Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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H NUMÉRO17
15 parmi les forces de l’ordre. Le nouveau
commandant en chef de l’armée française,
le général Ailleret, instaure aussitôt le blocus
de Bab el-Oued, tandis que De Gaulle
ordonne que les auteurs de « tout coup de
force ou attentat » soient « aussitôt passés
parlesarmes».Lesprincipauxresponsables
de l’OAS seront débusqués et arrêtés dans
les jours qui suivent : Jouhaud le 25 mars,
Degueldre le 7 avril, Salan le 20 avril.
26 MARS 1962 A Alger, rue d’Isly, une
manifestation d’Européens destinée à briserleblocusdeBabel-Ouedestarrêtéepar
un cordon de tirailleurs qui ouvrent le feu :
on relève au moins 58 morts et quelque
200 blessés.
8 AVRIL 1962 Appelés par référendum à
donner leur avis sur les accords d’Evian, les
Français de la métropole se prononcent
pour le «oui » à 90,8 % des suffrages exprimés.L’OASselancedansunevagued’attentats
destinés à interdire aux musulmans
les quartiers européens et tente, en vain,
d’organiser des maquis. Deson côté, le FLN
développe une stratégie d’enlèvements
de civils français afin de ne pas enfreindre
ouvertement le cessez-le-feu.
15 AVRIL 1962 Le ministère des Armées
ordonne le désarmement de tous les
anciens supplétifs. Des réseaux militaires
clandestins commencent à organiser leur
rapatriement avec leurs familles.
2 MAI 1962 A 6 h 30, sur le port d’Alger, un
attentat à la voiture piégée organisé par
l’OAS tue 62 dockers musulmans.
18 MAI 1962 Christian Fouchet, hautcommissaire
en Algérie, demande à tous
les cadres de l’armée et de l’administration
«de s’abstenir de toute initiative isolée destinée
à provoquer l’installation des Français
musulmans en métropole ».
L’exode
22 MAI 1962 L’OAS autorise le départ des
Européens. Conscients que la partie pour
imposer l’Algérie française est perdue, ses
membres entament une politique de
«terre brûlée » afin de priver les Algériens
des infrastructures françaises : de nombreux
centres administratifs, écoles, tribunaux
et autres bâtiments publics seront
incendiés dans les semaines qui suivent,
notamment la bibliothèque universitaire
d’Alger le 7 juin, ainsi que les dépôts pétroliers
d’Oran le 25 juin.
30 MAI 1962 Au Conseil des ministres,
Robert Boulin, secrétaire d’Etat aux Rapatriés,
déclare à propos du nombre grandissantdedépartsdeFrançais
d’Algérieversla
métropole : «Ce sont des vacanciers. Il n’y a
pas d’exode, contrairement à ce que dit la
presse.»Apartir du 1 er juin, à Alger, prèsde
12 000 pieds-noirs quittent chaque jour le
sol algérien pour rallier les ports de Nice,
Port-Vendres et surtout Marseille, où les
dockers de la CGT les accueillent en brandissant
des banderoles hostiles : « Piedsnoirs,
rentrez chez vous ! » ; « Pieds-noirs, à
la mer ! » Au total, ils seront près d’un million
à choisir la voie de l’exil.
17 JUIN 1962 Un accord « FLN/OAS » est
conclu : en échange del’arrêt des attentats,
l’OAS obtient des garanties pour les piedsnoirs
souhaitant rester en Algérie après
l’indépendance. Dans la foulée, les frontistesextrémistesdésavouentl’accord.Apartir
de cette date, seuls quelques membres
déterminés de l’OAS poursuivront le combat
contre le «pouvoir gaulliste ».
1 ER JUILLET 1962 A une écrasante majorité
(99,72 % des suffrages exprimés), le
peuple algérien se prononce par référendum
en faveur de l’indépendance.
3 JUILLET 1962 Reconnaissance officielle
de l’Etat algérien par la France. Les massacres
de harkis par le FLN commencent : ils
culmineront en août, sans que les autorités
militaires françaises ne réagissent, faisant
des dizaines de milliers de victimes.
5 JUILLET 1962 Le jour même de la proclamation
de l’indépendance de l’Algérie, à
Oran, près de 700 Européens sont tués ou
enlevés sans laisser de trace sous les yeux
des forces françaises, qui ont ordre de rester
dans leurs casernes.
18 JUILLET 1962 Au Conseil des ministres,
Louis Joxe accuse les rapatriés d’être « une
mauvaise graine » : « Les pieds-noirs vont
inoculer le fascisme en France. »
22 AOÛT 1962 Au Petit-Clamart, la
Citroën DS du général De Gaulle est
mitraillée à bout portant par un commando
d’anciens partisans de l’Algérie
française. Le président et sa femme s’en
sortent sans aucune égratignure : « Cette
fois, c’était tangent ! » dira De Gaulle.
19 SEPTEMBRE 1962 Face à l’ampleur du
massacre des harkis, le Premier ministre,
Georges Pompidou, demande de reprendre
«le transfert en France des anciens supplétifs
qui sont actuellement en Algérie et qui sont
venus chercher refuge auprès des forces françaises
sous la menace de représailles de leurs
compatriotes ». Au total, ils seront une trentaine
de milliers à être évacué officiellement
par l’armée, tandis qu’on estime entre
30 000et50 000lenombredeharkisquiont
été acheminés en France par des voies clandestines.
Sur place, ils sont vilipendés par la
gauche anticolonialiste qui les accuse d’être
des «collaborateurs » et des «traîtres ».
26 SEPTEMBRE 1962 Aprèsunétémarqué
par des affrontements violents entre les
différents clans algériens, Ahmed Ben Bella
forme un gouvernement à Alger. La nouvelle
Armée nationale populaire est placée
entre les mains du colonel Boumediene,
qui prendra le pouvoir en 1965 et régnera
en autocrate jusqu’en 1978.2
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DÉCEMBRE 2014-JANVIER 2015 - ALGÉRIE, LA GUE RE SANS NOM
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DÉCEMBRE 2014-JANVIER 2015 – BIMESTRIEL – NUMÉRO 17
ALGÉRIE, LGÉRIE,
LA GUERRE
SANS NOM
L’étrange défaite
Quand De Gaulle
avançait masqué
Les sacrifiés de la paix
CARRÈRE :
LES CLÉS
DU ROYAUME
LOUIS XV
LE MAL-AIMÉ
VOYAGER AU
MOYEN ÂGE
L’ALGÉRIE DANS
LE FIGARO HISTOIRE
Le Figaro Histoire a consacré
deux dossiers à l’Algérie française.
«Algérie, la guerre sans nom »
passe à la loupe l’affrontement paradoxal
qui mena la France à une victoire
sur le terrain mais à une défaite politique.
«Ce qu’était l’Algérie française » dresse
un bilan complet d’une aventure coloniale
et humaine de près d’un siècle et demi,
qui a profondément marqué la France.
Deux numéros indispensables.
● Le Figaro Histoire n° 17, décembre 2014-
janvier 2015, 132 pages, 6,90 €. ● Le Figaro Histoire
n° 53, décembre 2020-janvier 2021, 132 pages,
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