Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
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CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />
Bien initier une antibiothérapie lors de pyodermite<br />
canine D. HÉRIPRET<br />
DMV, CES Derm Vet, Dip ECVD, Centre Hospitalier Vétérinaire Frégis –<br />
43 avenue Aristide Briand – F-94110 ARCUEIL<br />
La gestion thérapeutique d’une pyodermite bactérienne canine passe par plusieurs<br />
étapes : (i) reconnaissance d’une pyodermite, (ii) évaluation de cette pyodermite, (iii)<br />
choix d’un traitement topique, et/ou systémique, (iv) antibiothérapie probabiliste, (v)<br />
connaissance des antibiotiques utilisables, (vi) posologie adaptée, (vii) suivi thérapeutique<br />
(viii) évaluation et traitement d’une éventuelle cause sous-jacente.<br />
La reconnaissance d’une pyodermite bactérienne se fait surtout sur des critères cliniques<br />
et cytologiques.<br />
Son évaluation (superfi cielle ou profonde, localisée ou étendue) oriente le choix du<br />
type de traitement : topique (acide fusidique) pour des pyodermites localisées, systémique<br />
pour des pyodermites plus étendues.<br />
L’antibiothérapie probabiliste tient compte de la nature du germe en cause (Staphylococcus<br />
pseudintermedius (SPI) dans environ 80 % des cas) et du tissu cible<br />
(peau enfl ammée). Le recours à l’antibiogramme est rarement utile en première intention<br />
sauf dans des cas particuliers (pyodermite profonde surtout, suspicion de pyodermite<br />
à Pseudomonas,..). Il faudra, bien sûr, choisir un antibiotique satisfaisant<br />
les principes généraux de l’antibiothérapie cutanée (activité sur les Staphylocoques<br />
producteurs de bêta-lactamases, cinétique adéquate, bonne pénétration cutanée,<br />
activité dans les tissus enfl ammés voire dans le pus, action bactéricide, absence d’effets<br />
secondaires, mode d’administration aisée, faible production de résistance). En<br />
revanche, la bactériologie et l’antibiogramme seront obligatoires en cas de pyodermite<br />
récidivante ou rebelle malgré un premier traitement probabiliste bien conduit.<br />
Le choix de l’antibiotique devra s’orienter en premier vers des antibiotiques ayant gardé<br />
une activité supérieure à 90 % sur SPI au fi l des ans (catégorie 1) : acide fusidique<br />
(topique uniquement), céfalexine (15-30 mg/kg matin et soir), amoxycilline+acide<br />
clavulanique (12,5-15 mg/kg 2 à 3 fois par jour). On peut aussi utiliser des antibiotiques<br />
de catégorie 2, ayant une activité de l’ordre de 70 % sur SPI, pour des infections<br />
récentes et peu étendues (clindamycine, suladimethoxine-triméthoprime). Les<br />
antibiotiques de catégorie 3 doivent être utilisés seulement dans des cas bien particuliers<br />
et souvent sur antibiogramme (fl uoroquinolones, céfovécine voire doxycycline<br />
dans des indications spécifi ques). A l’heure actuelle, il est éthiquement indéfendable<br />
d’envisager l’emploi d’antibiotiques humains (rifampicine, imipenème,<br />
vancomycine) même en cas d’infection par des staphylocoques méti-résistants.<br />
Le respect de la posologie est primordial et il est préférable d’être au-dessus de la<br />
dose recommandée plutôt qu’en dessous (attention aux chiens de 11 ou 12 kg recevant<br />
une dose pour 10 kg par exemple).<br />
La durée de traitement sera évaluée par le suivi, indispensable pour une bonne gestion<br />
des infections cutanées. On considère classiquement que la durée de traitement<br />
est de 3 semaines pour une pyodermite superfi cielle et de plus de 6 semaines pour<br />
