Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
Programme scientifique paris 2010 - AFVAC
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
CONGRÈS <strong>AFVAC</strong> PARIS <strong>2010</strong> 10-11-12 DÉCEMBRE<br />
suffi sant pour un effet thérapeutique (concentration de 500 ng/mL chez le chien,<br />
entre 250 et 500 ng/mL chez le chat). La mesure s’effectue 12 heures après l’administration<br />
(juste avant la deuxième administration quotidienne).<br />
Effets secondaires indésirables<br />
Il existe pour la plupart des médicaments immunodépresseurs une faible marge entre<br />
dose toxique et dose biologiquement active, si bien que leurs effets secondaires<br />
constituent souvent une limite à leur utilisation. L’association de plusieurs médicaments<br />
donnés à faibles doses permet parfois d’assurer le niveau d’immunodépression<br />
désiré en réduisant les risques de toxicité propres à chaque produit. A noter que :<br />
- Les effets secondaires de l’azathioprine chez le chien sont imprévisibles mais relativement<br />
peu fréquents. Ils peuvent être limités grâce à l’ajustement individuel des<br />
doses dans les premières semaines à la suite de la mise en place du traitement et<br />
requièrent impérativement le contrôle de l’hémogramme (numération leucocytaire<br />
principalement) une fois par semaine dans les 2 semaines qui suivent l’initiation du<br />
traitement.<br />
- Pour limiter les effets secondaires d’une corticothérapie massive et soutenue, le<br />
danazol (Danatrol®), dérivé synthétique de l’ethistérone, a parfois été préconisé à<br />
la dose de 5 mg/kg 3 fois par jour chez le chien (15 mg/kg/jour) et 2 fois par jour<br />
chez le chat (10 mg/kg/jour) en raison d’un effet synergique avec les glucocorticoïdes<br />
autorisant leur utilisation à une dose moindre sur le long terme et limitant de fait<br />
leurs effets secondaires.<br />
Gravité et facteurs pronostiques<br />
Les cas d’anémie immunologique considérés d’emblée comme graves pourraient justifi<br />
er un traitement plus lourd et, notamment l’association systématique de plusieurs<br />
principes actifs. Les paramètres associés à un mauvais pronostic sont une auto-agglutination,<br />
une hémolyse intravasculaire, une thrombopénie (< 50 g/L), une leucocytose<br />
neutrophilique (avec déviation à gauche), un ictère, une hyperbilirubinémie (><br />
85 μmol/L), ou l’absence de réponse régénérative. Un caractère faiblement ou non<br />
régénératif (anémie immunologique à participation centrale) est le principal facteur<br />
à prendre en compte dans le pronostic à moyen ou long terme, alors que les autres<br />
paramètres relèvent davantage du pronostic initial.<br />
Autres cas<br />
Chez les animaux souffrant d’une anémie immunologique avec splénomégalie importante,<br />
l’indication d’une splénectomie qui a longtemps été envisagée uniquement<br />
en dernier recours dans les situations désespérées pourrait être à reconsidérer au vu<br />
d’une récente publication qui ne porte toutefois que sur un nombre limité de cas.<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
Néant.<br />
Envisager une cause immunologique lors d’anémie<br />
non régénérative L. CHABANNE<br />
Docteur vétérinaire, Professeur de Pathologie médicale, Département<br />
des Animaux de compagnie, Vet Agro Sup, Campus Vétérinaire de Lyon,<br />
1 av Bourgelat, F-69280 MARCY L’ETOILE.<br />
Évoquer une cause (ou plus exactement un mécanisme) immunologique fait partie<br />
des standards de l’abord diagnostique d’une anémie hémolytique, alors qu’une telle<br />
cause est moins souvent évoquée dans le cas d’une anémie non régénérative. Or,<br />
si on considère les publications consacrées aux anémies hémolytiques immunologiques<br />
chez le chien, et donc a priori régénératives car d’origine périphérique, de<br />
nombreuses publications font désormais état d’un caractère non régénératif dans un<br />
nombre non négligeable de cas (30 à 60 % des cas lors de la prise en charge, sans<br />
que le caractère chronique de l’anémie ne soit toutefois bien étayé). Inversement,<br />
lorsqu’on s’intéresse aux anémies non régénératives et aux anomalies de la moelle<br />
osseuse hématopoïétique chez le chien ou le chat, un mécanisme immunologique<br />
est désormais fréquemment évoqué parallèlement à l’existence d’une hyperplasie<br />
érythroïde de la moelle osseuse (cas le plus fréquent), ou d’un arrêt dans la maturation<br />
érythroïde, voire – cas plus rare – lors d’éryhtroblastopénie (pure red cell<br />
aplasia).<br />
En conséquence, cette présentation particulière des anémies immunologiques doit<br />
être prise en considération.<br />
CARACTÉRISTIQUES CLINIQUES, CIRCONSTANCES DE<br />
DÉCOUVERTE<br />
L’apparition des symptômes peut être soit progressive (sur plusieurs semaines), soit<br />
très rapide et faisant suite alors à un syndrome hémolytique aigu. Les symptômes<br />
ne sont pas spécifi ques et varient en fonction de l’intensité de l’anémie. Les signes<br />
