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La peau de chagrin

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Il fallait oublier Fœdora, me guérir <strong>de</strong> ma folie,reprendre ma studieuse solitu<strong>de</strong> ou mourir.Je m’imposai donc <strong>de</strong>s travaux exorbitants, jevoulus achever mes ouvrages. Pendant quinzejours, je ne sortis pas <strong>de</strong> ma mansar<strong>de</strong>, etconsumai toutes mes nuits en <strong>de</strong> pâles étu<strong>de</strong>s.Malgré mon courage et les inspirations <strong>de</strong> mondésespoir, je travaillais difficilement, par sacca<strong>de</strong>s.<strong>La</strong> muse avait fui. Je ne pouvais chasserle fantôme brillant et moqueur <strong>de</strong> Fœdora.Chacune <strong>de</strong> mes pensées couvait une autrepensée maladive, je ne sais quel désir, terriblecomme un remords. J’imitai les anachorètes <strong>de</strong>la Thébaï<strong>de</strong>. Sans prier comme eux, comme euxje vivais dans un désert, creusant mon âme aulieu <strong>de</strong> creuser <strong>de</strong>s rochers. Je me serais au besoinserré les reins avec une ceinture armée <strong>de</strong>pointes, pour dompter la douleur morale parla douleur physique. Un soir, Pauline pénétradans ma chambre. ― Vous vous tuez, me ditelled’une voix suppliante ; vous <strong>de</strong>vriez sor-

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