une<br />
spondylodiscite ? J.-L. THIBAUD<br />
Dipl. ECVN - Unité de Neurologie – ENVA – 7 avenue du Général de<br />
Gaulle – F-94704 MAISONS-ALFORT cedex<br />
Une spondylodiscite correspond à une infection des plateaux vertébraux et du disque<br />
intervertébral. Elle concerne principalement le chien, les mâles deux fois plus que les<br />
femelles. L’âge et la race (dogue allemand, boxer, rottweiler, bouledogue anglais, berger<br />
allemand et doberman) sont des facteurs prédisposants. Les symptômes peuvent<br />
être très frustes : refus de sauter, démarche raide. L’association d’une hyperthermie<br />
(et des symptômes généraux qui l’accompagnent), d’une douleur rachidienne (80<br />
% des cas) et de symptômes nerveux (48 % des cas) oriente le diagnostic. Celui-ci<br />
repose souvent sur la mise en évidence, par un examen radiographique, d’une lésion<br />
typique : ostéolyse de deux plateaux vertébraux centrés sur un espace, accompagnée<br />
d’une ostéoprolifération. Lors d’image radiographique ambiguë ou d’infection<br />
récente (non visible sur l’examen radiographique), le recours à des modalités d’imagerie<br />
plus sensibles et plus spécifi ques s’impose. L’examen d’imagerie par résonance<br />
magnétique est le plus spécifi que et le plus sensible. L’examen tomodensitométrique<br />
reste un examen d’intérêt, en précisant la nature des lésions osseuses et en recherchant<br />
des lésions des tissus paravertébraux et intracanalaires qui sont des éléments<br />
• 85 •<br />
essentiels au diagnostic des cas inhabituels. Le traitement initial repose sur une antibiothérapie<br />
au long cours. Le choix de l’antibiotique se base sur son effi cacité sur les<br />
germes les plus fréquemment incriminés (Staphylocoques sp., Streptocoques<br />
sp.) et sur sa diffusion dans le disque infecté. Les céphalosporines ou les β-lactamines<br />
résistantes aux β-lactamases sont choisies et administrées par voie intraveineuse<br />
puis/ou per os. A ce stade, deux situations peuvent se présenter (abordées oralement)<br />
: l’échec thérapeutique, dont la cause devra être déterminée et il va<br />
falloir comprendre ses raisons afi n de mettre en place un traitement<br />
rationnel (antibiotique ciblé, traitement chirurgical) ; l’amélioration complète sous<br />
traitement, conduisant à s’interroger sur les moments de passage de la voie<br />
IV à la voie orale et d’interruption du traitement. Ces deux situations<br />
posent le problème des critères de suivi et de leurs limites.<br />
LES CRITÈRES DE SUIVI<br />
Les spondylodiscites étant des affections infl ammatoires se traduisant par une destruction<br />
des plateaux vertébraux plus ou moins associée à une compression médullaire<br />
ou radiculaire, nous avons trois catégories de critères de suivi : les marqueurs<br />
cliniques et paracliniques de l’infl ammation, l’aspect du disque et des plateaux vertébraux<br />
par imagerie et enfi n les symptômes nerveux et douloureux.<br />
Les marqueurs de l’infl ammation<br />
Leur interprétation doit se faire dans le cadre d’une évaluation globale car ce sont<br />
des critères non spécifi ques. L’existence d’une co-infection ou l’apparition d’un autre<br />
foyer infectieux rendent ces critères ineffi caces pour le suivi de la spondylodiscite.<br />
L’hyperthermie et les symptômes généraux<br />
Ce sont les éléments les plus simples pour évaluer l’effi cacité à court terme d’un<br />
traitement antibiotique. Cependant, ils ne sont pas toujours présents. D’autre part,<br />
l’utilisation concomitante d’anti-infl ammatoires peut les faire disparaître sans que<br />
cette amélioration témoigne d’une effi cacité de l’antibiothérapie. De plus, lors d’infection<br />
profonde, ces signes cliniques peuvent fl uctuer. Enfi n, ils ne permettent pas de<br />
déterminer la fi n du traitement.<br />
La numération et formule sanguine : la leucocytose<br />
Elle évalue l’effi cacité à court terme de l’antibiothérapie. Les modifi cations initiales<br />
doivent être importantes pour interpréter leur fl uctuation. Par ailleurs, dans 10 % des<br />
cas, plusieurs bactéries peuvent être en cause et l’on peut être confronté à une effi -<br />
cacité partielle. Enfi n, lors d’infection concomitante (infection du tractus urinaire…)<br />
les germes peuvent être différents de ceux responsables de la spondylodiscite. Dans<br />
ce contexte la diminution de la leucocytose peut traduire l’effet du traitement sur la<br />
co-infection. Elle ne permet pas de déterminer la fi n du traitement.<br />
La protéine C réactive (CRP)<br />
Aucune étude n’a été réalisée sur l’usage de la CRP lors de spondylodiscites chez<br />
le chien. Cependant, sa synthèse rapide et sa courte demi-vie en font un marqueur<br />
intéressant dans le suivi d’un processus infl ammatoire. Des études portant sur des<br />
chiennes atteintes de pyomètre ou des chiens présentant une affection infl ammatoire<br />
ont montré une corrélation entre l’état clinique du chien et la concentration de<br />
CRP alors qu’aucune corrélation avec la neutrophilie n’était observée. C’est donc un<br />
marqueur potentiellement intéressant et précoce pour évaluer de façon objective l’effi<br />
cacité d’un traitement antibiotique. Il pourrait aussi être pris en compte pour arrêter<br />
le traitement. Néanmoins en médecine humaine, le délai de normalisation n’est pas<br />
connu, il atteindrait parfois plus de 6 semaines.<br />
Le suivi par imagerie des lésions discales et<br />
vertébrales<br />
Il a pour objectif de rechercher des complications de la spondylodiscite (instabilité,<br />
empyème). Bien qu’utilisé pour évaluer l’effi cacité du traitement, les modifi cations<br />
sont très tardives.<br />
Le suivi radiologique<br />
En phase aiguë, il a pour but de rechercher des troubles de la statique rachidienne. La<br />
réalisation de clichés en contrainte reste délicate sur patient endormi ou sous sédatif<br />
: on peut alors lui préférer un examen tomodensitométrique lors de suspicion sur<br />
les images statiques. Plus tard, on va rechercher la régression ou la stabilisation des<br />
signes radiographiques : arrêt de la lyse et sclérose des plateaux, apparition d’une<br />
néoformation osseuse. Ces signes sont tardifs et l’on ne doit pas attendre la disparition<br />
des zones lytiques pour arrêter le traitement antibiotique.<br />
L’examen tomodensitométrique<br />
Plus sensible et plus spécifi que, il présente un intérêt lors d’évolution radiographique<br />
ambiguë. Son autre intérêt majeur réside dans la planifi cation d’une intervention<br />
chirurgicale : il permet d’évaluer l’intensité de l’ostéolyse, et de ce fait la statique<br />
rachidienne, sans avoir recours à des positions forcées, ainsi que la présence d’une<br />
poche infectée (empyème ou abcès paravertébral).<br />
L’examen IRM<br />
C’est l’examen le plus sensible dans le diagnostic des spondylodiscites du fait des<br />
modifi cations précoces du signal du disque intervertébral. Son intérêt lors d’évolution<br />
favorable n’est pas démontré car les anomalies persistent longtemps après un traitement<br />
effi cace. Néanmoins, les abcès paravertébraux, l’atteinte épidurale, l’œdème<br />
des plateaux intervertébraux et l’hypersignal discal disparaissent plus précocement et