Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
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CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />
<strong>Programme</strong> général<br />
COMPORTEMENT<br />
Comportements gênants persistants<br />
Stéréotypies : diagnostic différentiel et traitement<br />
C. BEATA<br />
DMV Comportementaliste DENVF – Dip. ECVBM-CA<br />
353 A, bd Grignan – F-83000 TOULON<br />
Par leur côté rebelle et récidivant, les stéréotypies constituent toujours un défi pour<br />
le praticien. Elles dessinent souvent la frontière entre médecine comportementale<br />
et neurologie. Les spécialistes de chacune de ces disciplines ont tendance à se les<br />
approprier et leur prise en charge, leur interprétation font l’objet de nombreuses<br />
controverses qui infl uencent les traitements reçus et potentiellement l’évolution de<br />
ces affections. Comme souvent, la précision du recueil sémiologique, du diagnostic<br />
éventuel et l’ouverture d’esprit sur des hypothèses différentes et complémentaires<br />
vont constituer la garantie de la meilleure prise en charge possible, en sachant que<br />
les stéréotypies sévères sont plus souvent synonymes de cinglants échecs que de<br />
brillantes réussites. Les connaissances théoriques évoluent sans cesse et viennent<br />
donner des bases au diagnostic, et plus encore au diagnostic différentiel qui est une<br />
étape diffi cile mais primordiale. Le pronostic, la thérapeutique et la thérapie sont liés<br />
à la représentation que le praticien se fera du cas.<br />
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL ET BASES THÉORIQUES<br />
TOC, stéréotypies, épilepsie temporale partielle, les appellations sont parfois nombreuses<br />
pour des signes qui sont les mêmes. En même temps, le même nom est<br />
souvent choisi pour des affections aux caractéristiques cliniques et étiologiques très<br />
différentes. Nous retenons dans notre approche la défi nition d’Odberg : Une stéréotypie<br />
est un acte : identique, répété régulièrement, sans fonction évidente – inhabituel<br />
Il faut un stimulus extérieur pour en interrompre la séquence. En fait, peu de signes<br />
cliniques observables répondent totalement à cette défi nition et si le signal d’arrêt<br />
spontané est perturbé, il existe néanmoins dans une grande majorité des cas. Ceci<br />
explique la diffi culté à faire la part entre stéréotypie, activité substitutive stéréotypée,<br />
ou rituel pour le praticien non entraîné. Pour les vétérinaires comportementalistes,<br />
une stéréotypie est un symptôme qui doit être mis en perspective avec les autres<br />
symptômes existant chez l’animal pour aboutir à un diagnostic couvrant l’ensemble<br />
de ces signes.<br />
Bases neuro-anatomiques et neurophysiologiques des<br />
stéréotypies<br />
Dans les cas où une lésion nerveuse macroscopique est exclue, plusieurs structures<br />
cérébrales ont été identifi ées dans le déclenchement ou le maintien des stéréotypies.<br />
Le système limbique dans son ensemble est ainsi très régulièrement cité. Les ganglions<br />
de la base (surtout le noyau caudé) et le système septo-hippocampique sont<br />
plus précisément mis en cause. Ce sont en fait des boucles complexes d’interaction<br />
comme le système striato-nigro-pallidofuge qui peuvent être à la base de l’absence<br />
de contrôle d’une production motrice et d’une disparition de son signal d’arrêt. Les<br />
hypothèses neurotransmettrices, au gré des années et des auteurs, mettent le projecteur<br />
essentiellement sur trois types de neurotransmetteurs : la dopamine, la sérotonine<br />
et les endorphines. Ceci aura des implications sur le choix des molécules dans<br />
le traitement.<br />
Description des stéréotypies existant<br />
chez les animaux de compagnie<br />
Chez nos Carnivores domestiques plusieurs stéréotypies sont décrites par les propriétaires<br />
et observées par les praticiens. Luescher en a proposé une classifi cation<br />
Locomotrices : Suivant les espèces Poursuite de la queue (tail-chasing), tournis<br />
(spinning) mais aussi déambuler, sauter sur place, chasser des tâches de lumière ou<br />
rester immobile.<br />
Orales : mordillements, léchages, léchage d’objets, pica, claquement de bouche<br />
Agressives : auto agression sur une partie du corps (queue, postérieur)<br />
Vocales : aboiements rythmiques, miaulements persistants<br />
Hallucinatoires : fi xer des zones non remarquables, réveils brutaux avec attaques,<br />
sursauts sans raison.<br />
A lire cet inventaire, il est évident que sont mélangés des symptômes d’affections<br />
différentes, à la pathogénie différente et demandant une sémiologie plus fi ne pour<br />
autoriser un diagnostic différentiel correct.<br />
Diagnostic différentiel<br />
La première distinction vient donc de la place de la stéréotypie dans le motif de<br />
consultation : est-elle le symptôme unique ou largement majoritaire ? Ou est-elle un<br />
symptôme accessoire ?<br />
• 35 •<br />
Stéréotypie symptôme unique ou principal<br />
Quand la stéréotypie elle-même est le motif de consultation, de nombreux éléments<br />
vont entrer en compte pour permettre d’orienter ses recherches plutôt vers une lésion<br />
