Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
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CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />
Récidives locales ou à distance de fi brosarcomes<br />
félins P. DE FORNEL-THIBAUD<br />
DVM, DESV médecine interne des animaux de compagnie,<br />
Centre de Cancérologie Vétérinaire, 7 avenue du Général de Gaulle<br />
F-94700 MAISONS-ALFORT<br />
Le fi brosarcome ou plutôt le « complexe fi brosarcome » peut être considéré comme<br />
une entité pathologique propre au chat, en raison de son incidence (majoritairement<br />
supérieure à celle des fi brosarcomes cutanés ou sous-cutanés rencontrés chez le<br />
chien), de ses modalités d’apparition (notion de « fi brosarcome post-vaccinal » (Vaccine<br />
Associated Sarcoma) ou plus précisément post-injection) et de son comportement<br />
biologique : tumeur très infi ltrante, présentant un risque important de récidive<br />
locale, prépondérant par rapport au risque métastatique.<br />
EVALUATION DU RISQUE DE RÉCIDIVE LOCALE<br />
Les fi brosarcomes félins sont des tumeurs agressives, réputées pour leur croissance<br />
rapide et infi ltrante d’une part et leur propension à repousser après exérèse d’autre<br />
part. Peu d’études à large échelle évaluent précisément la fréquence des récidives locales<br />
après chirurgie, suivie ou non d’un traitement complémentaire. Les données disponibles<br />
convergent toutefois vers un risque élevé de récidives, récidives survenant<br />
souvent rapidement. En pratique chirurgicale courante, des taux de récidive atteignant<br />
90 % sont ainsi rapportés après exérèse chirurgicale seule, 85 % des récidives<br />
se développant en moins de 6 mois (Hershey 2000, Hendrick 1994).<br />
La qualité des marges d’exérèse, fortement liée à la qualité de l’acte chirurgical (exérèse<br />
large versus exérèse marginale), apparaît comme le principal facteur de risque<br />
incriminé. Deux études, basées sur l’analyse histologique des marges d’exérèse, menées<br />
à 12 ans d’intervalle, présentent les mêmes conclusions : 19 et 31 % de récidives<br />
après exérèse de fi brosarcomes en marges histologiquement saines, contre 69 et 79<br />
% après exérèse en marges infi ltrées par la tumeur (Giudice 2009, Davidson 1997),<br />
soit des récidives près de 10 fois plus fréquentes lors d’exérèse histologiquement<br />
incomplète. De plus, la récidive survient plus précocement après exérèse tumorale<br />
incomplète (durée médiane de rémission de 16 mois après exérèse en marges saines<br />
contre 4 mois après exérèse en marges infi ltrées (Davidson 1997)), donnée retrouvée<br />
dans une étude portant sur la qualité de l’acte chirurgical (durée médiane de rémission<br />
de 13 mois après exérèse large contre 2 mois après exérèse marginale (Hershey<br />
2000)).<br />
EVALUATION DU RISQUE MÉTASTATIQUE<br />
Il est habituel de considérer que les fi brosarcomes félins sont des tumeurs qui métastasent<br />
peu et tardivement, en fi n d’évolution de la maladie. Il semble également<br />
que la probabilité d’apparition des métastases soit d’autant plus importante que le<br />
contrôle de la tumeur est satisfaisant : un chat chez qui la tumeur récidive plusieurs<br />
années après son exérèse initiale a en effet un risque accru de voir se développer des<br />
métastases à long terme, comparativement à un chat chez qui le développement de<br />
plusieurs récidives du fi brosarcome réduit l’espérance vitale.<br />
La synthèse des données bibliographiques conduit à évaluer le taux de métastases<br />
entre 6 et 25 % (Hendrick 1994, Cronin 1998). Ces métastases sont principalement<br />
des métastases pulmonaires. Des métastases lymphatiques, cutanées, osseuses ou<br />
encore viscérales sont ponctuellement rapportées. Toutefois, le bilan d’extension générale<br />
pratiqué dans l’ensemble des études publiées à ce jour repose sur la réalisation<br />
de clichés radiographiques du thorax, ne permettant la détection de métastases<br />
pulmonaires qu’au-delà d’une certaine taille (supérieure à 7-9 mm de diamètre au<br />
minimum). Dans l’expérience de l’auteur, l’incidence des métastases pulmonaires du<br />
fi brosarcome félin semble en augmentation depuis quelques années. Deux hypothèses<br />
peuvent être considérées : généralisation des bilans d’extension par examen<br />
tomodensitométrique autorisant un seuil de détection des métastases pulmonaires<br />
bien inférieur à celui de la radiographie (dès 1-2 mm de diamètre) ou majoration de<br />
l’agressivité à distance des tumeurs ?<br />
PRÉVENTION DES RÉCIDIVES LOCALES ET DES MÉTASTASES<br />
Cette agressivité locale particulière des fi brosarcomes félins justifi e des exérèses<br />
chirurgicales larges et d’emblée étendues. Toutefois, l’existence de récidives en dépit<br />
d’une exérèse complète, la fréquente confrontation à des fi brosarcomes dont l’exérèse<br />
large est d’emblée délicate ou impossible sont autant de situations invitant au<br />
recours à des traitements complémentaires consécutifs à la chirurgie. En pratique<br />
chirurgicale courante, la réalisation d’une radiothérapie externe après exérèse d’un<br />
fi brosarcome offre un bénéfi ce incontestable à l’acte chirurgical isolé, avec des médianes<br />
de rémission atteignant 14 à 22 mois (Cohen 2001, Bregazzi 2001). L’ensemble<br />
des séries publiées repose sur l’administration d’une dose totale de 48 à 57<br />
