Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
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CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />
masse tumorale. L’absence d’anomalie respiratoire ne doit en aucun cas éliminer cet<br />
examen complémentaire ; par exemple, un pyothorax unilatéral débutant peut ne pas<br />
être accompagné de dyspnée. Si elle est disponible, l’échographie sera préférée à la<br />
radiographie : elle permet la visualisation d’anomalies intra-parenchymateuses non<br />
visibles à la radiographie. Les hépatopathies peuvent notamment s’accompagner de<br />
modifi cations de l’échogénicité du parenchyme, même si ces dernières sont inconstantes.<br />
L’échographie est par ailleurs une technique très sensible pour la détection<br />
des épanchements. A l’issue de cette première série d’examens complémentaires<br />
si une anomalie a pu être mise en évidence, d’autres investigations sont mises en<br />
œuvre afi n d’explorer en priorité cette anomalie : on rentre alors dans la deuxième<br />
série d’examens complémentaires ; si aucune anomalie n’est présente, d’autres examens<br />
plus invasifs sont entrepris « à l’aveugle ».<br />
Face à une anémie régénérative, des tests de Coombs seront réalisés. Si l’anémie est<br />
centrale, on s’orientera alors vers un myélogramme, également indiqué lors d’autres<br />
cytopénies périphériques inexpliquées. L’examen cytologique, simple et peu coûteux,<br />
est indiqué dans de nombreuses situations. La visualisation à l’échographie abdominale<br />
de modifi cations de l’échogénicité d’organes parenchymateux, de masses,<br />
de liquides d’épanchement, ou la mise en évidence par la radiographie de masses<br />
thoraciques ou d’épanchement pleural, sont autant d’indications à la réalisation<br />
d’aspirations à l’aiguille fi ne. Si des anomalies de la densité radiographique pulmonaire<br />
sont mises en évidence, l’examen cytologique du lavage broncho-alvéolaire<br />
sera effectué. L’adénogramme est bien sûr indiqué en présence d’une adénopathie.<br />
En présence d’une suspicion de polyarthrite, la cytologie du liquide synovial permettra<br />
d’en établir le diagnostic. Bien que plus invasive, la réalisation de biopsies sera<br />
parfois indiquée, car l’examen histopathologique est souvent complémentaire de la<br />
cytologie. Dans certains cas, il représente l’examen de choix en première intention,<br />
comme par exemple face à des modifi cations biologiques et échographiques suggérant<br />
la présence d’une hépatopathie infl ammatoire. La mise en culture du liquide de<br />
lavage broncho-alvéolaire, s’il a été recueilli, se doit d’être systématique, compte tenu<br />
de la fréquence élevée des infections respiratoires dans cette espèce. L’examen bactériologique<br />
doit également intervenir sur les urines, les liquides d’épanchement ou<br />
le liquide synovial, en complément de l’examen cytologique d’anomalies suggérant<br />
la présence d’une infection.<br />
Une dernière étape est envisagée lorsque les examens précédemment mis en œuvre<br />
et le suivi clinique de l’animal ne permettent pas d’établir le diagnostic, ou du moins<br />
d’orienter la démarche du clinicien. Elle fait appel à des procédures souvent lourdes et<br />
coûteuses, et peut être mal comprise par le propriétaire. Certains examens présentés<br />
plus hauts seront réalisés à ce stade si aucune modifi cation clinique ou biologique n’a<br />
fourni d’indication à les réaliser plus tôt : c’est notamment le cas du myélogramme.<br />
A la différence de ce qui est recommandé chez le chien, l’analyse systématique du<br />
liquide synovial, ou du liquide céphalorachidien, est discutable ici, compte tenu de<br />
la rareté des affections recherchées par ces examens chez le chat. La laparotomie<br />
exploratrice est également à envisager : sans nécessairement apporter un diagnostic,<br />
elle permettra de réaliser des prélèvements biopsiques sur l’ensemble des organes<br />
