Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
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CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />
pourraient être des marqueurs intéressants pour décider de la fi n du traitement. Lors<br />
d’évolution défavorable, il autorise une évaluation précise de l’épidurite et d’abcès.<br />
Les symptômes nerveux et la douleur<br />
Les symptômes nerveux<br />
Ils traduisent la présence d’une compression médullaire soit par du matériel infecté<br />
soit par des fragments osseux instables. S’ils sont intenses lors du diagnostic, un<br />
examen en coupe doit être réalisé afi n de planifi er une intervention chirurgicale. On<br />
procédera de la même façon en l’absence d’amélioration rapide ou en cas de dégradation<br />
lors de la mise en place du traitement. Leur disparition peut être tardive après<br />
la guérison et ils ne sont donc pas un marqueur intéressant pour arrêter le traitement.<br />
La douleur<br />
Elle peut être d’origine infl ammatoire mais aussi mécanique (instabilité vertébrale,<br />
compression radiculaire). Sa disparition en l’absence de traitement antalgique est<br />
un marqueur intéressant de la réussite du traitement. En cas de persistance, il est<br />
important de déterminer son origine afi n de savoir si elle témoigne d’un échec de<br />
l’antibiothérapie ou si elle traduit une anomalie de la statique vertébrale.<br />
QUE FAIRE EN CAS DE MAUVAISE RÉPONSE AU TRAITEMENT<br />
DE PREMIÈRE INTENTION ?<br />
L’évaluation de la réponse thérapeutique dans les premiers jours est basée sur les<br />
marqueurs de l’infl ammation, les symptômes nerveux et la douleur. Une amélioration<br />
doit avoir lieu dans les 2 à 5 jours après l’initiation du traitement.<br />
Rechercher l’agent causal<br />
ECBU (+ dans 29 % des cas), hémocultures (+ dans 34 % des cas), voire ponction/<br />
biopsie du disque intervertébral (effi cacité mal évaluée chez le chien mais atteignant<br />
90 % chez l’homme). Dans un certain nombre de cas, le germe retrouvé dans le<br />
disque est différent de celui retrouvé dans les urines, ou même dans le sang. Par<br />
ailleurs, si la majorité des spondylodiscites est d’origine bactérienne hématogène<br />
(bactérie pyogène généralement), il faut rechercher les causes plus rares : bactérie<br />
non pyogène (brucellose : examen sérologique ou PCR), champignon (Aspergillus,<br />
Candida : examen histologique, culture), corps étrangers (épillet, implant chirurgical<br />
: examen d’imagerie en coupe). En fonction des résultats microbiologiques, on<br />
instaurera un traitement adapté par voie IV jusqu’à diminution signifi cative ou disparition<br />
des marqueurs de l’infl ammation. La découverte d’un corps étranger nécessite<br />
son retrait.<br />
Recherche de complications locales<br />
Une instabilité, un empyème ou un abcès paravertébral. Les deux premiers nécessitent<br />
un traitement chirurgical, le troisième pouvant être drainé sous contrôle échographique<br />
ou tomodensitométrique. Lors d’instabilité et de façon plus globale, la<br />
mise au repos est un élément clé.<br />
Recherche d’autres foyers infectés<br />
Que ce soit la porte d’entrée, une complication, ou un autre site discal, il est important<br />
de les repérer afi n de les suivre et de rechercher le germe en cause. Par ailleurs,<br />
lorsque les analyses microbiologiques sont négatives, ils peuvent nous aider à choisir<br />
l’antibiotique.<br />
QUAND ARRÊTER LE TRAITEMENT ?<br />
Le passage de la voie IV à orale peut se faire lors de la disparition ou de la diminution<br />
des signes d’infl ammation ou de douleur. En revanche, le moment de l’arrêt du traitement<br />
est plus diffi cile à déterminer : absence de signes d’infl ammation, de douleur<br />
rachidienne et stabilisation des signes aux examens d’imagerie sont probablement<br />
les conditions sine qua non à l’arrêt du traitement. Si un traitement de 6 semaines<br />
est souvent proposé, des traitements de plusieurs mois sont rapportés.<br />
CONCLUSION<br />
La prise en charge thérapeutique optimale d’une spondylodiscite repose sur un diagnostic<br />
précis quant au nombre d’espaces atteints (réalisation d’une radiographie de<br />
l’ensemble du rachis), quant à la porte d’entrée du germe (recherche d’infection urinaire,<br />
dentaire, cutanée, ou d’abcès profond), quant à des localisations métastatiques<br />
(recherche d’un souffl e cardiaque et le cas échéant, réalisation d’une échographie<br />
cardiaque) et quant au germe en cause (ECBU, hémoculture, ponction de disque intervertébral<br />
si nécessaire). Par ailleurs, il est important d’avoir, avant la mise en place<br />
du traitement, des marqueurs fi ables que l’on pourra suivre afi n d’évaluer l’effi cacité<br />
du traitement (marqueur de l’infl ammation essentiellement). De plus, lors d’évolution<br />
défavorable, il ne faut pas hésiter à rechercher des causes rares (brucellose, corps<br />
étrangers) ou des complications (instabilité vertébrale, empyème). Enfi n, l’arrêt du<br />
traitement reste un moment diffi cile à déterminer : en l’absence de consensus, il est<br />