Gy, fractionnée en 3 à 5 séances hebdomadaires de 3 Gy.<br />
Afi n de limiter le nombre d’anesthésies, la durée et le coût du traitement, une autre<br />
technique est pratiquée comme traitement adjuvant à l’exérèse chirurgicale des fi -<br />
brosarcomes félins : la brachythérapie interstitielle, traitement de 4 jours, reposant<br />
sur l’introduction sous-cutanée d’une source d’iridium-192. Le suivi de 252 chats<br />
• 97 •<br />
traités par cette technique, après exérèse chirurgicale d’un fi brosarcome, de 2000 à<br />
2004 au Centre de Cancérologie Vétérinaire – Maisons-Alfort illustre les bénéfi ces de<br />
ce traitement, avec une médiane de rémission de 24 mois (présentation orale ECVIM<br />
congress <strong>2010</strong>).<br />
En terme de prévention des récidives et des métastases, aucune étude ne plaide à ce<br />
jour pour un intérêt de la chimiothérapie (adriblastine), utilisée en première intention<br />
ou en postopératoire, seule ou en association à la radiothérapie.<br />
ATTITUDE FACE À UNE RÉCIDIVE LOCALE OU DES<br />
MÉTASTASES<br />
Lorsqu’une récidive se produit, l’attitude à proposer est théoriquement similaire à<br />
une prise en charge initiale : exérèse chirurgicale large suivie d’une radiothérapie.<br />
Toutefois, il semble que la durée de rémission des chats opérés une seule fois avant<br />
radiothérapie soit plus longue que celle des chats ayant déjà récidivé avant radiothérapie.<br />
De plus, le caractère infi ltrant de la tumeur a tendance à se majorer avec la récidive.<br />
Par défi nition, la récidive survient sur un site remanié par la ou les précédentes interventions,<br />
au cours desquelles des « barrières » anatomiques ont éventuellement<br />
été retirées (tissu adipeux sous-cutané par exemple) ; la récidive est donc susceptible<br />
d’infi ltrer des plans musculaires plus profonds, plus délicats à retirer. Dans ce<br />
contexte, la réalisation d’un bilan d’extension locale précis préalable à une ré intervention<br />
chirurgicale prend tout particulièrement sens. Les techniques d’imagerie médicale<br />
en coupes (examen tomodensitométrique et examen d’imagerie par résonance<br />
magnétique) répondent à cet objectif. Elles offrent en effet la possibilité d’évaluer<br />
de façon précise les contours de la tumeur (particulièrement intéressant pour l’évaluation<br />
de l’extension en profondeur), les tissus infi ltrés ou au minimum au contact<br />
direct de la tumeur (plans musculaires en particulier). Elles permettent d’apprécier<br />
les structures osseuses en contact avec la tumeur et leur intégrité (recherche de lésions<br />
ostéolytiques par examen tomodensitométrique préférentiellement). L’extension<br />
intracavitaire (thoracique ou abdominale) des lésions pariétales peut également<br />
être évaluée. Elles autorisent ainsi une discrimination objective entre les tumeurs ré<br />
opérables (au sens carcinologique du terme) et celles inopérables (trop étendues,<br />
trop infi ltrantes…) et une optimisation de la qualité de l’exérèse chirurgicale par la<br />
planifi cation préalable de l’intervention : taille de l’incision à envisager, plans musculaires<br />
à retirer, processus transverses ou scapula à couper… L’examen tomodensitométrique<br />
autorise de plus la réalisation d’un bilan d’extension générale concomitant,<br />
particulièrement important lors de récidive tardive.<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
Le Dr De Fornel -Thibaud est associée au Centre de Cancérologie<br />
Vétérinaire – Maisons-Alfort pratiquant notamment les activités<br />
suivantes : radiothérapie (externe et iridothérapie), examens<br />
tomodensitométriques et examens d’imagerie par résonance<br />
magnétique.<br />
Apparition de métastases après exérèse de tumeur<br />
mammaire : plus rien à proposer ? C. SOYER<br />
DMV - Clinique Vétérinaire UCVET – 54 rue Stendhal –<br />
F-75020 PARIS<br />
Les tumeurs mammaires ont un comportement biologique très différent chez la<br />
chienne et chez la chatte. Chez la chienne non stérilisée, les tumeurs mammaires<br />
représentent la première cause de cancer. Les tumeurs mammaires canines sont malignes<br />
dans 75 % des cas. Les nodules sont multiples chez la moitié des chiennes et<br />
chaque nodule peut être d’une nature différente. Les deux principaux sites d’extension<br />
métastatique sont ganglionnaire et pulmonaire. Le drainage lymphatique, bien<br />
décrit chez la chienne, détermine le geste chirurgical. L’extension métastatique à distance<br />
est essentiellement pulmonaire. Dans une moindre mesure, des métastases ont<br />
été décrites dans différents organes abdominaux (foie, rein, surrénale, rate, pancréas,<br />
diaphragme, ovaire, cœur, urètre) et à des stades plus évolués, dans le tissu osseux et<br />
le système nerveux central.<br />
Chez la chatte, 90 % des tumeurs sont identifi ées comme de haut grade de malignité.<br />
Les extensions lymphatiques, fréquentes, ne conduisent pas à des règles chirurgicales<br />
aussi claires que chez la chienne. Les métastases pulmonaires sont souvent présentes<br />
au moment du diagnostic et constituent le premier site de dissémination à distance.<br />
Cependant, les atteintes du nœud lymphatique sus-sternal ou de la plèvre ne sont<br />
pas négligeables. L’extension métastatique est possible vers les nœuds lymphatiques<br />
abdominaux, le foie, la rate ou les reins. Plus rarement, une dissémination osseuse<br />
ou cérébrale a été décrite.