abdominaux. Pour son caractère moins invasif, la laparoscopie (voire la thoracoscopie)<br />
peut être considérée si elle est disponible, tout comme d’autres investigations<br />
d’imagerie comme la tomodensitométrie ou l’imagerie par résonance magnétique.<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
Néant.<br />
Approche diagnostique d’une fi èvre d’origine à<br />
déterminer chez le chien : un peu de méthode !<br />
C. CHERVIER<br />
DMV, Résidente en médecine interne ECVIM-CA, F-71170 COUBLANC<br />
Les fi èvres d’origine à déterminer (FOAD) représentent un défi diagnostique majeur<br />
en médecine humaine et vétérinaire. Plus de 200 causes sont répertoriées chez<br />
l’homme, ce qui illustre l’importance d’une démarche diagnostique logique et raisonnée.<br />
Une telle démarche exige du clinicien une connaissance des différentes causes<br />
de fi èvre dans une région donnée, la réalisation d’examens cliniques complets et<br />
répétés, ainsi que l’appréciation de la puissance diagnostique des examens complémentaires<br />
qu’il a en sa possession.<br />
Plusieurs études se sont intéressées à l’étiologie de la fi èvre chez le chien. Comme<br />
en médecine humaine, la distribution relative des différentes causes chez le chien a<br />
changé au fi l du temps, avec une prédominance aujourd’hui des maladies infl ammatoires<br />
non infectieuses et des fi èvres d’origine indéterminée (FOI), face aux maladies<br />
infectieuses et aux processus tumoraux, autrefois prépondérants. Ce changement est<br />
probablement le résultat de l’apparition de nouvelles avancées en imagerie médicale,<br />
qui permettent de détecter plus précocement des processus néoplasiques ou<br />
des foyers infectieux profonds, avant que ces cas ne soient réellement investigués<br />
pour fi èvre d’origine à déterminer. En médecine humaine, une fi èvre d’origine indéterminée<br />
était initialement défi nie selon des critères quantitatifs (critère de temps)<br />
puisqu’un diagnostic de FOI était établi seulement lorsqu’aucune cause n’avait été<br />
• 75 •<br />
mise en évidence après une semaine [Petersdorf, 1961] puis 3 jours [Durack, 1991]<br />
d’examens complémentaires en hospitalisation. Ces critères ont été récemment<br />
remplacés par des critères qualitatifs, puisqu’un diagnostic de FOI chez l’homme<br />
est aujourd’hui établi lors d’absence de mise en évidence d’affection causale seulement<br />
après réalisation d’une liste exhaustive d’examens complémentaires suivie par<br />
étapes. En médecine vétérinaire, aucune défi nition précise des FOI n’est consensuellement<br />
établie. En comparaison avec la médecine humaine, une démarche diagnostique<br />
étagée devrait être suivie par le vétérinaire clinicien face à une FOAD chez le<br />
chien, et seulement au terme de laquelle, une FOI pourra être diagnostiquée si toutes<br />
les investigations complémentaires échouent dans la mise en évidence d’une cause.<br />
Une proposition de plan diagnostique étagé est suggérée ici.<br />
1ère ÉTAPE : EVALUATION INITIALE DU SUJET<br />
Un recueil complet des commémoratifs et de l’anamnèse est une étape essentielle : le<br />
clinicien doit s’attacher notamment à questionner le propriétaire sur le statut vaccinal<br />
de l’animal, son mode de vie et ses voyages à l’étranger ou en zones endémiques<br />
nationales, ses traitements antérieurs ou encore ses contacts avec d’autres animaux,<br />
symptomatiques ou non. Un examen clinique complet et répété représente également<br />
une étape clé dans l’exploration initiale d’une fi èvre. Il doit notamment inclure<br />
un examen du fond d’œil, une palpation et manipulation des articulations, de la<br />
diaphyse des os longs et de la colonne (particulièrement du cou), un examen des<br />
urines, un toucher prostatique, une palpation des nœuds lymphatiques et un examen<br />
cardiorespiratoire.<br />
En cas de mise en évidence d’anomalies à l’examen clinique, les investigations complémentaires<br />
