Le Figaro: le crépuscule sanglant de l'Algérie Française
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cet empereur à cheval.
Comment gouverner
ce conglomérat ?
Après son élection impériale, Charles
devait organiser et consolider ces vastes
territoires qui s’étendaient des Indes
occidentales à l’Europe et où vivaient
des peuples de cultures et de langues
différentes. Comment administrer ces
royaumes, vice-royaumes, principautés
ecclésiastiques, archiduchés, duchés, villes
libres où les lois et les formes de gouvernement
différaient ? La nécessité de
les unifier politiquement, administrativement
et, dans une certaine mesure,
socialement, impliqua un nouveau
mode de gestion. Charles Quint chargea
le chancelier Mercurino Arborio de Gattinara,
un juriste italien, de donner une
structureplusrationnelleàcetensemble
hétéroclite afin de garantir aux Habsbourg
une influence prépondérante
dans l’ensemble de l’Europe. Face à une
tâche d’une telle ampleur, de nouvelles
méthodes, fonctions et structures
furent mises alors en place qui se distinguèrent
de celles des autres royaumes
européens. Ainsi naquit, avec une fonction
consultative, le Conseil d’Etat, véritablecentrenévralgiquedupouvoirqui
s’occupait essentiellement de politique
étrangère.Silechancelieren déterminait
lesquestionsdébattueset l’ordredesdiscussions,
l’empereur le présidait. L’administration
intérieure des royaumes espagnols
fut confiée au Conseil d’Aragon et
au Conseil de Castille, l’administration
financière échut au Conseil des finances.
D’autres organismes furent créés par la
suite, comme le Conseil des Indes. Avec
toujours un but : rationaliser l’administration.
Un autre élément de modernité
futuneorganisationdeladiplomatieliée
à la structure de l’empire et à sa politique
internationale. Les finances impériales
garantirent une présence constante des
ambassadeurs impériaux dans les villes
européennes les plus importantes. Pour
assurer une relation efficace avec les
agents diplomatiques, fut mis sur pied
un système postal grâce à un contrat
passé avec la famille Tassis (futur Taxis)
pour gérer le service postal à l’intérieur
DYNASTIE IMPÉRIALE
Page de gauche : L’Empereur
Maximilien I er et Marie de Bourgogne
avec leur fils, Philippe le Beau
(en haut, au milieu), et leurs petits-fils,
Ferdinand I er et Charles Quint, et
Louis II de Hongrie, époux de leur petitefille
Marie (en bas, de gauche à droite),
par Bernhard Strigel, après 1515
(Vienne, Kunsthistorisches Museum).
Ci-contre : Buste de Charles Quint,
par Leone et Pompeo Leoni, 1553-
1555 (Madrid, Museo del Prado).
des territoires administrés par les Habsbourg
et une connexion avec les territoires
italiens. Des milliers de lettres circulaient
dans toute l’Europe, mais malgré
la quantité d’hommes, de chevaux et de
bateaux mis à disposition de ce service,
le temps que la correspondance mettait
à parcourir une même distance variait
considérablement.
Le nouveau monde
semble absent de votre
ouvrage en dehors
de quelques silhouettes,
telle celle de Cortès ?
Nous nous sommes limités à analyser
la stratégie politique de Charles Quint
en Europe, stratégie due en grande partie
à Gattinara. En s’appuyant sur le
mythe de la monarchie universelle et le
triomphe final du christianisme, elle
avait comme objectifs la destruction
de la monarchie française et la suprématie
des Habsbourg en Europe. L’or
en provenance des Indes occidentales
était avant tout un recours providentiel
pour mener à bien ce projet politique
en couvrant les dettes contractées
pour obtenir la suprématie militaire
en Europe. Ainsi, la Castille garantit sa
fidélité à la Couronne et consentit à lui
fournir les soldats et l’argent indispensables
au maintien du système impérial.
Cela conduira ce royaume au bord de la
faillite alors qu’une bonne partie de sa
population était écrasée par la misère,
malgré l’abondance de richesses en
provenance des Indes occidentales.
Charles Quint a-t-il eu
conscience que sa politique
se solderait par un double
échec, contre les Turcs
et contre les protestants ?
En Allemagne, Charles Quint avait
obtenu la consécration de son pouvoir.
Paradoxalement, ce furent les difficultés
auxquelles il se heurta dans ce pays
qui provoquèrent l’échec de son programme
politique. Les exigences des
princes allemands, les problèmes religieux
qui ruinaient l’unité du monde
chrétien et le conflit avec son frère pour
la succession impériale l’amenèrent à
différer constamment la réalisation
d’un projet qui devait être l’œuvre de sa
vie. Il concentra tous ses efforts pour
fairedesonfils Philippelesuccesseurde
son frère Ferdinand à la tête du Saint
Empire en négligeant la résistance de
son frère et de son neveu Maximilien.
Le projet dynastique échoua : les
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