une pyodermite profonde. Il est préférable de réfl échir en terme de « période de sécurité<br />
» (poursuite de l’antibiothérapie au-delà de la guérison clinique) : 7 à 10 jours<br />
pour une pyodermite superfi cielle et 2 à 4 semaines pour une pyodermite profonde.<br />
Il faudra idéalement revoir les animaux sous traitement, à 3 semaines pour des<br />
pyodermites superfi cielles et à 6 semaines pour des pyodermites profondes.<br />
L’évaluation d’une cause sous-jacente est indispensable surtout lors de pyodermite<br />
rebelle ou récidivante. Cette évaluation se fera dès à la première consultation (recherche<br />
de démodécie, de DAPP par exemple) mais surtout lors du contrôle : l’amélioration<br />
de l’infection cutanée permettra de mieux évaluer les symptômes d’une cause<br />
sous jacente jusque-là éventuellement masqués ou confondus avec les symptômes de<br />
pyodermite (dermatite atopique surtout).<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
• Le Dr D. Héripret a eu des relations fi nancières avec le laboratoire<br />
Bayer.<br />
Quand et comment moduler le traitement d’un<br />
pemphigus foliacé ?<br />
A. MULLER, E. GUAGUÈRE<br />
DMV, Clinique Vétérinaire Saint-Bernard, 598 avenue de Dunkerque,<br />
F-59160 LOMME<br />
Les dermatoses auto-immunes (DAI) sont rares chez les carnivores domestiques<br />
(moins de 1 % des dermatoses du chien), mais, parmi elles, les pemphigus (foliacé,<br />
érythémateux, vulgaire, paranéoplasique) sont les plus fréquemment rencontrés, en<br />
particulier chez le chien.<br />
PRINCIPES DE TRAITEMENT<br />
Les pemphigus sont défi nis d’un point de vue immunologique par le dépôt d’autoanticorps<br />
sur la membrane des kératinocytes, plus précisément au niveau des desmosomes<br />
qui assurent la cohésion interkératinocytaire. La fi xation de ces auto Ac<br />
• 40 •<br />
entraîne une perte d’adhérence entre les kératinocytes appelée acantholyse. Dans le<br />
pemphigus foliacé (PF), cette acantholyse se produit dans les couches superfi cielles<br />
de l’épiderme (pemphigus superfi ciel).<br />
Bien que chez l’Homme, de nombreuses causes aient été identifi ées ou suspectées<br />
(médicaments contenant un groupement thiol ou amide, herpès virus, lymphome,<br />
tumeur colique, UV, etc.), la plupart des cas chez les carnivores domestiques n’ont<br />
aucune étiologie établie (à l’exception des rares cas de pemphigus médicamentoinduits<br />
et de pemphigus paranéoplasiques) ; le traitement sera donc le plus souvent<br />
fondé sur une immunomodulation, d’emblée massive (forte dose d’attaque) pour obtenir<br />
des résultats satisfaisants à moyen/long terme.<br />
Se rappeler au préalable que si un doute subsiste dans le diagnostic de PF (pustulose<br />
acantholytique non caractéristique cliniquement d’un PF) et compte tenu de la possibilité<br />
d’une acantholyse lors de pyodermite ou de dermatophytie, il peut être prudent<br />
de réaliser une culture fongique et une antibiothérapie, avant de mettre en place une<br />
immunosuppression.<br />
PROTOCOLE THÉRAPEUTIQUE CLASSIQUE<br />
Le protocole classique fait appel à la prednisolone (2 à 4 mg/kg/j PO en 2 PQ) jusqu’à<br />
disparition des lésions, puis diminution de la posologie jusqu’à obtention de la dose<br />
minimale effi cace. Ce traitement est poursuivi à vie, avec parfois des rechutes nécessitant<br />
la reprise d’une dose d’attaque pendant quelques jours à semaines. Des traitements<br />
topiques antiseptiques sont généralement associés pour leur effet apaisant sur<br />
les lésions et pour la prévention des complications infectieuses potentielles.<br />
QUAND MODULER ?<br />
Les trois raisons amenant à moduler la thérapeutique immunosuppressive sont les<br />