seront orientées et adaptées en fonction de celles-ci. L’auscultation<br />
d’un souffl e cardiaque sera une indication pour un examen échocardiographique,<br />
une poly-arthralgie pour des ponctions articulaires, des anomalies de la bandelette<br />
urinaire pour un examen cytologique et bactériologique des urines, une douleur à la<br />
palpation de la colonne pour des clichés radiographiques,…<br />
Dans la situation où aucune anomalie n’était révélée à l’examen clinique, des examens<br />
sanguins, peu invasifs et peu coûteux, doivent être réalisés. Un hémogramme,<br />
un bilan biochimique ainsi qu’une électrophorèse des protéines sériques peuvent<br />
apporter de nouveaux indices afi n d’orienter le clinicien. Il est important de ne pas<br />
omettre que des troubles hématologiques immuns sont fréquemment à l’origine<br />
d’une hyperthermie. Il est nécessaire également de répéter l’examen clinique.<br />
2e ÉTAPE : ABSENCE D’INDICES BIOLOGIQUES OU CLINIQUES.<br />
PLACE DE L’IMAGERIE MÉDICALE<br />
Lors de cette deuxième étape, il est primordial que le clinicien réexamine l’animal et<br />
reconsidère les examens biologiques réalisés précédemment, permettant parfois de<br />
déceler de nouveaux signes cliniques ou des symptômes passés inaperçus lors des<br />
examens précédents.<br />
En l’absence d’indices cliniques ou biologiques évoquant une affection en particulier,<br />
le clinicien préconisera la réalisation d’examens d’imagerie médicale. Des examens<br />
radiographiques thoracique et abdominal associés à un examen échographique abdominal<br />
permettent de rechercher et mettre en évidence un foyer infectieux profond<br />
ou un processus tumoral. Des cytoponctions d’organes « suspects » seront à réaliser.<br />
En zone endémique de maladies infectieuses, des examens sérologiques spécifi ques<br />
des agents infectieux correspondants peuvent être réalisés (leishmaniose, leptospirose,<br />
borréliose,…).<br />
Si aucune anomalie n’est mise en évidence à ce stade de la démarche, l’hospitalisation<br />
du chien est préconisée afi n de mettre en lumière de nouveaux symptômes<br />
absents jusque-là par des examens cliniques répétés.<br />
3e ÉTAPE : INVESTIGATIONS COMPLÉMENTAIRES À L’“AVEUGLE”<br />
Si, à l’issue des deux étapes précédentes, aucune affection causale n’est mise en<br />
évidence, des examens complémentaires pourront être réalisés « à l’aveugle ». C’est<br />
ainsi qu’une ponction de liquide céphalo-rachidien, des ponctions articulaires, ou encore<br />
un myélogramme pourront être réalisés même en l’absence de troubles nerveux,<br />
de poly-arthralgie, ou encore de troubles hématologiques décelés à l’hémogramme,<br />
respectivement. En effet, la forte prévalence des affections dysimmunitaires dans<br />
l’étiologie des fi èvres chez le chien doit amener le clinicien à explorer une polyarthrite<br />
et/ou une méningite, même en l’absence de signes cliniques évocateurs, d’autant plus<br />
si une corticothérapie a été administrée dans les jours précédents.<br />
En l’absence d’identifi cation d’une cause après le suivi d’une démarche diagnostique<br />
étagée, un diagnostic de FOI peut alors être établi, et un essai thérapeutique mis<br />
en place. De même, en cas d’interruption de la démarche par les propriétaires pour<br />
diverses raisons, un essai thérapeutique peut être instauré. Il conviendra de mettre en<br />
place en premier lieu une antibiothérapie. En cas d’échec, une corticothérapie pourra<br />
être tentée. Selon la réponse thérapeutique (antibiothérapie versus corticothérapie),<br />
le clinicien pourra être orienté vers la nature de l’affection causale (infectieuse versus<br />
dysimmunitaire par exemple). Un diagnostic thérapeutique pourra ainsi être établi,<br />
avec toutes les limites que ca diagnostic comporte (méconnaissance de la cause<br />
sous-jacente et de la durée de traitement à poursuivre, doute sur une réelle réponse<br />
liée au traitement versus une réponse spontanée).