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La peau de chagrin

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taient charitablement mon esprit aux dépens<strong>de</strong> ma sensibilité. « Est-il heureux <strong>de</strong> ne pas aimer! s’écriaient - ils. S’il aimait, aurait-il autant<strong>de</strong> gaieté, <strong>de</strong> verve ? » J’étais cependant bienamoureusement stupi<strong>de</strong> en présence <strong>de</strong> Fœdora! Seul avec elle, je ne savais rien lui dire, ou sije parlais, je médisais <strong>de</strong> l’amour, j’étais tristementgai comme un courtisan qui veut cacherun cruel dépit. Enfin, j’essayai <strong>de</strong> me rendre indispensableà sa vie, à son bonheur, à sa vanité: tous les jours près d’elle, j’étais un esclave,un jouet sans cesse à ses ordres. Après avoirainsi dissipé ma journée, je revenais chez moipour y travailler pendant les nuits, ne dormantguère que <strong>de</strong>ux ou trois heures <strong>de</strong> la matinée.Mais n’ayant pas, comme Rastignac, l’habitu<strong>de</strong>du système anglais, je me vis bientôt sans unsou. Dès lors, mon cher ami, fat sans bonnesfortunes, élégant sans argent, amoureux anonyme,je retombai dans cette vie précaire, dansce froid et profond malheur soigneusement ca-

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