alors important de prendre en compte l’ensemble des signes cliniques, biologiques et<br />
d’imagerie, afi n de faire le choix le plus documenté possible. Cette prise en considération<br />
globale doit gouverner l’ensemble des décisions dans le suivi thérapeutique.<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
Néant.<br />
• 86 •<br />
Courtes Communications<br />
Empyème spinal épidural suite à un abcès souscutané<br />
chez un chat<br />
A.GANNE (1) , A.DENEUCHE, C.ANTOMARCHI<br />
1. VET 24, 994 av. de la République, F-59700 MARCQ-EN-BAROEUL<br />
L’empyème spinal épidural résulte de l’accumulation de matériel purulent dans l’espace<br />
épidural du canal rachidien. C’est une urgence neurologique qui nécessite un diagnostic<br />
et un traitement précoce afi n d’éviter des lésions neurologiques irréversibles.<br />
HISTORIQUE<br />
Une jeune chatte est présentée en consultation pour parésie des membres postérieurs<br />
évoluant depuis 4 jours. Quelques mois auparavant un abcès par morsure est<br />
diagnostiqué en région supracaudale et traité par parages chirurgicaux et divers traitements<br />
antibiotiques.<br />
EXAMEN CLINIQUE<br />
A l’examen, le patient est fébrile et non-ambulatoire et présente une plaie suppurée en<br />
région supracaudale. L’examen neurologique révèle un défi cit proprioceptif bilatéral,<br />
une paraparésie postérieure sévère avec préservation de la SDP et des réfl exes postérieurs<br />
de type MNC. Une douleur sévère est présente en région thoraco-lombaire.<br />
DÉMARCHE DIAGNOSTIQUE<br />
Une myélopathie symétrique T3-L3 est suspectée. Le diagnostic différentiel inclut une<br />
méningite, un empyème spinal, un kyste ou un hématome spinal, une hydromyélie,<br />
une syringomyélie, un traumatisme spinal ou une tumeur.<br />
Les examens hématobiochimiques montrent une leucocytose neutrophilique. Les<br />
analyses urinaires sont normales.<br />
Un scanner rachidien met en évidence un effet de masse hypodense du canal médullaire<br />
de T9 à S1. Une acquisition complémentaire après injection IV d’iohexol 350<br />
mg/mL montre une prise de contraste de ce tissu péridural. Une myélographie par<br />
injection de iopamidol (0,4 mL/kg) par voie cisternale met en évidence une lésion<br />
compressive extradurale avec arrêt de la colonne de contraste à partir de T9. L’analyse<br />
du LCR montre une pléocytose à dominante neutrophilique et une augmentation<br />
du taux de protéines. Ces examens permettent de conclure à une compression extradurale<br />
sévère et extensive par un empyème épidural.<br />
TRAITEMENT<br />
La décompression des 12 espaces intervertébraux est réalisée par 3 sites d’hémilaminectomie<br />
en L7-S1, T9-T11 et L3-L4 pour fl usher l’espace épidural à l’aide de<br />
soluté salé via un cathéter 24G et d’aspirer l’ensemble du matériel compressif. L’examen<br />
postopératoire à J +3 montre une amélioration signifi cative des signes neurologiques<br />
mais un écoulement lombosacré persiste. Une fi stulographie (iohexol 350 mg/<br />
mL) montre une extension de l’abcès dans la musculature épaxiale ventralement au<br />
corps de L5. Une laparotomie exploratrice permet l’exploration et l’épiploïsation de<br />
l’abcès. La déhiscence supracaudale est traitée par pansements stériles puis suturée<br />
sur drain aspiratif après granulation. Une culture bactérienne isole un germe multirésistant,<br />
Acinetobacter baumanii, traité par tobramycine (5 mg/kg SID) pendant<br />
4 semaines sous contrôles réguliers de la fonction rénale. Le patient sort d’hospitalisation<br />
à 5 semaines suite à une récupération neurologique complète.<br />
DISCUSSION<br />
Les causes de l’empyème spinal incluent l’infection bactérienne par voie hématogène<br />
ou lymphatique ou par contamination directe sur un site infecté tel qu’une discospondylite,<br />
ostéomyélite, abcès ou infection d’un site chirurgical. L’empyème épidural<br />
est une entité décrite depuis longtemps en médecine humaine et est principalement<br />
secondaire à un abcès sous-cutané ou un furoncle. Les premières descriptions chez<br />
le chien datent des années quatre-vingt-dix et aucun cas n’avait été décrit à notre<br />
connaissance chez le chat. L’IRM est l’outil diagnostic privilégié en médecine humaine.<br />
L’IRM et le scanner sont utilisés pour le diagnostic de l’empyème en médecine<br />
vétérinaire. Le traitement médical peut être réservé aux patients instables ou peu<br />
symptomatiques mais le traitement chirurgical s’impose dans les cas neurologiquement<br />
avancés. Le pronostic est basé sur la précocité du diagnostic.<br />
CONCLUSION<br />
L’empyème spinal épidural doit être considéré dans le diagnostic différentiel chez le<br />
chat présentant une hyperthermie et une myélopathie progressive. Une décompression<br />
chirurgicale d’urgence doit être associée à un traitement antibactérien approprié<br />
lors de dysfonctionnement neurologique sévère.<br />
• Bibliographie<br />
Lavely J, Vernau K and al : Spinal epidural empyema in seven dogs. Vet Surg 2006 ;<br />
35 : 176-185.<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
Néant.