suivantes : effi cacité insuffi sante (persistance des lésions après 1 à 2 mois), effets<br />
secondaires trop importants de la corticothérapie (PUPD, polyphagie, hépatopathie,<br />
infections répétées, calcinose, modifi cations comportementales, diabète…) et recherche<br />
d’une dose minimale effi cace lors d’un bon contrôle du pemphigus. Notons<br />
ainsi que plusieurs études tendent à montrer une bonne réponse à la corticothérapie<br />
(+/- azathioprine), mais aussi une apparition fréquente d’effets secondaires, conduisant<br />
même à l’euthanasie de plus de la moitié des cas dans l’année qui suit la mise<br />
en place du traitement. D’autres études (Carlotti et coll., PMCAC, 2009) donnent<br />
cependant des pourcentages de survie bien plus élevés.<br />
COMMENT MODULER ?<br />
La modulation se fonde soit sur la modifi cation de la dose ou de la fréquence d’administration<br />
de la prednisolone, soit sur l’ajout de molécules supplémentaires ou le<br />
remplacement de la prednisolone (par un autre corticoïde ou un autre immunosuppresseur).<br />
Modifi cation de la fréquence<br />
C’est le cas de fi gure le plus fréquent. Dès le contrôle correct des lésions (entre 1 et<br />
3 mois), la dose de prednisolone est diminuée : passage en jours alternés pendant<br />
1 à 2 mois, puis tous les 3 jours pendant 2 mois, puis 2 fois par semaine si possible.<br />
En cas de réapparition des lésions de PF, soit une réinduction à 2-4 mg/kg/j peut être<br />
réalisée, soit uniquement un retour à la dose précédemment effi cace.<br />
Modifi cation de la dose initiale<br />
Thierry Olivry (Congrès mondial de Dermatologie Vétérinaire, Hong Kong 2008) a<br />
présenté récemment les résultats encourageants d’un protocole fondé sur une corticothérapie<br />
à très forte dose (10 mg/kg/j de predisolone par voie orale) pendant 3<br />
jours, puis passage à 1 ou 2 mg/kg/j (avec possibilité de répéter les phases de 3 jours<br />
à forte dose, mais avec au moins 7 jours entre ces phases). Ce protocole nécessite<br />
une hospitalisation à l’initiation du traitement, mais permettrait de diminuer très<br />
rapidement les doses de corticoïdes et serait mieux toléré que le protocole classique.<br />
Une variante consiste à d’emblée prévoir des cycles de 3 jours à 10 mg/kg et 5 jours à<br />
1 mg/kg/j, jusqu’à disparition des lésions et ensuite le protocole classique. Une autre<br />
variante, plus « légère », est de réaliser l’induction avec des cycles de 3 jours à 10 mg/<br />
kg/j et 5 jours sans prednisolone.<br />
Ajout d’un autre immunosuppresseur<br />
Le plus souvent, l’ajout d’azathioprine (Imurel ND à 1 mg/kg tous les jours ou tous<br />
les 2 jours) est envisagé. Dans notre pratique, nous débutons même d’emblée avec<br />
les 2 molécules (prednisolone et azathioprine). Après stabilisation des lésions, la corticothérapie<br />
est diminuée à tous les 2 jours puis progressivement les 2 molécules<br />
à tour de rôle jusqu’aux doses minimales effi caces (généralement prednisolone et<br />
azathioprine 2 fois par semaine). Les effets secondaires connus de l’azathioprine sont<br />
une myélosuppression, une pancréatite (rare) et surtout une hépatite (réversible et<br />
apparaissant surtout pour des posologies de 2 à 2,5 mg/kg/j). Une perspective intéressante<br />
est la substitution de l’azathioprine par le lufl énomide (Arava ND, 2 à 4 mg/<br />
kg/j), qui, quoique plus coûteuse, semble être une molécule mieux tolérée et effi cace<br />
dans les maladies auto-immunes canines. Des études suffi samment vastes sont toutefois<br />
nécessaires avant de préconiser son emploi.