nerveuse ou une affection comportementale.<br />
La prévalence ethnique peut ainsi être un élément orientant le diagnostic.<br />
Ainsi les grattements d’oreille particuliers du Cavalier King-Charles sont maintenant<br />
reliés à la forte prévalence de syringomyélie dans cette race où plus de la moitié des<br />
lignées peuvent être atteintes.<br />
Les stéréotypies de léchages, voire d’absorption de tissu, sont retrouvées majoritairement<br />
chez les chats asiatiques. L’âge de début de la stéréotypie peut aussi donner des<br />
éléments d’orientation du diagnostic, mais toutefois cet élément est rarement univoque.<br />
Par exemple, le tournis du Bull-Terrier donne actuellement lieu à des controverses<br />
importantes. Pour certains auteurs, ces symptômes dans cette race relèvent de<br />
l’épilepsie partielle temporale. Pour l’École Zoopsychiatrique, certains de ces tournis<br />
s’inscrivent dans un tableau plus large incluant une phase prémorbide différente selon<br />
les sexes, une co-morbidité avec des troubles cutanés et seront diagnostiqués en<br />
syndrome dissociatif, parfois évoqué comme un modèle canin de la schizophrénie<br />
humaine. Dans ces cas-là, le début de l’affection est brutal en phase pubertaire ou<br />
de jeune adulte et plusieurs membres de la portée sont atteints. Il est important de<br />
garder en tête que les autres causes de tournis existent aussi chez le Bull-Terrier et<br />
que ce symptôme ne doit pas être synonyme de syndrome dissociatif dans cette race.<br />
Dans certains cas, l’étiologie environnementale est évidente. La restriction d’espace,<br />
les adaptations importantes imposées par la mise au travail d’un jeune animal sont<br />
les causes majeures de tableaux dominés par une stéréotypie comme dans la stéréotypie<br />
de contrainte du jeune chien.<br />
Stéréotypie symptôme secondaire<br />
Pour le vétérinaire comportementaliste, les stéréotypies sont souvent des découvertes<br />
au cours de l’interrogatoire ou sont visibles pendant la consultation mais ne<br />
constituent pas le motif. Seul un recueil soigneux de commémoratifs permettra souvent<br />
de faire la part entre un rituel social, une activité de substitution ou une vraie<br />
stéréotypie. Ces symptômes peuvent être retrouvés dans tous les états pathologiques<br />
(réactionnel, phobique, anxieux, dépressifs, réactionnels) et il n’y a donc pas d’équivalence<br />
entre ces symptômes et un diagnostic.<br />
PRONOSTIC, THÉRAPEUTIQUE ET<br />
THÉRAPIE DES STÉRÉOTYPIES<br />
En fonction du diagnostic établi, le pronostic et la prise en charge seront très différents<br />
Troubles nerveux<br />
Quand les stéréotypies sont reliées de façon certaine à des troubles nerveux, le traitement<br />
de choix peut être chirurgical comme dans la syringomyélie accompagné d’une<br />
prise en charge de la douleur avec, par exemple, de la gabapentine (Neurontin).<br />
Les stéréotypies reliées à des crises d’épilepsie partielle devraient être amendées par<br />
les anti epileptiques classiques comme les barbituriques (phénobarbital), en association<br />
ou non avec du bromure.<br />
Remarquons que, dans ces cas-là, il n’est pas rare que l’individu puisse souffrir d’anxiété<br />
liée aux manipulations, aux traitements ou à la douleur. Si cette anxiété est<br />
avérée, sa prise en charge sera bénéfi que.<br />
Troubles comportementaux<br />
Quand la stéréotypie ne peut pas être reliée à une hypothèse neurologique, c’est la<br />
prise en charge globale de l’affection qui apportera la meilleure solution.<br />
Stéréotypie symptôme unique ou principal<br />
Dans deux affections comportementales, nous allons retrouver la stéréotypie comme<br />
élément principal<br />
Stéréotypie de contrainte du jeune chien : c’est une affection anxieuse. La thérapie<br />
fera appel à la mise en place d’un programme de travail respectant le bien-être de<br />
l’animal. La thérapeutique sera choisie en fonction des symptômes. Comme cela a<br />
été décrit, ce sont principalement les molécules à visée dopaminergique (sélégiline<br />
0,5 mg/kg SID) ou sérotoninergique (fl uoxétine 2-4 mg/kg SID) qui seront utilisées.<br />
Syndrome dissociatif : En cas de confi rmation de ce diagnostic, le pronostic est<br />
sombre. Les crises hallucinatoires sont diffi cilement contrôlables et peuvent être accompagnées<br />
d’épisodes agressifs sans régulation. La prescription en première ligne<br />
repose sur les neuroleptiques atypiques (de nouvelle génération) qui sont à la fois<br />
antagonistes dopaminergiques et sérotoninergiques. La risperidone est par exemple<br />
utilisée à 1 mg/m2 , SID.<br />
Stéréotypie symptôme secondaire<br />
La prise en charge d’une stéréotypie dans le cas d’un trouble de la communication et<br />
dans le cas d’un syndrome hypersensisbilité hypercativité ne sera pas la même. Thérapie<br />
et thérapeutiques seront reliées au diagnostic principal, aux symptômes exprimés<br />
et à leurs corrélats neurotransmetteurs.<br />
Si les molécules à visée sérotoninergiques (fl uoxétine déjà citée) sont intéressantes<br />
pour contrôler les stéréotypies liées à l’hyperactivité, ce sont parfois les antidépresseurs<br />
tricycliques qui auront l’effet le plus évident sur une stéréotypie quand elle est