d’hémolyse (ictère, bilirubinurie, splénomégalie) sont souvent présents mais avec une<br />
intensité variable.<br />
• 55 •<br />
HÉMOGRAMME<br />
La numération-formule sanguine met en évidence une anémie souvent marquée,<br />
généralement normochrome et normocytaire, mais avec une réticulocytose toujours<br />
insuffi sante. Une neutropénie et/ou plus fréquemment une thrombopénie sont parfois<br />
observées. L’examen du frottis sanguin montre généralement une tendance à<br />
l’agglutination, une sphérocytose modérée et parfois des anomalies plus nettes de<br />
la lignée rouge (anisocytose érythrocytaire marquée, érythroblastose sanguine avec<br />
présence d’érythroblastes anormaux).<br />
RÉTICULOCYTES<br />
Le caractère non régénératif d’une anémie immunologique lors de sa prise en charge<br />
ne signifi e pas automatiquement une origine centrale. En effet, lors d’évolution aiguë,<br />
l’apparition des réticulocytes dans le torrent circulatoire peut ne pas avoir encore eu<br />
lieu. Un délai de 3 à 5 jours s’impose donc avant de conclure au caractère non régénératif<br />
si on ne peut pas attester du caractère chronique de l’anémie !<br />
Dans tous les cas (phénomène aigu ou origine centrale), ce paramètre est associé à<br />
un mauvais pronostic en comparaison des anémies immunologiques qui apparaissent<br />
d’emblée régénératives.<br />
MYÉLOGRAMME<br />
Le myélogramme est caractérisé soit par une érythropoïèse ineffi cace, soit par un<br />
arrêt dans la maturation érythroblastique, soit par une érythroblastopénie grave. Les<br />
principales anomalies rencontrées sont de façon variable :<br />
- une dysmyélopoïèse ou une dysmégacaryopoïèse, qui ne sont systématiquement<br />
pas associées à une cytopénie périphérique correspondant (neutropénie ou thrombopénie).<br />
- des images d’érythrophagocytose, voire d’érytroblastophagocytose,<br />
- une fréquente hyperplasie lymphoïde chez le chat et plasmocytaire chez le chien.<br />
- des images de nécrose médullaire.<br />
- une fi brose médullaire.<br />
- des signes d’infl ammation aiguë et de perméabilité vasculaire accrue.<br />
DIAGNOSTIC IMMUNOLOGIQUE<br />
Comme pour les anémies hémolytiques périphériques, les critères utilisés pour le diagnostic<br />
immunologique sont une auto-agglutination persistante en milieu salin, une<br />
sphérocytose (qui est rarement massive dans le cas de ces anémies centrales) et/<br />
ou une positivité du test de Coombs direct (à chaud ou à froid). Le test de Coombs<br />
peut généralement être positif pendant toute la durée de la maladie et même après<br />
rémission de l’anémie.<br />
Des techniques plus sophistiquées ont parfois permis la mise en évidence d’anticorps<br />
sériques dirigés contre les érythroblastes et susceptibles d’inhiber in vitro la formation<br />
des BFU-E et CFU-E (précurseurs médullaires de la lignée érythroïde).<br />
Enfi n, une bonne réponse aux traitements immunosuppresseurs est également un<br />
argument utilisé pour attester d’un mécanisme immunologique, notamment lors<br />
d’érythroblastopénie isolée.<br />
DIAGNOSTIC D’EXCLUSION<br />
Comme pour les anémies immunologiques périphériques, une origine secondaire doit<br />
être évoquée et une démarche diagnostique adaptée à la recherche d’une cause associée<br />
: clichés radiographiques thoraciques, échographie abdominale et élimination<br />
systématique d’une éventuelle maladie infectieuse (ehrlichiose, leishmaniose) ou auto-immune<br />
(anticorps antinucléaires) concomitante.<br />
PRONOSTIC ET TRAITEMENT<br />
Le caractère non régénératif d’une anémie immunologique est associé à un mauvais<br />
pronostic par comparaison aux anémies immunologiques qui apparaissent d’emblée<br />
régénératives. Cela est pour partie lié au délai nécessaire à l’obtention d’une réponse<br />
au traitement qui apparaît bien plus longue que dans les formes régénératives et<br />
dès lors au découragement qui peut s’en suivre tant chez les propriétaires, que le<br />
vétérinaire traitant. Cet aspect psychologique, associé à un surcoût fi nancier non négligeable<br />
lié à la durée des traitements mais aussi aux mesures palliatives nécessaires<br />
(transfusions !) dans l’intervalle peuvent expliquer certaines décisions d’euthanasie.<br />
En fonction de la gravité de l’anémie, le recours à la transfusion sanguine est parfois<br />
nécessaire et doit être répété dans l’attente d’une réponse régénérative…<br />
En l’absence de connaissances suffi santes sur les causes et la pathogénie de ce type<br />
d’anémie, les traitements immunosuppresseurs sont privilégiés. De nombreux protocoles<br />
thérapeutiques ont été décrits, associant diversement glucocorticoïdes, cyclophosphamide,<br />
azathioprine et danatrol, mais les données sont souvent insuffi santes<br />
pour pouvoir évaluer leur effi cacité. Dans tous les cas la réponse au traitement est<br />
tardive (plusieurs semaines à plusieurs mois) et les rechutes sont fréquentes. L’arrêt<br />
du traitement doit toujours être très progressif (sur plusieurs semaines).<br />
>< Confl its d’intérêts<br />
Néant.